Repris le Livre du chevalier Zifar interrompu il y a des mois. Par erreur, le reprends loin après le marque-page, 206-207, tombe sur ce très beau passage, qui m’en rappelle un autre, Le chevalier au lion.

L’histoire raconte qu’un chevalier du royaume de Pamphylie entendit parler des prodiges qui se produisaient au Lac Sulfureux et il alla les observer. C’était un chevalier d’un courage exceptionnel, qui n’hésitait pas à aller visiter toutes les bizarreries du monde et à tenter les aventures qui s’offraient à lui, ce pourquoi on l’appelait le Chevalier Audacieux. Il fit installer sa tente près du lac, et restait là nuit et jour, regardant les merveilles qui s’y produisaient. Ses gens étaient cependant incapables de rester avec lui lorsque ces visions apparaissaient, et ils s’en allaient très loin de là. Une dame fort belle apparut un jour sur le lac et appela le chevalier. Celui-ci se dirigea vers elle, mais c’est de loin qu’il lui demanda ce qu’elle voulait, car il n’osait s’avancer jusqu’au lac. Elle lui répondit qu’il était l’homme qu’elle aimait et chérissait le plus au monde, parce qu’il était extrêmement courageux, et qu’elle ne connaissait aucun autre chevalier qui montrât autant de cœur que lui. en entendant ces paroles, le chevalier pensa qu’il ferait preuve de couardise s’il ne faisait pas tout ce qu’elle voulait, aussi lui dit-il : " Madame, si ces eux n’étaient aussi profondes, je vous rejoindrais. - Elles ne le sont guère, répondit-elle, car je marche sur le fond, et l’eau ne m’arrive qu’à la cheville. " Elle sortit le pied de l’eau et le lui montra. Il sembla au chevalier n’avoir jamais admiré de sa vie un pied aussi blanc, aussi beau ni aussi bien tourné que celui qui s’offrait à ses yeux, jugeant que le reste, qu’il ne voyait pas, devait être à l’avenant. Il s’approcha du bord du lac, et elle alla le prendre par la main, l’entraînant dans le lac. Elle le conduisit dans l’eau jusqu’à atteindre le fond, l’emmenant sur une terre des plus étrange, qui lui semblait fort belle et luxuriante. Il vit là quantité de personnes, aussi bien des chevaliers que beaucoup d’autres hommes, qui se promenaient à travers ce paysage insolite, ce qui, à dire vrai, ne laissait pas de le surprendre.

Livre du chevalier Zifar, Monsieur Toussaint Louverture, traduction Jean-Marie Barbera, P.206-207

Zifar reprend, entre autres, le mythe de St-Eustache, que l’on retrouve aussi dans Enig marcheur, chez le même éditeur, coïncidence. Enig marcheur, justement, le termine aujourd’hui, pour la seconde fois, deux lectures bout à bout, un livre, comment je pourrais dire, un livre nécessaire pour nourrir toutes nos vies parallèles, parallèles mais si proches, proches oui mais inaccessibles.

Un fragment mode d’emploi pour mondeling (ce serait son nouveau titre ?). Suis parti d’un document leaké via Wikileaks sur les méthodes d’interrogatoire dans l’armée, la torture et puis ce qu’ils appellent les sérums de vérité. « Fair ? Depends on your perspective. Effective ? Extremely. » Nauséabond.

Repense à ce que le médecin m’a dit hier : me détendre. Comment on fait ? Suis tendu justement sur cet objectif-là : me détendre mais je sais pas quoi faire. Dans le doute j’attends, immobile, à l’air libre, pour que ça me tombe dessus.

Me remets à mondeling. Après avoir relu et corrigé le fragment fric que je renomme cash, j’essaye un truc, ça s’appelle la dernière heure du jour, c’était pas prévu. Enfin, pas prévu aujourd’hui mais prévu mentalement. Me rappelle vaguement un truc que j’avais crit quand j’avais pas vingt ans et ça s’appelait je sais plus.

Warm bodies aux Halles, dans un placard de salle, contre l’écran quasi, film de zombies avec Nicholas Hoult.

Mueller (169 mots) :