Maryline Peau est devenue lointaine, inaccessible, j’ai peur soudain que nous soyons entraînées dans un flot de poèmes comme ceux qu’écrivait le fiancé, de poème en poème et jamais au but, jamais au bout du tunnel. Je pense que nous allons toutes les trois nous métamorphoser comme l’a fait Kemal, doucement changer de formes, devenir molles et souples, liquoreuses, nous glisserons sur les sols poreux et passerons à travers les parois.

Marie Cosnay, Des métamorphoses, Cheyne, P.51

Plus tard, mais dans un autre rêve, la fasciite nécrosante nous déforme, hommes et femmes, animaux, et nous métamorphose en grands vases rouges d’organes et de sang, avant disparition totale, rien à voir avec le pare-brise de la Mégane tapant un corps de femme sur l’autoroute (des corps marchent sur les voies) puis mon père dit tant pis.

Dans le métro, matin, le dos en sueur collé contre la porte au fond, quelqu’un, une femme, elle lit la phrase arlequinée suivante : Brooker, frêle et torse nu comme d’habitude, ensuite je perds le fil.

Repris le rythme un texte par jour, crit en vers justifiés, dans les pas de Mueller. Besoin pour avancer de porter avec moi une fiction quotidienne même si (ou plutôt surtout si) ces pages ne seront pas mises en ligne.