J’ai un corps différent dans la glace, tout près du poing de mon frère, dans la porte de la salle de bain rose. Ce corps est plus grand que mon corps. Il a les cheveux longs et noirs et des épaules. Une bouche plus large et des yeux grands ouverts. Je dois fermer les miens pour faire réapparaître le corps que je connais et lorsque je le vois, effectivement, réinventé sur le miroir, c’est à la fois un soulagement certain et une espèce de honte, un regret, celui de n’avoir pas profité plus longtemps de cette identité soudaine.
Suis à la masse. J’oublie mon portefeuille, mes clés. J’ai posé mon lendemain pour souffler, faudrait le faire tous les jours lorsqu’on est tous les jours à la veille. Une mauvaise gestion du crâne hier m’a conduit à bouffer deux Relpax au lieu d’un, à 5h30 et à 8h du mat. On me refile un Libé dans les mains : je sais pas quoi en faire. Non seulement c’est de la merde, mais en plus ça te pollue les doigts. Sans le vouloir je craque une page. Le grand format sur le "Chaos en Centrafrique" commence comme ça : À la grande loterie du destin, la petite Naomi-Exaucée n’a peut-être pas tiré le meilleur numéro...
Aux rêves : j’ai finalement trouvé comment les consigner dans le journal. Les écrire tels qu’eux-mêmes au cours de l’entrée du lendemain, comme on relate un fait sans importance, sans préciser sa nature autrement qu’en taguant le mot rêve, ici, en haut de la page. Plus je les prends en note plus je muscle les moelles persistantes pour me souvenir des autres. Et ce qui est saisissant, c’est ce dispositif scénique qui se met mentalement en place, au cours du rêve lui-même, ou au cours des suivants, qui vise à mémoriser le rêve déjà identifié à l’intérieur de lui-même pour une étude ou une retranscription future. Souvent, c’est une séance de répétition, de diction douce : le personnage censé me reconnaître ou me représenter se remémore le rêve, ou bien il le transmet à l’oreille de quelqu’un, comme une espèce de téléphone arabe, qui me revient aux yeux une fois le matin sec venu.
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♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |