Tu remercies silencieusement les morts qui te rendent régulièrement visite dans tes rêves, toujours avec beaucoup de bienveillance.

Enfin seul dans ton oloé. Tu t’es assis exprès près de la porte, là où il fait dix degrés, histoire d’avoir la paix, d’être tranquille, et voilà que deux hommes encravatés se posent tout près de toi pour discuter de nouilles et de saucisses (ce sont des métaphores graveleuses), de string (ce mot est au sens propre) et de la conversion des francs quotidiens vers l’euro.

Lecture d’El último lector. La vie et la littérature se confondent dans le même paragraphe (seul le temps est variable).

Lucio s’arrête devant l’avocatier et montre ses racines. Babette est ici, dit-il, il a plu et Icamole reverdira vite, mais cet arbre n’a jamais perdu sa couleur ni sa sève. Babette est une prose qui est poésie, elle est l’idée d’un bal que l’on n’a pas donné, d’un amant qui n’est jamais venu, d’un parapluie dans la mémoire de l’oncle André, elle est la mère qui se demande où elle est, elle est le mot Babette immuable quand bien même on le traduirait en vingt langues, on l’imprimerait en caractères romains, italiques ou helvétiques, mais Babette, c’est aussi trois quarts d’eau, de la matière organique, c’est un intestin avec ses fèces à mi-chemin devenues engrais, Babette, c’est des nitrites et des nitrates, de la salive et de la sueur, des larmes et de l’urine, c’est du phosphore et du calcium, du fer et du potassium, c’est des cheveux et des glaires, c’est son dernier dîner dans l’estomac. Babette c’est tous ces avocats qui pointent entre les feuilles et les branches, des avocats lisses qui un jour donneront leurs noyaux pour qu’on les plante dans ce verger qui abritera toute la descendance de Babette.

David Toscana, El último lector, Zulma

Un jour, tu en auras assez de ce tutoiement qui s’est développé de lui-même dans les pages du journal ("le tu qui ne t’est pas destiné" comme le dit @capilotraction tout à l’heure, c’est-à-dire il y a presque sept jours) et tu t’en sépareras sans état d’âme et surtout sans prévenir.


vendredi 22 novembre 2013 - vendredi 19 avril 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)