Coup de tête termine. Je relis la dernière partie gribouillée ces dernières semaines. Hier twitte : travaille mieux dans l’épuisement du corps : tranche mieux, charcute mieux la chair de la phrase, se pose aucune question quant au peut-être parce que c’est vrai. La fatigue faisant j’économise les gestes. Je coupe plus facilement dans l’inutile, le pourquoi pas, le déjà dit. J’allège mieux la périphérie du texte, du coup le texte y gagne.

Les derniers mots dimanche dernier n’ont pas été faciles à poser. Parce qu’ils sont à côté, je crois, mais aussi parce que la notion même de fin me dérange. Le problème n’a pas changé. La quatrième partie est une tentative interminable de diffracter les fins possibles, comme ces exemples proposés il y a quelques mois. La quatrième partie est donc un pot pourri des fins possibles. Pourtant doit toujours en rester une, dernière, terminale, qui enfoncera toutes les autres. Celle-là qui accroche, peine à sortir.

En tant que lecteur, déjà, je suis un mauvais finisseur car je ne lis pas les fins. Je les espionne avant début, premier geste avant l’ouverture du livre, oui, mais une fois venue la continuité du récit je démissionne. Les cinq, dix dernières pages sont sacrifiées. Je les lis pour les lire, je n’y suis pourtant pas. Les mots chuchotés dans ma tête ne sont pas ceux du livre mais bien les miens, toujours les mêmes, ceux qui répètent : voilà la fin, sois attentif, voilà la fin, sois attentif, etc. Mais la fin elle-même m’échappe et je referme le livre en ayant tout raté.

Alors la fin de Coup de tête est un semi-échec, bien sûr, puisqu’elle existe. Idéalement on se perdrait dans les multiples peurs primaires qui poussent le texte à (au choix) s’évaporer ou recommencer éternellement. Pour ça d’ailleurs que les récits issus du numérique m’intéressent plus : ces fins multiples, ces textes aléatoires on peut très bien les programmer (exemples évidents avec Qu’est-ce qu’un logement et Livre des peurs primaires qui proposent eux-mêmes des systèmes potentiellement interminables). Mais Coup de tête est un récit linéaire on ne peut plus traditionnel : nécessite donc une fermeture. Parfois je me surprends à penser durant mes relectures des si c’était moi je couperais bien avant mais sans savoir au juste exactement jusqu’à quel avant je pourrais bien remonter.


dimanche 11 avril 2010 - jeudi 28 décembre 2023




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Article publié Article 200324 GV il y a 3 heures
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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)