Il y a un déluge. Il se déroule sans nous. Je veux dire, on est passé entre les gouttes. Ce ne sera pas le cas des deux chiens du deuxième (un chien géant, qui m’arrive à la taille, et un petit chien blanc, qui est semble-t-il écossais) à qui j’ai tenu la porte en rentrant et qui ont trouvé tout à fait normal cette situation (que je leur tienne, moi humain, cette porte), sans même un regard doux vers moi alors que moi je n’attendrai que ça, au fond, un regard doux vers moi. Tant pis. Il ne m’appartient pas de commenter le snobisme des chiens d’appartement, à Paris, au cours de l’une de leurs salutaires promenades dans le vaste monde. Mais à un moment donné avant ce déluge, il y aura aussi ce mec qui, entrant à la Poste, posera sa cigarette sur le rebord de la façade au-dehors pour pouvoir la récupérer intacte (ou, du moins, légèrement consumée), en sortant et, là encore, je n’ai rien à redire de ça. Bien avant, je cherchais la sortie quelque part sans la trouver (ça arrive plus fréquemment qu’on ne le pense) et, encore avant, je me redisais une chose que j’ai déjà dû plusieurs fois au cours de ma vie me dire : le Canto Ostinato au piano préparé est un summum d’étrangeté musicale, on dirait presque de l’électro. Quant aux jeux vidéos textuels (ou fictions interactives) qui ont marqué l’histoire, j’aimerais bien m’y frotter (mais c’est une autre histoire). Ce n’est que lorsque, soir venu, H. m’a demandé quelque chose de très simple, mais qui m’a pourtant frappé par sa formulation, non pas comment ça va mais comment tu vas, et la réponse qui en a suivi, que j’ai compris ce qui ne tournait pas rond depuis des semaines. À la place de ce que j’aurais pensé dire spontanément, j’ai dit quelque chose de plus vrai encore et qui dépassait ma pensée : j’ai une idée géniale par jour et je n’en écris aucune. Voilà. Comment faire pour se remettre de ça ?