C’est une femme l’air un peu sèche mais pas non plus totalement dénuée 1 de fantaisie. Je ne dis pas que je la connais mais enfin, si d’aventure je venais à la croiser dans la rue, je saurais la reconnaître. Pendant plusieurs années, c’est dans son bureau qu’on allait chercher chaque semaine nos paniers de légumes (amap). Là, disons que j’usurpais l’identité de quelqu’un afin de la rencontrer pour lui demander de nous aider à financer un projet. C’est une application pour casque de réalité virtuelle, on pourrait équiper tous les écosystèmes VR du marché avec ça. Ce n’est pas à proprement parler un jeu. C’est une façon de représenter l’anatomie humaine sous la forme de grande feuilles bristol dans une chemise d’architecte. On fait défiler chaque micro particules du corps humain de manière à effeuiller l’être, et puis les comparer entre eux. Ça l’intéresse. Elle estime à 30M€ la somme nécessaire à la production d’un tel truc. C’est plus que ce que j’en espérais et, moi, au terme de ça, je viderai discrétos le fond de mon café pas bon quelque part quand elle aura le dos tourné. De but en blanc, je te dirais bien que le chapitre seize du Petit bleu de la côte ouest de Manchette propose une de ces dilatations temporelles dont j’apprécie particulièrement l’apparition dans un récit aussi sec, où l’ensemble de l’intrigue jusque-là (soit quand même près des trois quarts du livre) se concentre en quelques jours à peine. Et là, sur ce chapitre, on est dans le temps long : huit à dix mois. Un peu plus tard : Toutefois il s’écoula quelque temps avant qu’Alphonsine et Gerfaut se sautassent dessus pour se posséder. Une autre phrase, cette fois dans Meurtre 2 de Danielle Collobert : Nous le tuerons de mille manières. Et, moi, j’en suis arrivé à un point (J+6) où la douleur est tellement imperceptible qu’on ne la sent même plus. C’est la douleur après la douleur. Pourtant, ce n’est pas rien pour autant. Il y a quelque chose. Quoi ? Et est-ce que le plus grand luxe pour un samedi ce n’est pas de se lever à 7h, pour ensuite se recoucher une heure et demie plus tard et se taper tout un tas de petits-déjeuners différents ? On devrait passer sa vie à faire ça. N’est-ce pas précisément ce que font les koalas ? Dans le doute, toujours faire comme les koalas. Quid du curcuma, est-ce soluble dans le café ? Mais ne faut-il pas du poivre pour fixer le curcuma ? Du café au curcuma au poivre ? Cette recette dit qu’on peut. Un cappuccino au curcuma. Fichtre. J’essaye de pas faire de mon corps un genre de réceptacle à tout un tas de remèdes de grand-mère contre rien. Mes jours sont un lacis de rituels. Laci vient de Manchette. Et voici un alexandrin : Faire de ses jours un lacis de rituels, c’est chaud. C’est un bien pauvre alexandrin (car il implique de contracter rituels), mais, enfin, on peut dire que je l’aime bien. On pourrait l’enrichir en modifiant la fin en c’est ouf (ainsi le F l’ouvrirait et irait par jeu de symétrie le clore). Mais je ne crois pas que je dirais spontanément c’est ouf dans la vie réelle. Tout le contraire de c’est pas ouf, curieusement. À cause de quelqu’un je me méfie des comme. Je me souviens que C. disait, sous le coup d’une déception X ou Y, ah, misère à poil... C. parlait aussi des cocos du jour, mais je n’ai jamais compris dans quel sens. Valait-il mieux être ou ne pas être un coco du jour ? Par exemple, lui, c’est (ou c’est pas) un coco du jour... Jamais osé lui demander. Que devient-elle ? À en croire un rapport du GIEC, consommer du soja, du riz, de l’avocat, c’est une catastrophe écologique. Je venais de (re ?)découvrir que les avocats, c’était bon contre la migraine. Mais après tout, une catastrophe écologique, qu’est-ce qui ne l’est pas ? À ce rythme, on va bientôt se rendre compte que les rapports du GIEC sont une catastrophe écologique. En soi, avoir écrit et stocké et sauvegardé cette phrase, puis l’avoir copié X fois via divers jeux de sauvegardes automatiques chaque jour et en avoir récupéré la copie d’une copie via synchronisation automatisée (Automator X Transmit), c’est une catastrophe écologique. Penser, c’est une catastrophe écologique ? Constater que quand on ferme les yeux, des milliards des millards de petites pointes blanches ou colorées subsistent, est-ce que c’est une catastrophe écologique ? L’expression catastrophe écologique est une catastrophe écologique. Catachrèse. Catwoman. Qu’attendons-nous pour ne rien faire ? Avant de ne rien faire, sauver des mots dans Eff. Un chapitre 71 qu’il a fallu couper en deux (trop long). 2324 mots sur 10833. Il y a une phrase que j’aurais aimé garder mais que je ne peux garder. Je la note pour Grieg. C’est dans la bouche d’un personnage : N’ayez pas honte de vos pieds difformes. Et quand je vois à quel point je fourmille en approchant toujours plus près de la vérité d’une mystérieuse barre grise qui me pourrit la vie dans le design du back office de Spip et que j’essaye depuis des jours de faire disparaître (une barre qui n’est ni #ccc
ni #ddd
ni #eee
de couleur mais un étrange #fbfbfb
introuvable dans toutes les feuilles de style) sans jamais la toucher, je comprends que les explorateurs de jadis aient voulu coûte que coûte percer les mystères des sarcophages pharaons no matter what, et tant pis pour les risques de malédictions sur leurs proches et eux-mêmes. En fait, je crois que cette barre n’est pas une barre mais une bordure de quelques pixels de haut (1em peut-être ?), peut-être défini par l’un des trucs qui régissent #page
mais où ? Là, je nageais dans style_prive.css. Mais la réalité est toujours un ton en dessous de nos attentes : au moment où je trouve la parade (mais non la vérité) en modifiant #page
en #page { background: #2F4F4F; border-top: 1px; border-style: dashed; padding-top: 1em; }
(imposer une bordure supérieure hachée d’un pixel de haut, ce qui revient en fait à masquer la moitié de cette barre sous la forme de pointillés), je comprends tout simplement que ma bordure n’est qu’un dérivé de #bando_haut
qu’il fallait tout simplement forcer dans style_prive_default.css, interrogé en dernier (et non dans bando.css).
↑ 1 Friendly coquille : dénouée.
↑ 2 Un peu plus loin, page 37, quelqu’un a encadré cette phrase : Je fuis. chaque jour je prends la forme d’un départ.
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♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |