La Poste est fermée par décision préfectorale, étant sur le tracé de la manifestation d’aujourd’hui. Si j’écris ici que j’ignorais la tenue d’une manifestation aujourd’hui, on ne me croirait pas. Des cars de CRS arrivent, ainsi que des voltigeurs sur des motos. Je crois que ça s’appelle comme ça. Ils prennent le rond-point à contre-sens et les gens les regardent faire. Est-ce la métaphore de quelque chose ? Sur Twitter, quelqu’un fait remarquer que les grévistes pénalisent surtout les gens modestes qui ne peuvent pas aller travailler. Dans sa biographie, on peut lire : mon cœur est à gauche, mais mon esprit est à droite. Tout est toujours très simple quand on réduit les choses à une formule. C’est pareil avec ces voltigeurs, qui roulent en escadron suivis de près par des pompiers. Les premiers ont-ils gazé, nassé et tabassé les seconds lors d’une précédente manifestation ? Pendant de longues minutes, tout l’après-midi durant, il y aura la rumeur des sirènes alors on en vient à se dire, qui nos hérauts vont-ils éborgner cette fois ? Qui va perdre une main ? Qui va disparaître dans un fleuve au loin ? On m’invite à passer quelque part mais je n’ai pas le temps de passer où que ce soit. Il fait chaud et il fait froid en même temps. Les magasins sont approvisionnés et ils ne sont pas approvisionnés : par exemple ici au rayon des salades (non pas celles que le gouvernement refourgue à sa population sur tous les sujets possibles et imaginables mais là où on trouve par exemple des laitues). Convalescente suite à son opération, Poulpir ne mange plus que de la salade et des fanes de carottes. Je lui achète donc ça. Pendant qu’elle était à la clinique, Tartelette, son ennemie mortelle, semblait perdue. Où était Poulpir ? Et pourquoi pouvait-elle aller là où, d’ordinaire, elle n’avait pas le droit d’aller (le salon) ? Passée l’euphorie de se mouvoir dans des endroits interdits, elle en est très vite venue à déprimer sec. L’ennui d’être seule. On a besoin de nos ennemis mortels très près de nous, là où on peut les voir. Au moins on sait ce qu’il nous reste à faire, alors, et quel rôle nous est dévolu. Car le monde nécessite toujours d’être sauvé. Regardons Fly, par exemple. Certes, Fly a encore sauvé le monde, comme à chaque fois que je le lis depuis une vingtaine d’années. Mais à quel prix ? La fin n’a pas changé. C’est toujours la même. On pourrait croire, à refaire le parcours depuis le début, que leurs développements finiraient par diverger. Mais non. On n’apprend pas de nos vies antérieures. Le monde est sauvé, d’accord. Mais on n’a pas avancé d’un iota.