Le problème, c’est la cadence. Il faudrait parvenir à se décadencer. À se défaire de ça. À se démettre d’un rythme fou dont on sait tous où il nous conduira. La roue du hamster tourne, et de plus en plus vite. Ton propre rythme cardiaque est de plus en plus sec, tendu, et à mesure que cette tension s’intensifie, il en vient à détruire irrémédiablement de plus en plus ton propre système vasculaire. Tout va bien, il faudrait oublier qu’on est une bombe à retardement, se détendre et manger moins salé. Prendre les choses avec philosophie, et fadement. Ne pas envoyer de Chronopost J+1 mais des messagers à dos d’âne. Des bergers. Des chèvres. Des chevriers. Un œuf brouillé le matin dans de l’huile de coco, qui prendra donc le goût d’elle. Du quinoa au petit déjeuner, pourquoi pas, ça n’a pas de goût, ça va donc avec tout. J’ai faim tout le temps. C’est un problème. Agnes Obel, c’est un problème ? Pas plus qu’une solution. Un autre problème : l’appropriation des richesses mondiales entre les mains de quelques uns. Une mesure fiscale s’impose : interdiction d’être plus riche que l’âge actuel de l’univers, en l’occurrence 13,75 Milliards. Pour Bernard Arnault, cela ferait une centaine de milliards d’euros à redistribuer à la collectivité. Il lui resterait assez, je pense, pour voir venir. À un moment je me dis : il faut que je me focalise sur ce que je suis le seul à savoir faire. Mais que suis-je seul à savoir faire ? Le vent souffle, la porte bat, ondule, respire, tapote, les arbres font ce qu’ils font (de mieux), la lumière n’arrête pas d’aller venir, on a l’impression de suivre plusieurs cycles jour-nuit en accéléré : c’est que le vent souffle aussi les nuages qui essaiment et redistribuent (ou masquent) le soleil. Plus une étoile est petite, plus elle durera dans le temps. Nous sommes donc chanceux d’avoir dans notre système solaire une étoile naine qui n’a pas encore commencé à rougir (et alors ce n’est pas de la timidité, c’est juste l’apocalypse). Pendant un certain temps, j’écoute une playlist composée de plusieurs interprétation du célèbre 4’33 de John Cage. Tout est très différent. Ce n’est jamais le même silence. C’est rarement du silence. Ce ne sont pas des bruits non plus. Ce sont des respirations. Parfois, c’est effectivement près de s’en rapprocher, du moins c’est ce qu’on se dit, et brusquement c’est une chute dans l’intensité en décybels. L’irruption du silence le plus pur, c’est d’une violence. C’est un pas de côté dans l’attente qu’on a d’un jour qui ne se termine pas, mais s’enfonce. Bientôt, ce jour va devenir lui aussi non pas une naine rouge mais un autre jour. Le même cycle se répète. Joachim chez Prosper : tu écris ? Je lui réponds que j’écris dans mon journal que je n’écris pas (et c’est le cas). Donc, par quelque bout qu’on prenne cette phrase elle est nécessairement vraie et fausse à la fois. C’est comme le cours de la botte de carottes chez Auchan : ça n’a pas de sens. Non contente d’être passé de 1,95€ à 2,10€ à 2,35€ il y a quelques semaines à peine, voilà qu’on la constate à 1,55€ dans le Auchan voisin (voisin de 200m à peine, ou à peine plus). Du coup, on se pose des questions. Comment font les Auchan pour décider leur politique tarifaire ? Est-ce une négociation entre deux magasins (tu prends les carottes, je prends les courgettes) ? Il faut des produits d’appel. Chacun le sien. Ou bien y a-t-il concurrence interne entre les magasins du même groupe ? La concurrence est saine, comme dans le football. Quand je bossais encore chez STAT, et que la maison mère n’arrêtait pas, chaque année, de racheter de nouvelles marques, on ne cessait de nous dire que ce n’était pas absurde mais stratégique. Que ce n’était pas de la concurrence interne. Chaque marque avait son propre segment, son propre marché. Résultat des courses ? Toutes ces marques se sont effectivement concurrencées les unes les autres. C’était là l’objectif. Mettre les équipes en tension, même au sein du même groupe. Derrière, comment en revenir (ou y survivre) à cette concurrence permanente entre les êtres ? Ou, comme l’écrit Guyotat 1 comment je fais effort pour replacer le peu qui me reste de courant intérieur dans le courant d’ensemble de la collectivité humaine ?
♗Les plus lus : 270513 · 100813 · 130713 · 120614 · 290813 · 271113 · 010918 · 211113 · Fuir est une pulsion, listing adolescent · 120514 ·Derniers articles : 190224 · 180224 · 170224 · 160224 · 150224 · 140224 · 130224 · 120224 · 110224 · 100224 · Au hasard : 240120 · 150121 · 210419 · 260913 · 080216 · 200719 · 220920 · 050319 · 230510 · 281108 · |
♘Quelques mots clés au hasard : Elisabeth Filhol · Dominiq Jenvrey · Demon Slayer · Moritz von Oswald · Kamui Fujiwara · Théophile Gautier · Albane Gellé · Édition · Iannis Xenakis · Palle Nielsen · Six Feet Under · Bernard Noël · Jean-Daniel Magnin · Kat Onoma · Bill Evans · Jiminy Panoz · Inio Asano · FabCaro · Edgar Hilsenrath · Genre · Louise Colet · Yukinobu Tatsu · Péter Nádas · Algernon Swinburne · Keiko Takemiya · Audrey Lemieux · Charles Robert Maturin · Carlos Rìos · Beth Gibbons · Doctor Who |
♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |