Il est fort, H.
— J’ai perdu le nom d’un très vieux jeu. X en a fait une vidéo il y a quelques années. C’est un genre de RPG où...
— Drakkhen ?
— Oui.
Fin de l’histoire. Ma mémoire à moi semble-t-il ne fonctionne que pour sauvegarder précieusement des informations qui ne me servent en rien. Par exemple je me souviens parfaitement bien d’une pancarte de supporters du PSG hostile au président du club de l’époque, Laurent Perpère, quelque chose comme en 2003, et qui disait : mes couilles sur ton nez, ça te fait des Ray-Ban. De même, je me souviens très bien que le jour de mon entrée en sixième, notre professeur principale qui avait la charge de nous accueillir dans ce grand machin qu’était le collège nous avait invités à nous signaler publiquement si d’aventure la rentrée dans cet établissement nous angoissait. Bien évidemment, personne n’a levé la main. Sauf une personne, C., qui deviendrait dès lors pour tous les autres celui qui a la trouille du collège. De fait, tout le monde avait la trouille du collège : sortie de nos écoles primaires de bourg, on se retrouvait catapultés dans un énorme complexe de plus de 1000 élèves, à 11 classes par niveau. Mais de là à le dire devant tout le monde... Si je me souviens bien de ce camarade, c’est que son patronyme est aussi un nom de parasite. Je n’avais aucun atôme crochu avec lui et je me souviens qu’un jour, il interrompit le cours expliquant que K., assis derrière lui (ou devant, ou à côté, je ne sais plus) n’arrêtait pas de faire des bruits insolites. Quelle drôle de façon de dire les choses. Et chaque fois que je croise le chemin du mot insolite à présent, je repense à C. et à ce moment dans une salle de classe. Grâce à ce patronyme pas commun, j’ai pu retrouver sa trace très facilement sur le réseau social dominant (celui qui fait à nos parents ce qu’ils disaient que les jeux vidéos nous feraient à nous, ainsi que je l’ai lu quelque part sur un autre réseau social concurrent l’autre jour). Ce que je peux dire de lui à présent ? Il a un enfant, il vit à Salon-de-Provence, il aime les motos. C’est tout. Je me demande s’il repense à cette histoire de bruits insolites. Et quels étaient-ils, ces bruits insolites ? Et pourquoi ?


samedi 19 décembre 2020 - mercredi 24 avril 2024


Image tirée, donc, de Drakkhen



31174 révisions
# Objet Titre Auteur Date
Article publié Article 240324 GV il y a 21 heures
Les plus lus : 270513 · 100813 · 130713 · 120614 · 290813 · 271113 · 010918 · 211113 · Fuir est une pulsion, listing adolescent · 120514 ·

Derniers articles : 240324 · 230324 · 220324 · 210324 · 200324 · 190324 · 180324 · 170324 · 160324 · 150324 ·

Au hasard : 151116 · 131112 · 120119 · 130212 · 121218 · 021118 · 220908 · 050613 · 300113 · 010413 ·
Quelques mots clés au hasard : Alejo Carpentier · Gabrielle Wittkop · St-Etienne · Xavier Serrano · Wong Kar Wai · PJ Harvey · Ingmar Bergman · Dominique A · Benjamin Biolay · Indiana Jones · Grégoire Chamayou · Hercule Seghers · g@rp · Peter Weiss · Low Roar · Kaisen · fLako · Dzoosotoyn Elisen · Michel Brosseau · Contemporary vision · RS · Edmund White · Le Mans · Johannes Vermeer · Ravi Shankar · Nils Petter Molvaer · Carl Craig · John Adams · Sophie Divry · Antoine Dole

Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)