Mon colis pour la Pologne est en Allemagne, quelle est la pire chose qui puisse se passer ? On dirait le début d’une mauvaise blague dans un bon film de Woody Allen. Malheureusement les bons films intègrent la liste des espèces menacées. Il en va de même pour les livres. L’autre jour sur les réseaux, des libraires ironisaient sur ces clients qui repartent bredouille de leur échoppe l’air de dire je n’ai rien trouvé à mon goût : avec tous les titres qu’il y a sur les tables et en rayon, tout de même, c’est un peu dur à avaler. Ne leur vient-il vraiment pas à l’esprit que bon nombre de ces titres sont mauvais, voire gênants ? S’agit-il d’une hallucination collective, d’une forme de biais professionnel ou du syndrome de Stockholm ? Gallimard rachète Minuit. Cette forme (racheter) tend à laisser penser que c’est une deuxième étape d’un achat (sans r cette fois) déjà survenu par le passé. Minuit étant diffusé-distribué par la Sodis, l’outil industriel de placement des livres en librairie du groupe, c’est un peu le cas. Le monde des lettres dans lequel nous vivons est un safari de tous les instants. Moi, à chaque fois que je pense à la détresse animale, me revient en tête cette image poignante d’un documentaire animalier genre National Geographic. L’une des deux bêtes à l’écran secoue le corps de son camarade sans savoir encore que son camarade s’est fait tuer par un ennemi. On a droit, ensuite, à sa détresse. C’est poignant. Sauf que ce n’est pas ce que l’on croit. D’abord car ce décès est tout sauf un accident : c’est une guerre, c’est de la prédation. Ensuite, car ce n’est pas le National Geographic. Merde, ce n’est même pas un documentaire animalier. Et ce ne sont pas des bêtes. C’est un film hollywoodien. Et ce sont des Ewoks. Somme toute, c’est une scène du Retour du Jedi. Ma mémoire met donc des images narratives sur des sentiments primaires pour qu’ils soient plus faciles à lire. La morale de cette histoire ? Dans le film, c’est : à la fin, l’Empire du mal perd toujours. Mais dans la vie ?