Quelqu’un dit du mal de moi dans mon dos sans savoir (ou en sachant) que je suis là à l’entendre et j’en suis très blessé. Bien que ce ne soit qu’un rêve, j’en veux à la personne car je trouve ça cruel. Je veux dire : je lui en veux dans la vie. C’est une journée difficile. Montagnes, montagnes russes. J’ai enfin une possibilité d’action sur le compte de la maison d’édition. Je peux émettre trois ordres de virement pour payer les salaires / prestations de l’équipe en temps et en heure. Ce n’était pas gagné du tout. Puis un message de la notaire en charge de la succession de Philippe, qui inclut le scan d’un mot de sa main. Sauf que dans ce cas-là un mot n’est pas un mot mais un codicile. Ça concerne la SAS et quoi qu’il dise si je n’arrive pas à lire le message en entier, c’est que j’éclate en sanglots avant la fin. Le mot est manuscrit. C’est bien son écriture. Il faut que je sorte. Je pars faire une course. En chemin vers le centre commercial les Jonquilles je tombe sur un lapin tête de lion bicolore qui baguenaude. Un chat noir lui tourne autour. Il va se réfugier sous une voiture. On dirait qu’il vit là, sur le parking de cet immeuble. La porte de la cave est ouverte et glauque ; j’appelle, personne. Je vais dans la cage d’escalier et je sonne à toute les portes, aucun signe de vie. L’escalier est jonché de cadavres de mouches. Je parle aux voisins d’en face. Ce lapin n’est à personne. Il est là depuis quelques semaines. Il vit dehors. Tout le monde a l’air de trouver ça normal. C’est un animal domestique, soit perdu soit abandonné pour ne pas être un poids pour les vacances des maîtres. Ce voisin-là a un genre de doberman. Le voisin d’à côté c’est un chat. Oh, le lapin joue avec le chat. On voit très bien le type de jeux qu’ils peuvent pratiquer. Il y a une pomme sous la voiture où il est, fruit sans doute laissé là par quelqu’un à son attention, preuve que ce cirque dure depuis un moment. Je l’attrape (la pomme, pas le lapin) pour tâcher de l’attraper (le lapin, pas la pomme). Je demande l’aide d’un voisin, qui fait illusion deux minutes, puis qui commence à tondre sa pelouse. Il s’en fout du lapin, lui. Et moi, j’échoue à le mettre en lieu sûr. Il mange la pomme d’accord, mais ensuite quand il me voit bouger se sauve. Il traversera la haie pour gagner un jardin inaccessible, aux portails fermés. On ne sauvera pas de petit lapin aujourd’hui. En fait on ne sauve personne. On est complètement dévasté de ce qu’on a lu, quand bien même ce ne sont que quelques mots, rédigés en langage notarial. En fin d’après-midi, I. V. et L., 4 ans, arrivent pour passer la soirée. Ce sont eux qui nous sauvent.