L’eau ici n’est pas la même qu’ailleurs (et voici une phrase sensiblement vraie et fausse où qu’on aille, quoi qu’on fasse). Imaginons l’eau calme de la baie de Hangzhou à Shanghaï dans lequel se jette le Qiantang, calme surtout depuis que les porte-conteneurs n’y passent plus, ou si peu, si l’on visualise l’incroyable arrêt des activités ces derniers semaines (près de deux fois plus de conteneurs en attente qu’au printemps 2020 au début du covid). Mais c’est le contraire en réalité. Car où sont ces conteneurs en attente ? Et où les porte-conteneurs (dont les plus gros dépassent en longueur la tour Eiffel) ? Tous dans le port et la baie ? Et tournent-ils autour comme les livreurs à vélo attendant une commande près des restaurants de centre-ville ? Et où seront (et surtout ne seront pas) les marchandises contenues dans ces conteneurs dans les semaines qui viennent ? Et quel désordre sur l’économie fictive, l’économie réelle, la finance, les cabinets de conseil conseillant aux gouvernants de faire ou de ne pas faire ce qu’ils feront pour en tirer les conséquences (ou pas) ? Et quelles sont-elles, ces conséquences ? Et qu’est-ce que je choisis de faire, moi ? Rien. Je remplis les objectifs que je me suis fixés ce jour, qui sont somme toute modestes. Puis j’écris des nouvelles hempeliennes sans en être dupe (quel soulagement de n’être plus soi dans l’écriture). Je confonds les Kouraguine avec les Karaguine. Je cherche un film à voir et après l’avoir vu je me dis : méritait-il vraiment trois T ? Puis, fatalement, je fais fondre du fromage sur des pommes de terre, ce qui est comme chacun sait la solution à tous les problèmes.