Cent livres c’est quoi. Je parle de la matérialité de l’objet contenant (parfois) la littérature lue, pas du papier monnaie en Grande-Bretagne. Une palette filmée de 65 kg (65.08 me dit le BL), vingt exemplaires par carton. Je déplace ça à l’étage, ça me prend à peine une demi-heure. Je compte puis je feuillette puis j’entrepose. J’en mets un dans une enveloppe et je la pèse, je l’affranchie, j’écris l’adresse de Roxane dessus, puis je pars la poster. Je reviens. Pourquoi fait-on en priorité ce qu’on fait par rapport à ce qu’on ne fait pas ? Ça a l’air d’une question idiote à première vue. Si on rechigne à faire ce qu’on ne fait pas, quand on ne le fait pas, et quand on rechigne, c’est bien qu’il y a une raison, non ? Si je choisis de me lancer dans une recette de brioche à la farine de châtaigne et au rhum plutôt que de lire Genet ¹, c’est bien qu’il y a une raison, non ? Ou que de lire autre chose. Ou que d’écrire. Ou que de m’occuper, par exemple, de mon jardin. Ou de regarder de loin des offres d’emploi et me demander si j’y postule ou non. Pourquoi je n’ai pas écrit ce que j’ai envie d’écrire depuis décembre 2016 ? Pourquoi ai-je « priorisé » d’autres projets ? Pourquoi j’ai laissé dériver ces idées sous forme de pensées dans le néant ? Pourquoi j’ai pris si peu de notes ? Et le peu que j’ai pris, pourquoi ne me souviens-je pas où je l’ai stocké ? Ce que nous apprend la cuisine, c’est que le problème tient moins aux erreurs qu’on commet qu’à la façon dont on leur réagit. Faire n’importe quoi pour rattraper le coup, et c’est la catastrophe assurée, la preuve avec cette brioche. Il vaut mieux prendre note, et rectifier légèrement ce qui peut l’être tout en gardant le cap, quand on a un cap, mais enfin en écriture, à un moment donné, il vaut mieux en avoir.