Jean Hegland



  • 100517

    15 juin 2017

    Tandis que l’hiver déclinait et que le printemps fleurissait, nous nous sommes habitués au manque de fiabilité de l’électricité et avons mis au point une méthode pour en profiter chaque fois qu’elle revenait. Nous laissions la lumière de la cuisine tout le temps allumée, et quand elle vacillait avant de se stabiliser, Eva se précipitait dans la buanderie pour lancer une machine puis filait dans son studio, mettait un CD et, ignorant l’échauffement à la barre, commençait à danser tandis que je tirais la chasse pour évacuer l’eau sale des toilettes et ouvrais les robinets pour remplir la baignoire et l’évier tant que la pompe électrique marchait. Ensuite je courais à mon ordinateur et travaillais d’arrache-pied avant que tout ne tombe de nouveau en panne.

    Jean Hegland, Dans la forêt, Gallmeister, traduction Josette Chicheportiche

    Combien de temps passé à la fenêtre à traquer l’arrivée d’un camion DPD pour une livraison censée s’être déroulée dans le passé mais tardant à advenir dans le présent (et le futur se rapproche à vitesse folle) ? L’ascenseur est en panne : depuis que Macron est élu il est en panne. Combien d’allers-retours des cinq étages, combien de marches par étages. Je sais pas, c’est rhétorique (mais une montre connectée est là qui captera ça). Puis des petites boites dans des grandes, et des kilos de livres dans les petites. Et je n’ai pas idée de comment je vais faire trois pas lesté de ça.

  • 201117

    21 décembre 2017

    J’en ai vu dans des terrariums. Des tortues. Parfois on en voit aussi une dans la forêt, sauvage ou redevenue sauvage. J’aime bien imaginer que c’est ma mère.

    Marie Darrieussecq, Notre vie dans les forêts, POL

    Hasard thématique des livres qui se publient au fil des mois, Notre vie dans les forêts possède une construction similaire à celle de Dans la forêt de Jean Hegland paru cette année chez Gallmeister : succession de petits paragraphes, et on avance par petites touches. C’est aussi le mode de narration utilisée dans Le docteur Jivago, parties plus amples mais courts chapitres intérieurs. C’est ça dans Morphine(s) alors ça m’interpèle. Dehors, grise mine. La fatigue du salon est retombée ce matin. 537 mots pour Eff. J’irai quand même courir 35min sur le Natalon après trois semaines sans. Pas grand monde et presque pas de chiens mais une voisine : le type du septième qui la harcèle serait parti aller se faire soigner. Pasternak : Depuis qu’il était au lycée, il rêvait d’une œuvre en prose, d’un livre de « biographies » où, dissimulées comme des charges explosives, pourraient entrer les images et les pensées qui lui avaient fait la plus grande impression.

  • 290722

    29 août 2022

    Il y a deux trois ans, J. me disait en ce moment, ce qui est à la mode dans les romans qui marchent, ce sont les meufs qui plaquent tout pour partir vivre dans la forêt (par exemple Jean Hegland, encore que dans mon souvenir les meufs en question se trouvent déjà Dans la forêt depuis le début). Là j’ouvre une avant-critique de Livres hebdo et c’est deux meufs qui partent vivre dans la forêt le temps d’un été. Un autre, c’est carrément un internat de jeunes filles dans la forêt. Les forêts brûlent. J’ai mal au coude gauche. C’est pas faute d’écrire avec. Je n’écris rien, pas même des meufs dans la forêt. Relire Eff m’est pénible. Ne pas écrire m’est pénible. Écrire m’est pénible. Mon ordinateur chauffe et ventile plus sous Windows que sous Ubuntu. Je dis à H. : me voilà maintenant condamné à jouer à Tomb Raider, bradé à 3.99 €. Pour l’instant, je peine à différencier les phases de cinématiques des phases de jeu. C’est un genre de film interactif bardé de QTE. La seule chose qui m’amuse, c’est que Lara Croft se met à dire oh mon dieuuuuu quand elle tombe dans le vide. H. m’a offert une figurine de Psykokwak : ses bras sont amovibles. Je peux le mettre en position duel de western, en position je cours les bras en arrière comme Naruto ou en position mamma mia je me prends la tête à deux mains, de quoi circonscrire la plupart des émotions humaines quand on y pense.