William Gass



  • 071217

    7 janvier 2018

    Il fait une couleur mauve avant que le jour il aille
    se lever.
    Je me souviens avoir eu du mal pour trouver cette scission verticale pour le site Des Forêts. Il y avait eu une histoire de gap d’un pixel à régler pour éviter les effets d’escalier. Mais en réalité tout ça se règlera bien vite avec un background: linear-gradient(to right, #303030 0%,#303030 50%,#303030 50%,#eee 50%,#eee 100%); Est-ce que c’est supporté par tous les navigateurs ? Et quand je ne penserai pas à ça ce sont des stratégies pour gagner ce sanctuaire au Nord (mais comment traverser la rivière, qui est froide ?). Il faut que je me couvre plus. Il doit y avoir un chemin sûr ou des vêtements chauds quelque part dans ce monde. Et derrière ce sera tenter de chasser piteusement un sanglier dans les bois, rester des heures à l’affut sur un point en hauteur mais pour rien. Je l’ai effrayé. Il ne reviendra plus. 636 mots pour Eff. William Gass est mort. Rien à lire. The Tunnel donc.

  • 081217

    8 janvier 2018


    — On a vu son rêve, a expliqué Belinda Naufrageuse. Ça nous a donné des idées. On l’a mélangé avec le nôtre, de rêve.
    — Comment ça, vous avez vu son rêve ? a demandé Lili.
    — Parfois ça nous arrive de voir les rêves des autres, a dit Belinda Naufrageuse.
    — En volant, au crépuscule. Après, on vient ici pour sommeiller et frabriquer une histoire, a précisé Melissa Fatale.
    — C’est comme ça qu’on est entrés dans le rêve de Bobby, a avoué Belinda Naufrageuse. Il était à la fenêtre. Il nous regardait depuis la fenêtre de son appartement.
    — Au cinquième étage, a dit Melissa Fatale. Il regardait l’estuaire sans rien faire et il était en train de s’endormir. À un moment, il nous a vues, toutes les deux. C’est là que nous sommes entrées dans son sommeil pour y déposer nos rêves.

    Manuela Draeger, Moi, les mammouths, L’école des loisirs, P. 68-69

    Pourquoi la Nocertone elle est en pénurie ? Ça durerait au moins jusqu’en avril. Deux pharmacies. Il y en aura tant d’autres. Demain plutôt. La question, c’est plutôt
    pourquoi on veut me faire changer. Aujourd’hui, c’est
    des corvées que je me suis retenu de faire tout le reste de la semaine alors
    fatalement elles reviennent dans ta face comme un boomerang mais
    j’ai pas trouvé la fin de ma phrase après mais. Je me demande ce que V. il devient. Je pense à ça pendant que Biolay passe, à Auchan, après avoir cherché, le portable à la main, une marque de fromage à raclette sans présure animale. J’en étais à attendre que les caisses désengorgent. Il manque un mot quelque part. Et 609 pour Eff, sous de la neige, toujours de la neige. The Tunnel : Is writing to yourself a healthier insanity than talking to yourself ?

  • 091217

    9 janvier 2018

    Quand j’en serai à ne plus vivre à Paris, je me rappellerai quoi de cette ville ? Lac Daumesnil autour de quoi je cours 1 (toujours dans le même sens) ? Ou remonter la Seine à pieds jusqu’à Notre Dame avec H. ? Rouler la nuit, longer la place des Vosges après avoir vu T. rue Mandar ? La cour carrée dans quoi je me couperai du bruit après avoir quitté le taf, sous l’enseigne Duluc Détective ? La bonne âme du Setchouan aux Ateliers Bertier avec le porteur d’eau courant sur place ? Aller signer les statuts de la SAS un matin ? Lire en marchant tant de fois ? Scotché sur le quai du métro pour terminer Under the volcano ? Ou bien errer de pharmacie en pharmacie en quête de Nocertone jusqu’à ce que j’en trouve une, peut-être si j’ai de la chance deux, boîte(s) ? The Tunnel, book of beasts. Le narrateur se construisant un temps antagoniste à celui de Proust 2. Il y a refus du souvenir. Pour construire une autre mémoire ? Plus sincère 3 ? Ça fait beaucoup de questions.

    I remember . . . Do I remember my parents ? I refuse. My family ? No, indeed. My childhood ? children ? birthdays ? brothers ? Not even appellations, titles, derivations, deaths. I remember the scuffs on my shoes. Do I recall the war ? the first order given me ? the humiliations of obedience ? a pride that finally had no elevation in it but lay crushed and treaded as a box run over in the road ? I won’t remember. I refuse. And the last man I saw hanged as well, and the last one shot. History has that nice advantage now. We no longer feel obliged to say, “Of the events of the war I have not ventured to speak from chance” ; to claim, “I have described nothing but what I saw myself” ; or pretend, either, to be composing “a history of great praise.” Nazis ? I saw nothing of them.

    Le souvenir, construction mentale. On est tenu d’en douter. De questionner sa duplicité. Même sa part inventée.

    “I remember protesting . . .” Did I protest the smashing of windows, the burning of books, the teasing of helpless girls ? Did I protest power ? Did I protest poetry ? Did I protest the poor shine on my shoes ? I pretend to remember doing so. Ah, well, then, did I ? Did I protest my two sons’ circumcisions ? did I ? Did I complain when men were beaten for having beards ? for wearing skullcaps instead of freshman beanies ? for poisoning the pure blood of the nice ? Did I ? Did I protest the schoolyard bully ? the coldness of my wife ? mass bombing ? overeating ? public beatings ? Did I ? Did I protest red tape ? black presumption ? white whips ? useless meetings ? hair hysteria ? bomb business ? the elders of Zion ? Zion ? Did I ? Did I ?

    Pile 500 mots pour Eff sur cette histoire de chiens attachés devant la laverie du bas de la rue T. Ça ne s’appelle plus la rue T. en fait, il me semble, à cet endroit. C’était rue des fonds verts. Bon. Un groupe de cinq ou six chiens attachés là à un lampadaire pendant que leurs maîtres (un type et une fille qui s’engueulaient sous le tunnel Proudhon) ils lavent leur linge à l’intérieur. Il devait y avoir trois ou quatre chiots à couiner là, à essayer d’aller au-delà de leur corde, et deux adultes qui attendaient plus placidement en respirant des odeurs animales ou humaines perlant d’un sac poubelle en suspension. Il est probable que le Morphines 03 touche à sa fin ici. Peut-être encore relire un peu demain, puis attaquer lundi le 04. Le Tunnel encore :

    The next victims clamber awkwardly to the top of the pile where they’ll be shot by a young man with a submachine gun and a cigarette. Some of the dead have not yet died. They tremble their heads and elevate their arms, and their pardons are begged as they’re stepped on ; however, the wounded worry only that the earth will cover their open eyes ; they want to be shot again ; but the bullets bring down only those above them, and for a few the weight is eventually so great it crushes their chests. How nice and white death is. So serene.
  • 101217

    10 janvier 2018

    Couru aujourd’hui ce que j’ai pas
    couru hier (6km pour 32 minutes et quelques avec H.). Redoux et dix degrés sur l’enseigne de la pharmacie en descendant vers le lac. Lac dans quoi quelqu’un, une combinaison de pêcheur, s’immergera jusqu’au thorax pour effectuer une espèce d’aquagym d’extérieur, de randonnée marine dominicale ou quoi. Mystère. Dans le Docteur Jivago, le mot bachibouzouk. Puis, au terme d’un passage où Jivago écrit à la première personne un journal, et exprime ses ambitions d’écrire, ses rêves : Ici prenaient fin les notes de Iouri Andréiévitch. Il ne leur donna jamais de suite. 528 mots pour Eff, toujours dans de la neige. Puis, après quelques échanges avec Julien, déduire qu’il est peut-être temps de reprendre mes droits pour Transoxiane, c’est assez naturellement que nous en sommes arrivés là, et j’apprécierai particulièrement ça, ces échanges. On a raté quelque chose avec cette série, c’est un constat d’échec partagé. Et un échec, c’est jamais agréable, alors autant faire les choses bien. J’aurais dû faire autrement. C’est un truc qu’il aurait fallu écrire sous pseudonyme. Sous une autre identité. Alors maintenant quoi ? Repartir en quête d’un éditeur, mais c’est une série à plusieurs épisodes assez brefs, c’est délicat à vendre. Calibré pour le modèle des séries numériques quand on pensait que ça marcherait (certaines marchent mais ce modèle on le voit peu en papier, non ?). Le publier sur un site ou sur Wattpad. Je ne sais pas encore. Mais faire quelque chose. William Gass : What is a book but a container of consciousness, a draft of cantos ? Benjamin sur l’écriture comme geste chirurgical (écrire Morphines, dont la partie 03 est aujourd’hui terminée, ça viendrait de là ?) :

    On coupe dans les linéaments précautionneux du manuscrit, le chirurgien déplace des accents dans les entrailles, brûle les tumeurs malsaines du langage et insère un mot étranger comme une côte en argent. Finalement la ponctuation lui recoud le tout avec des points délicats et il rétribue son assistant, le garçon de café, en espèces.

    Walter Benjamin, Sens unique, Maurice Nadeau, traduction Jean Lacoste, P. 205

  • 111217

    11 janvier 2018

    Il y a beaucoup de vent. Hier déjà. Le mouvement circulaire des feuilles au coin de la rue, ça donnait un indice sur la forme, le volume. Aujourd’hui c’est plutôt les grandes bâches des échafaudages, de l’autre côté de la place, blanches, qui battent de ouf. À la périphérie des yeux ça peut devenir genre une tempête de neige (non). Et le vent s’engouffra sans prévenir dans ce Café Métro à l’intérieur de quoi on s’est installé avec Claire pour parler de son livre à paraître en avril, Aujourd’hui Eurydice. Passé chez Atout livre. Le journal de Mary Shelley que je cherche, est-ce celui publié par Finitude ? Pas sûr. J’aimerais quelque chose de plus ample. Qui englobe tout. Est-ce que ça existe ? Des Carnets de Tchekhov, chez Christian Bourgois (pas acheté). Des Écrits autobiographiques de Boulgakov en poche (Babel) qui comprennent Morphine, Écrits sur des manchettes, Journal confisqué, Lettres à Staline et Les aventures extraordinaires d’un docteur (ça acheté). Des piles de livres se forment. S’il n’y avait pas les lapins au niveau du sol, on les mettrait ici, on construirait des Pise. Et 533 mots pour Eff, pleins et entiers, sur des nappes de bonheur. De retour sur le Morphines 04 qui, non seulement, est très mauvais, mais en plus mal construit : j’ai créé deux pages fantômes il y a des mois dont je ne sais plus, aujourd’hui, laquelle est le double de l’autre. Un autre projet (idiot) d’écriture quotidienne : recopier sur Twitter des phrases de fin de la série Dragon Ball Z, suivies d’une courte réponse par oui ou par non aux questions de la voix off. Ça devrait durer 291 jours. The Tunnel 4 : il y a plus de trucs à citer dans ce livre que de place pour le faire dans ce journal. Ici :

    When I was in high school I had to write an essay duplicating the manner and subject of Bacon’s “On Reading,” and I remember including all the comfortable clichés. I said nothing about how books made me masturbate. I said nothing about nightmares, about daydreaming, about aching, cock-stiffening loneliness. I said something about wonder and curiosity, the improvement of character, quickening of sensibility, enlargement of mind, but nothing about the disappearance of the self in a terrible quake of earth. I did not say that reading drove a knife into the body. I did not say that as the man at breakfast calmly spoons his oatmeal into his mouth while words pass woundlessly through his eyes, he divides more noisily than chewing, becomes a gulf, a Red Sea none shall pass over, dry-shod cross. There is no miracle more menacing than that one. I did not write about the slow return from a story like the ebb of a fever, the unique quality it conferred which set you apart from others as though touched by the gods. I did not write about the despair of not willing to be oneself or the contrary despair of total entelechy. I did not write about reading as a refuge, a toy drug, a pitiless judgment. Ah, Walther von der Vogelweide, Wolfram von Eschenbach. You could read in the roses just where my head lay. Nor did I say anything about plating magical words in my mouth such as Hausen or Morungen wrote to make a medieval miracle of my mind ; because I became the consciousness that composed the poem or the paragraph : I grew great and ornate like Browne or severe as Swift or as rich and thick as Shakespeare, snappy as Pope.
  • 121217

    12 janvier 2018

    un homme il a mal à la tête il serre son front avec ses mains et demande « mais quoi faire au juste pour que ça s’arrête dites-moi » il supplie avec son corps plié ça fait plein d’hivers dans la même année qu’il ne rit plus dans sa chambre fermée à clé il a écrit sur le mur blanc « on achève bien les bêtes »

    Albane Gellé, Un bruit de verre en elle, Inventaire/Invention (cité par Pierre Ménard dans son Comment écrire au quotidien)

    Mais moi, demain ça fera 25 jours que je n’ai pas eu mal. Ça prendra fin demain, je le sais. C’est comme ça. Je suis plus léger là. Ne saurai pas dire ce que c’est qui me manque (ou plutôt non qui ne me pèse plus). Peut-être que c’est le froid par la fenêtre. 578 mots pour Eff complètement jouissifs. Savoir ce que ça donnera demain, lors de la relecture... mais c’est là dans mes veines. Ça vivait sa vie propre. The Tunnel encore 5 :

    ...Rainer complained he never had a childhood—what luck !—never to have suffered birthpang, nightfear, cradlecap, lake in your lung ; never to have practiced scales or sat numbly before the dentist’s hum or picked your mother up from the floor she’s bled and wept and puked on ; never to have been invaded by a tick, sucked by a leech, bitten by a spider, stung by a bee, slimed on by a slug, seared by a hot pan, or by paper or acquaintance cut, by father cuffed ; never to have been lost in a crowd or store or parking lot or left by a lover without a word or arrogantly lied to or outrageously betrayed—really what luck !—never to have had a nickel roll with slow deliberation down a grate, a balloon burst, toy break ; never to have skinned a knee, bruised a friendship, broken trust ; never to have had to conjugate, keep quiet, tidy, bathe ; to have lost the chance to be hollered at, bullied, beat up (being nothing, indeed, to have no death), and not to have had an earache, life’s lessons to learn, or sums to add reluctantly right up to their bitter miscalculated end—what sublime good fortune, the Greek poet suggested—because Nature is not accustomed to life yet ; it is too new, too incidental, this shiver in the stone, too novel altogether, and would just as soon (as Culp prefers to say) cancer it ; erase, strike, stamp it out—this dubbed in youth, this gicky GroBoy time—so that I would never have been jeered at, called Bullocky Bill on account of my tiny testicles and puny weenie, had I not been available, or caused to cough in a long naked line, to spread my rash-eaten cheeks to the amusement of a hundred eyes, or in a park in Prague gently jacked off by a boy who fondled me from behind a newspaper (or was it a magazine ?), napkin neatly in his idle hand ; and shame need never have lit me like a match, as I burned my slender Being back then, in my old cold youth, until its head was black—best never to drag a breath out of the competing wind, the Greek poet advised, because Being is basically made of heartless hunks and soulless flabs ; it is inert, resists flow, dislikes disturbance, distrusts goals ; in fact, it is fat as a Buddha, sluggish, still as statues, and as pitilessly bronze.
  • 131217

    13 janvier 2018

    Une connerie : j’irai prendre un Nocertone entier au lieu d’un demi comme action préventive. Le train, c’est-à-dire le halètement de la lumière, a pesé. Zombifié toute une partie de la journée à Montpellier. Do you like your heart reverberating in another’s chest ? 6 On fera l’aller-retour dans la journée avec Philippe. Parution d’un entretien de nous sur ActuaLitté sur notre offre d’abonnement numérique à destination des bibliothèques et collectivités. Il fait beau. On avance. I really know her the only way I know Congo — through pictures taken mainly from the air 7. Ça avait mal commencé : une espèce de tumulte soudain, pas de numéro sur les voitures, de la sueur.

  • 151217

    15 janvier 2018

    Le froid c’est au sol. How soft the light is, mingled with the wet 8. Nabokov sur l’énigme de l’homme au macintosh : the man in the brown macintosh who passes through the dream of the book is no other than the author himself. Dans mon Ulysse cet homme au macintosh est un mec au Mac qui regardera Bloom avec son ordinateur. Quelqu’un en train de coder le site ? L. au sujet du rachat de la 21th Century Fox par Disney : tu crois qu’ils vont racheter tous les droits du cinéma et qu’après tout ne sera qu’une vision Disney ? Merde. 502 mots pour Eff, forcés il faut bien le dire.

  • 211217

    21 janvier 2018

    Il y aura la blancheur de ce ciel, les filaments de l’arbre qui se dissolvent assez dans ça, une brioche de chez Pralus appelée Praluline, des emails à la chaîne, une Kindle que je ne tiens plus que comme ça, en paysage, c’est devenu sa forme, Shadow of the Lowland et 661 mots pour Eff. What did it do to any of us for me to love you ? 9 Commencé à recopier un à un tous les 60 passages du Docteur Jivago que j’ai mis de côté le long de ma lecture. N’ai pas corné les pages (le livre n’est pas à moi). J’ai pris en note sur une feuille volante et à présent je les prends du début pour les ajouter à l’herbier pour Morphine(s). Il y a des choses précieuses, peu de médecine. Je suis passé à côté de certains éléments clés de l’intrigue : par exemple je suis incapable de dire pour quel camp Ioura sera forcé de travailler comme médecin militaire. Pas grave. Le seul moment qui me reste en tête, comme ça, spontanément après ma lecture, je ne l’ai pas noté. Il est près de la fin. Quelqu’un, venu trouver Ioura, lui parlant d’une femme qu’ils ont connue (et aimée) tous deux, lui décrivant avant que lui ne les énonce de menus gestes du quotidien d’elle et dont il se souvient précieusement. Ici, recopiant, cette phrase qui m’avait tant marqué (je souligne) : La mort est là... Elle peut à chaque instant... Quand on va se faire arracher une dent, on a peur, on a mal, on se prépare... Et maintenant, ce n’est pas une dent, c’est moi tout entière, toute la vie...

  • 261217

    26 janvier 2018

    Le docteur est devenu une femme (comme Samus Aran est une femme). Il s’est régénéré. Un moment chez D. et M. à jouer à la Super Nes Mini. L. un peu plus tôt dans l’après-midi. C’est un thé au jasmin quelque part (j’ai oublié le nom de ce truc place Dorian, disons simplement que c’est orange). Le masque magnétique a des effets (lesquels ?). Super Metroid, c’était le premier pas dans le futur. Je nous revois l’avoir acheté (donc quelque chose comme 1995), aller chercher à l’accueil de l’Auchan le guide indispensable vendu avec. Les jeux de Super Nes, c’était une grosse boite en carton rectangulaire, voilà ce dont je crois me souvenir. Une voix digitalisée disant The last Metroid is in captivity. The galaxy is at peaaaace. Derrière, il n’y aura plus un gramme de narration. Pas de dialogue. Personne à qui parler. Ce qu’on te raconte, c’est le level design. C’est fort. Mais c’est où Condamine ? Et, parfois, ça m’arrivera de prendre un médoc par pur automatisme et c’est mon corps qui va y aller sans moi, le faire ce geste. Et puis me demander : mais c’est quoi que j’ai pris, là ? The Tunnel : The abyss is the nothingness you occupy when you are merely seen, simply sensed ; when your image goes on tickulating though the tock is stopped ; when you become a ghost that cannot haunt a house or heart or thought.

  • 140118

    15 février 2018

    Un Morphine(s) 04 de près de 9000 mots. Voilà ce que j’ai fait aujourd’hui. Construit, tissé le truc : ce truc. Fait des greffes dans le gris (pris des masses de texte ici pour les repiquer là). Fragmenté beaucoup. Surpris de voir que ça se tient (ça parle de l’eau qui coule). Qu’il y a du liant. Oublié avoir alterné la scène d’un accouchement avec le final d’une course folle dans le désert de Gobi. Je crois que ça fonctionne. Et le procès Pistorius repris (en vitesse 1.5, car ils parlent trop lent) pour les besoin de Eff (649 mots) qui partira sur un nouveau chapitre et sur une nouvelle voix (Claire) qui la nécessitait. Allons marcher au jardin pour voir les tortues (non, elles n’y sont pas bien sûr, trop froid sans doute et est-ce que ça hiberne ?) mais rien de ce que j’écris ici ne s’est déroulé dans cet ordre, non, tout sera différent. À la fin de La maison du vagabond, Mariusz Wilk il écrit :

    Le père Michał Zioło, un trappiste polonais et disciple de Merton 10, considère que la tristesse est un état naturel dans notre vie. Autant la joie est un état où l’on sort de soi, autant la tristesse est un état de recueillement devant le monde qui passe…

    Soundtrack : Elle était belle comme un fusil de combat chargé à balles réelles. Un mec publie sa lettre d’adieu avant son suicide sur Twitter (il ne serait pas passé à l’acte). Ici : l’Europe est aujourd’hui la destination la plus dangereuse au monde. C’est aussi ça le futur. Et The Tunnel : we are miserable outcasts on the mountains of the might-have-been.

  • 150118

    17 février 2018

    Il y a une tornade ou un ouragan à l’horizon qui s’approche alors nous sommes des dizaines à courir dans des sous-bois pour en réchapper. C’est dans une grotte qu’on trouve refuge, on a de l’eau jusqu’au thorax et on se fait des traits à l’encre bleue baveuse sur les vêtements qui nous serviront de repère pour savoir si l’eau monte. C. est là. N. est là. V. aussi. Il y aura Seb avec qui je projetais d’écrire, à six mains, avec Mahigan, un livre sur les pneus (!). Il est possible que l’on attende la mort et qu’une vague nous submerge. Quelqu’un (mais qui ?) rappelle cette inscription secrète gravée sur le tombeau de Saint François d’Assise : we all are slaves. Tu dois te méfier de ta nature sauvage 11. J’écris tu pour ne pas avoir à dire je. Et je raterai ça une partie du jour, me méfier. J’ai fini par laisser mon corps s’écouler avec le mouvement des heures. C’est ça, précisément, qui est dangereux chez moi. 504 mots pour Eff sur la nature sauvage. J’ai dépassé mon quota d’écran, là. Alors pour rester dans le rythme du Morphine(s) 04 c’est sur une série de dix pages recto verso que ça se joue, des feuilles avec un critérium. J’avais oublié ces histoires de village immergé (barrage). En faire quelque chose. C’est un chapitre sur de l’eau. The Tunnel :

    If I could choose another life,
    I’d be a dog or American wife . . .
     
    (...)
     
    or maybe in that other dawn,
    I’d rather be a suburb lawn.
    It’s hard to say which would be better :
    manicured girl, or grass, or setter.
  • 200118

    20 février 2018

    Liste des trucs à faire : Faire Ulysse ☑. Payer ce truc des impôts oublié en décembre ☑. Faire Eff (504 mots) ☑. Terminer de relire et de peaufiner la première moitié du Morphine(s) 12 04 ☑. Entamer la seconde moitié ☒. Préparer la réécriture de demain hors écran en imprimant cette quinzaine de pages ☒. Finir Soundtrack ☑. Retranscrire le 15ème jour, deuxième partie du Procès Pistorius avant d’en déduire le part one ☒. Voir I. ☑ Avancer à Breath of the Wild ☒. Lire The Tunnel 13 ☑.

  • 270118

    27 février 2018

    Une femme montait l’escalier avec une pile de journaux. Sur celui du dessus était écrit au crayon rouge : "Pour la Repro."
    — Et pour le Lito ? Elle m’a regardé d’un air effaré et n’a rien répondu. Je suis monté à l’étage. Je me suis approché de la demoiselle qui était assise sous la pancarte "secrétaire". Quand j’ai eu terminé, elle a regardé sa voisine d’un air effaré.
    — Mais c’est vrai, le Lito..., a dit la première. La deuxième a repris :
    — Oui, il y a un papier pour eux, Lidotchka.
    — Pourquoi donc ne me l’avez-vous pas transmis ? ai-je demandé d’un ton glacé. Elles m’ont regardé intensément.
    — Nous pensions que vous n’existiez pas.

    Mikhaïl Boulgakov, Écrits sur des manchettes in Écrits autobiographique, Babel, traduction Paul Lequesne, P. 132-133.

    Quasiment rien fait que lire, ou relire. Terminé Madman Bovary, dont je ne sais pas encore s’il est un piratage de Madame Bovary ou si c’est le contraire, si c’est Madame Bovary qui le hante lui. Un moment dans l’après-midi au Salon du livre à part, pas très loin d’ici, à Saint-Mandé. Le cœur du Tunnel prend pour objet la nuit de cristal et la figure de Herschel Grynszpan, également centrale dans le livre de Philippe Rahmy, Monarques.


    — Hé ! Tu t’ennuies ? Il tourne ses deux yeux noirs vers moi, gelant la bulle qu’il gonflait entre ses mandibules.
    — Hein ? La bulle éclate.
    — Tu t’ennuies ? répété-je.
    — Non… Je compte le sel de la mer.

    Michael Roch, Moi, Peter Pan, Le peuple de Mü

  • 280118

    28 février 2018

    Recopié 1451 mots pour Eff dans l’écran (hier et je ne sais plus quel jour). Blanc. 509 mots aujourd’hui. De la merde. Je n’ai rien à écrire et je l’écris quand même. Ça sautera donc. Mais, en attendant, c’est là. The Tunnel : Fires burn down. Ice melts. Water evaporates. Fog lifts. Hearts rust. Only rhyme adds up. Only dust accrues. Aller voir la Seine en crue a un effet hypnotique. Voir le haut des panneaux lécher la surface de l’eau (ou l’inverse). Ça crache mais il pleut rien. Ils n’ont pas Capricorne à la Fnac de Bercy. Alexandre Gefen dans Réparer le monde 14 :

    Non seulement la fiction jouerait un rôle dans la manière dont la littérature nous permet de refigurer et de nous approprier notre expérience, comme l’ont montré les philosophies narrativistes, mais elle participerait de cette aptitude fondamentale qu’est notre capacité à envisager la structure psychologique d’autrui en acquérant, au moins de façon sommaire, une « cartographie de l’esprit » (mind mapping, compréhension d’autrui). (...) La fiction nous équiperait d’outils cognifitifs de modélisation comportementale permettant cette forme de divination par laquelle nous interagissons ordinairement avec l’esprit d’autrui.
  • 260218

    27 mars 2018

    Bien souvent j’ai envie de ne pas mettre de e à la fin de suffire quand j’écris ça, suffire. Suffir. On dirait le prénom d’un djinn. Le froid dans la rue a de ces crudités qui te fait te démettre. Te rétracter. Et bien sûr je ne sentirai plus mes doigts (à commencer par l’index de la main droite, c’est toujours là que ça prend) après quelques minutes à arpenter la ville. Au sujet de ces instants de honte, ou de lâcheté, qui reviennent parfois me hanter, juste l’existence de ces trucs isolés dans le temps et qui sont là, perdurent malgré tout, peut-être qu’il conviendrait de les conjurer quelque part, et donc de les écrire, de les recenser, et de les encapsuler dans des rêves (c’est-à-dire de les mélanger à la matière même des rêves), tels qu’il en existe ici, dans le journal, ou ailleurs (ce truc Kepler 15). Peut-être que je pourrais faire ça oui. 617 mots d’Eff sur les Incantatie IV shuffle. Pas de nouvelle de la cheville
    de Neymar
    c’est vraiment inquiétant. The Tunnel : What do we do but spread done deeds on present fields ? Don’t we claim to be fertilizing for the future ? Certainly we risk infecting our contemporaries with the contagions of the past.

  • 240318

    24 avril 2018

    If days are different, darks are different too. Lying at length in my tube, smelling the grave we used to go to—dust or ashes, which do you desire, my dear ?—in the thin round nothing I have carved, I—more and more now—rest as if tumescent, like a snake, swollen, digesting everything that living’s swallowed, my rotting body rotting beneath its rotting clothing, my modest bones blushing at what they will reveal, and what the world would understand if it understood bonespeak, since the soft glands have another language—liver, lungs, brain’s pale blossom, or the heart—for hearts don’t. break, what a miscription ! hearts burst, or leak, or sag, or sour on themselves, mainly hearts seep, but bones, bones sliver, bones crack, bones snap, lungs are breath and spirit, but bones are regimen and order, and when I lie there in my hole I imagine that’s what’s rising to my buried surface, I’m becoming bug, turning turtle, and instead of lung or liver, then, hanging like a washrag from a rib, my threaded bones will control, conceal, and skeletize my consciousness—me in my words—so if they, those explorers of the dirt, were to dig me up one day while searching for a city, they’d find a jaw, some teeth, and well inside its grin, my ill humor like an atmosphere, a final fart of feeling.

    William Gass, The Tunnel

    Couru dans une lumière vitreuse pour me forcer à respirer, pour reseter la tête, sous le Molly for two pianos (pas que). 40 minutes. Moins de 7km. Est-ce que ça a fonctionné ? Oui, je sais pas. Peut-être. Mais il y aura en plein milieu de la piste blanche des boudins de merde canine, ça ressemble à des doigts sectionnés tout gonflés. Et violets. Après quatre mois, je termine The Tunnel. J’ai dû passer à côté de tellement de choses dans ce livre, mais rarement j’aurais lu une écriture aussi rythmée dans un roman de langue anglaise. Est-ce que j’ai passé un bon moment pour autant ? Mais est-ce que c’est ça, le but, passer un bon moment pour autant ? 524 mots pour Eff, sensuels et sans le son. Le soir, nous terminerons notre aventure lovecraftienne chez les Pictes avec T., E., H. (et une fin heureuse, les créatures d’un autre monde qui nous asservissaient sont reparties).


  • ↑ 1 Mais là c’est hésiter longtemps, peser le pour — l’hyper beau temps qui te réchauffe —, le contre — les 3° ou quoi. Finalement je laisse passer ma chance : le ciel blanc va vite venir l’emporter ce soleil.

    ↑ 2 I haven’t Marcel’s made-up memory.

    ↑ 3 It was Gide’s fear. He wondered, worried : would he be sincere ? I had a fever, he wrote. My nose bled all day. That was true, no doubt, but was it sincere ? What is sincere or not about a nosebleed ?

    ↑ 4 But we historians, we poets of the past tense, we wait for our tutelary spirits to find us ; we sit in one place like the spider ; and until that little shiver in the web signals the enmeshment of our prey, we look within for something to lighten our nighttime, the weight of our patience : the fluorescent face of a bedside clock, for example, enamel nailshine, bleached sheet.

    ↑ 5 Je prends ici en plein milieu d’une phrase autrement on se retrouverait bien vite à citer tout le bouquin.

    ↑ 6 The Tunnel.

    ↑ 7 Idem.

    ↑ 8 The Tunnel

    ↑ 9 The Tunnel.

    ↑ 10 Il évoque ensuite, dans une note de bas de page, sa disparition.

    ↑ 11 Surveillances n’est pas loin.

    ↑ 12 Ce site pour m’aider à projeter des températures dans le futur en prenant compte du réchauffement climatique (Irkoutsk malheureusement n’y est pas).

    ↑ 13 How silent the skin is, the flesh is, growing.

    ↑ 14 Éditions Corti, P. 178.

    ↑ 15 Mais le Textopoly n’est plus, semble-t-il.