Arno Calleja



  • 220418

    22 mai 2018

    Le jeune homme sort du bus. Il entre dans le tramway dans la nuit. Ses vacances sont terminées. Le tramway le ramène chez lui dans le centre et demain il retournera à l’école. Il étudiera. Ses vacances sont terminées. Le jeune homme est à l’école des infirmiers. Il étudie l’anatomie, il étudie l’enfonçage des auguilles, les dosages en millilitres, les sérums, mais il dit ce que je veux étudier c’est l’amour. Il est jeune. Il a la sève.

    Arno Calleja, Tu ouvres les yeux tu vois le titre, Nouvel Attila / Othello, P. 81-82

    Livre étrange. Une action, une phrase, c’est ce qui est écrit. C’est précisément ça. Un récit construit à base de situations, souvent basiques, c’est-à-dire qu’elles reprennent le fil d’une série de clichés de fictions et que ces clichés de fictions, le livre en fait un parcours, pas forcément linéaire d’ailleurs, mais un parcours. J’ai pensé à Quentin lisant ça, le Quentin de La ville fond et des Relevés (pas de Saccage). Faudra le lui dire. Tout est bleu dans ce livre. Je veux dire littéralement c’est bleu. Les phrases sont très courtes, lapidaires, sans adjectifs presque, comme dans cet extrait-là. Ce sont aussi, dans une certaine mesure, des rêves ligotés ensemble avec des motifs qui reviennent (le sexe, la mort, la peinture, le langage des corps). 577 mots pour Eff, toujours sur Sleep. Il faut que je me renseigne sur la motion capture, la modélisation 3D, ce genre de trucs pour Eff. Sur le renoncement à la parole :


    — Non, je ne souhaite pas parler. Je souhaiterais ne plus jamais parler. Mais on n’extirpe pas la parole, on ne l’éradique pas. Elle demeure, elle dévide son fil à l’intérieur. Personne ne peut me couper la parole. C’est une araignée qui tisse des couches et des couches de toile en tournant indéfiniment sur elle-même. Elle trame sans relâche.

    Jacques Abeille, La Barbarie, Attila, p. 16.