18 décembre 2020Il faudrait pouvoir travailler sur la notion de rushs. Pour un projet X ou Y, tu te livres à un premier jet volontairement très volumineux. Je pense à Eff et à ses 500 000 mots (comment ne pas y penser ?). Cette matière, tu la retouches le moins possible, le strict minimum : corrections, rendre le texte lisible. Ensuite tu confies ces rushs à X personnes différentes (minimum deux), auteurs aux parcours variés (romanciers, poètes, nouvellistes, éditeurs, etc.). Chacune de ces personnes a carte blanche dessus. Pour sélectionner des passages, élaguer, monter le tout dans un autre ordre, modifier la mise en page, etc. Le texte, lui, quand il reste, ne bouge pas. Et à partir d’une matière commune, nous aurons autant de propositions qu’il y aura de personnes dans la boucle. À une époque, François Bon et Jean-François Gayrard s’étaient frottés à un projet comparable : le journal de Karl Dubost, chacun ayant pioché à partir d’une matière commune des passages différents, proposant deux livres à partir d’un même flux. Là, ce serait une question de narration aussi : comment, d’une fiction donnée, on fait X autres fictions possibles. Comment d’une fiction on fait une autre fiction, lui faisant dire ce qu’elle disait déjà bien que ne disant pas. |