Avant d’emmener Tartelette à sa dernier séance d’injections à l’école vétérinaire de Maisons Alfort, j’apprends qu’un nouveau recueil de nouvelles d’Amy Hempel paraîtra aux États-Unis au printemps 2019. Cambourakis souhaitera-t-il le publier en France ? Et, si oui, le traduirai-je ? Mais ce n’est pas la seule chose que j’apprendrai aujourd’hui, à commencer par le décès soudain de Jean-François Gayrard, fondateur des éditions Numeriklivres. Avec publie.net, Onlit, Walrus et d’autres, il fut l’un des pionniers (...)
Les portes : lames de métal, plaques d’acier renforcé, une par une elles se ferment dans le film de l’infini. Mais nous avons vingt-deux ou vingt-trois ans et l’infini ne nous effraie pas. À Darío Galicia on lui a trépané le cerveau, deux fois ! Et l’un de ses anévrismes a crevé au beau milieu du Rêve. Les amis disent qu’il a perdu la mémoire. (...) C’est 1976 et c’est le Mexique et les amis disent que Darío a tout oublié, même sa propre homosexualité. Et le père de Darío dit qu’à quelque chose malheur est (...)
Le tatoueur, dont la peau ressemblait à l’écorce, Parcourut rapidement de ses mains sèches mon torse. J’imaginai mon hôte autrefois cartographe Des monts comme des corps, de rêves en épitaphes, Tracer à l’encre bleue les silhouettes graves De nos ambitions mortes, de nos amours suaves, Et révéler aux yeux du public ébahi Ce que chacun de nous cherche à garder enfoui.
Neil Jomunsi, Alexandria
Je ne reviens jamais autant en arrière piteusement dans un livre qu’après une précédente lecture lacunaire, (...)
— Allons-y. Os, dites-vous ? Hum… Os, ossuaire ; un gigantesque ossuaire : cosmossuaire. Cosmossuaire ! Voilà qui est fort intéressant. Vous choisissez vos mots à merveille, monsieur Tichy ! Cosmossuaire ! Eh bien, qu’en dites-vous ? — Qu’y a-t-il donc d’extraordinaire ? Ce mot n’a aucun sens ! — Primo, on dit aujourd’hui : n’a aucune essence. « N’a aucun sens » est depuis longtemps un archaïsme. (...) Secundo, cosmossuaire ne veut rien dire aujourd’hui, mais on peut déjà deviner quelle en sera la (...)
(...) l’astronautique était devenue une façon de fuir les problèmes terrestres. Tous ceux qui en ont assez s’en vont quelque part dans la galaxie, escomptant que le pire aura lieu pendant leur absence.
Stanislas Lem, Congrès de futurologie, J’ai lu, traduction Dominique Sila avec la collaboration de Anna Labedzka
J’ai fait des recherches, des archéologiques, dans l’écran pour trouver, au juste, c’est quoi la signification du truc DLN dont j’ai relu les notes hier, et j’ai trouvé, c’était « Dédale la (...)
Le vieux et sa vieille grimace la grimace qui lui est tombée dans les pieds et qui pue la charogne qui la pue tant que la vague même se détourne c’est là Néoptolème qu’il vit le vieux ou qu’il plutôt survit rongeant sa haine comme le crabe l’oeil du noyé c’est là Néoptolème sur cette terre oui vide et sèche Lemnos la déserte qui est une île à peine qui est comme une épave de pierre comme recrachée par la mer là fils d’Achille qu’un jour j’ai ordre des chefs laissé le vieux c’est qu’on n’en pouvait plus nous (...)
Sérieux : comme en novembre : un pull, un blouson. De ces chaussures des grosses semelles pour marcher dans la boue. Croisé personne dans toute la largeur toute la largeur du parc. Nombre de lapins vus : deux. Nombre de lapins croisés sans voir : si seulement.
Je n’ai pas écrit rien de tout le week-end, voilà ce que je dis, ce qui tendrait à vouloir dire que j’ai écrit des trucs mais c’est faux, tant pis pour la double négation, je n’ai pas écrit rien de tout le week-end égale je n’ai rien écrit de (...)
Avant départ ce samedi pour ailleurs, j’aimerais parvenir à liquider les trucs en cours, ce qui équivaudrait à liquider la Tête et tout ce qu’elle contient. Un ailleurs proche et quelques jours, pas plus, n’empêche que d’ici là j’aimerais que tous ces fichiers soient clos. D’abord (mais c’est en cours) s’occuper des mises à jour prévues sur Livre des peurs primaires et Qu’est-ce qu’un logement. Pour ce dernier version audio normalement terminée, simplement réécouter l’ensemble pour vérifier que c’est (...)
J’ai tout écrit à la main, stylo bille sur cahier grands carreaux, des fois que ça s’échappe trop vite de ma tête, que j’ai pas le temps de noter. J’ai aussi fait des plans, et des schémas que je me suis empressé de ne surtout pas suivre à la lettre.
Pour la premier narrateur j’ai mis : « Parler car c’est ce qu’il sait faire. »
Pour le deuxième : « Tout est un jeu pour lui. »
Pour le dernier : « Croit ou bien sait que le futur est fou (son chien s’appelle Marty). » Voilà les (...)
J’ai découvert l’existence du séisme ce matin, car mon premier geste au levé a été de vérifier mon portable et que sur son écran l’iPhone disait : Le Japon secoué par un très violent séisme - cliquez sur le lien (px connex Internet mobile). Ensuite, à la radio, les mêmes infos en boucle et les mêmes chiffres aussi, d’abord on parlait de quelques morts, moins d’une dizaine, c’était le premier chiffre. Sous la douche, la radio allumée, essayer de mentalement caser l’épisode de La Quatrième Dimension vu hier dans (...)
J’ai cherché partout, sans succès. Je suis resté longtemps devant l’écran à attendre que de lui-même l’écran remplisse la page. J’ai laissé s’écouler la playlist en tâche de fond. Toutes les X minutes, c’est à dire souvent, la petite voix de Spotify disait que pour passer premium il suffisait de... J’ai réellement cherché quelque chose. Pour faire parler le mec invisible, censé être mon personnage, j’ai essayé, dans ma tête, de le rendre plus agressif et de durcir ses traits. J’ai écrit en fin d’après-midi un (...)
C’est par hasard mais c’est le même, le même numéro de train, des fois la même voiture, même place assise quasi, fenêtre, couloir, parfois la même vue qui défile et les mêmes corps aussi qu’on croise est qu’on traverse pendant la traversée. Avant de partir de la neige minuscule tapait la fenêtre, entre les deux la vue donnant devant sur l’en face, la même.
Un peu à gauche et de dos, un ado, la jambe qui saccade, regarde sur son écran minus des images qui mises bout à bout dessinent La liste de Schindler. À (...)
Je l’ai déjà fait une fois, c’était Coup de tête, prendre des bouts de phrase issue d’un film, La quatrième guerre mondiale c’était, dans le but de l’intégrer pèle-mêle au récit. Aujourd’hui Dzoosotoyn Elisen, faire la même chose, reprendre cette fois un politique, un discours, en l’occurrence celui de François Bayrou le 17 avril 2007 : je sais précisément pourquoi je l’ai choisi, lui plutôt qu’un autre. J’ai recherché dans son discours toutes les parties vides, les mises en forme, les mots à part, ceux qui (...)
Je parle rarement ici des trucs en cours trop neufs, ou alors sans trop dire, en gardant l’anonymat du texte comme depuis quelques jours, de peur que ça m’oblige à aller jusqu’au bout. Peut-être pour ça que je me force à donner le titre. Ça s’appellera Dzoosotoyn Elisen ou Dzoosotoyn Elisen quelque chose, truc écrit pour répondre à l’appel Numeriklivres « en attendant 2012 ». C’est censé parler de la fin du monde.
Je me suis rendu compte aujourd’hui (ou peut-être que c’est une fiction passagère ?) que les (...)
Je sais, c’est cyclique et ça n’a rien à voir avec l’inspiration. Hier trouvais un titre pour ce truc qui n’en avait pas. Aujourd’hui proche de lâcher le fichier dans le dossier Dépotoir et qui porte bien son nom. J’ai écrit 40 pages mais qu’est-ce que 40 pages ?
Le problème c’est la langue. Ayant oublié Coup de tête dans un coin je pensais que la langue utilisée là-dedans était, comment dire, unique, alors pourquoi la retrouver dans ce truc là ? Je veux dire : est-ce qu’un chanteur peut se lasser de sa (...)
Je l’ai déjà dit plusieurs fois, mais j’ai besoin de rythme. Ne pas écrire la même chose le matin et l’après-midi. Écrire du frais plutôt matin, corriger, fixer, relire plutôt début d’aprem. Après faut voir. Entre le début et la fin de l’après-midi déjà plus le même créneau et le fait est qu’en fin suis déjà bien cramé, j’ai besoin d’être ailleurs que sur du neuf. Pour ça que depuis quelques semaines ou mois j’ai pris l’habitude de prendre Amy Hempel et de traduire, à cette heure là, généralement après 16h30/17h et (...)