5 avril 2011Avant départ ce samedi pour ailleurs, j’aimerais parvenir à liquider les trucs en cours, ce qui équivaudrait à liquider la Tête et tout ce qu’elle contient. Un ailleurs proche et quelques jours, pas plus, n’empêche que d’ici là j’aimerais que tous ces fichiers soient clos. D’abord (mais c’est en cours) s’occuper des mises à jour prévues sur Livre des peurs primaires et Qu’est-ce qu’un logement. Pour ce dernier version audio normalement terminée, simplement réécouter l’ensemble pour vérifier que c’est conforme. Pour le Livre des peurs ajout de 130 fragments au 100 fictions originelles et organisation des nouveaux textes comme une marelle, conformément à la structure mise en place sur le premier fichier. Après quinze jours passés à tout relire puis corriger puis réécrire ne reste plus dès à présent qu’à finaliser la mise en forme.
Idem aussi pour la nouvelle d’Amy Hempel en cours de traduction, celle qui donne son titre au recueil : The Dog of the Marriage. La terminer, impossible, mais au moins arriver au bout d’une première version que je pourrais ensuite relire et corriger là-bas.
10 mai 2011Je sais pas trop par où finir car, oui, ça sent la fin et je l’ai dit. J’ai décidé de vivre une sorte de remake de mercredi, mais à l’envers. Deux entretiens à cinq cent mètres de distance, cinq heures entre les deux, dans le désordre. Deux entretiens numéros deux. Et Svetlana jeudi qui me conseille littéralement « d’accepter les deux jobs » si d’aventure les deux me sont offerts. Je me dis qu’à un moment donné, ce genre de conseil va se montrer problématique. Pour le premier entretien le mec me dit que mince, y a aucune salle de libre pour se poser mais c’est pas grave : comme il fait beau on peut aller sur la terrasse. Je me suis demandé : est-ce que je serais en train de me faire draguer à mon insu ? La minute qui suit sans que je comprenne vraiment pourquoi voilà qu’il parle moins du job en lui-même que de bouquins que j’aurais pu lire et qu’il pourrait (qui sait) connaître. Je lui dis le truc que j’ai commencé le matin même s’appelle Inferno et dès la première page la phrase « I had never learned from a woman with a body before ». Avant ce truc un autre truc appelé Atopia, petit observatoire de littérature décalée, il en a forcément déjà entendu parler. De retour sur le job je prends des notes sur mon beau cahier jaune dont je remplis la dernière page (celui-là même entamé en octobre 2008 et qui s’ouvrait déjà sur un compte-rendu d’entretien, une embauche à la clé), ce que je note : « CA deux points le chiffre », « Tickets resto souligné », « début du poste : deux échéances par mois ». Ensuite il m’a demandé ce que je répondrais si d’aventure il me disait oui de suite et j’ai dit oui (j’ai pensé merde). Alors il a dit oui de suite. Voilà ce que j’ai pensé, et, littéralement je me suis enfermé sous terre. Jeudi Svetlana m’a mis en garde : de faire gaffe au laps de temps laissé entre les deux entretiens, ne pas risquer d’arriver en retard à l’un ou bien d’abréger l’autre ou même « d’arriver épuisé au second ». Cinq heures de battement entre les deux, je lui ai dit, ça devrait le faire. Entre les deux je cherche une quelconque salle obscure pour profiter de la séance à six euros. Peu importe le film, du moment que c’est bien en 2D sur l’écran, que ça dure pas trois heures, que ça dissout aussi cette cravate qui me sort par le nez. Va pour Source Code. Le réalisateur avant de porter son nom s’appelait Zowie Bowie car, oui, tout est connecté. Le truc commence par ce genre de scène d’intro qui montre une ville américaine depuis le ciel et on a droit à tout : les autoroutes, les voies ferrées et surtout et surtout les buildings et je me suis dit : il y a probablement de mecs payés quelque part pour effacer dans les reflets des tours l’image en suspension de l’hélico en charge de la prise de vue. Peut-être qu’il y en avait aussi le jour du 11 septembre, qui sait ? J’attends au pied de l’autre immeuble, celui censé me conduire jusqu’à mon entretien numéro deux ; j’attends car j’ai pas le code. Lorsqu’un bonhomme (cravate peut-être ?) daignera s’extraire du méga bloc de pierre je ferai mine de d’arriver juste et je remercierai le type de me tenir la porte ouverte pendant que j’avance, même et surtout s’il n’en a pas l’intention ; je me dis les terroristes doivent opérer de cette façon, voilà comment pimenter sa journée. Durant l’entretien je dis des phrases littéralement mémorables du genre « ce qui est gratifiant je trouve » ou bien « le voilà mon moteur pour avancer » et tout le monde se dit wow, moi compris. Si j’étais moi-même mon propre recruteur, je crois que je m’embaucherais, encore que, c’est vrai que c’est compliqué. Mais si je devais me retrouver projeté pour huit minutes à peine dans un train qu’une bombe s’apprête à arracher, comment au-juste je pourrais réagir ? Le voilà le pitch de Source Code. Un mec ne cesse de retourner dans un passé alternatif pour enquêter (mais à rebours) sur cet acte terroriste qui en annonce déjà tant d’autres. On y apprend qu’il est inutile de vouloir empêcher ce qui s’est déjà produit : cela n’aurait d’impact que sur un futur parallèle, aucun sur le présent et je me demande : qu’est-ce qui se passerait si je revenais plusieurs fois de suite sur les dernières huit minutes de l’entretien du matin, savoir combien de futurs parallèles je serais à même de générer et dans combien d’entre eux je ferais résolument tous les bons choix. Je demande au recruteur : comment savoir ce qu’on ferait s’il nous restait tout juste huit minutes à vivre ? On me laisse seul une vingtaine de minutes pour rédiger une réponse fictive à une réclamation client, fictive aussi, pour voir comment je me débrouille avec de l’encre et puis ma langue aussi : c’est un test, voilà. Je remarque que le contenu de la lettre est accordé au féminin mais que le nom de ce client fictif indique un mâle : probablement une de ces histoires de genre, comment dire, indéterminé. Je lis attentivement la lettre. Le mec de Source Code doute de l’honnêteté de ses supérieurs, ceux qui lui disent : « penser, ça nous fait perdre du temps, concentre-toi sur l’action » et je le fais. J’agis. J’écris sur ma feuille blanche ces trois petites phrases pour unique réponse : « Madame, monsieur, je sais que vous êtes fictif. Par conséquent allez vous faire foutre. On ne me la fait pas. » et je demande au recruteur une fois revenu dans la pièce : est-ce que c’est ok ? Voilà précisément un truc que je pourrais annuler et refaire autrement si d’aventure le passé me revenait mais genre en pleine figure, ne serait-ce que pour huit minutes uniquement. La conversation téléphonique une heure plus tard avec le mec du cabinet pour le debrief dure, pour le coup, bien moins de huit minutes. Le type m’appelle par mon prénom et m’encourage à faire de même, quel intérêt de balancer du monsieur à longueur de temps ? Le job est quasiment pour toi, Guillaume, comme il me dit. Je dis super. Et merde, je pense. Je fais ce que Svetlana voulait que je fasse (et je me souviens « quitte à commencer l’un des deux postes histoire de voir si ça vous plaît, vous pourrez toujours vous barrer si c’est pas le cas »). Et je ne sais pas ni quoi choisir ni quand (et encore moins comment). 11 mai 2011J’ai plus besoin de coller ne serait-ce qu’un oeil sur le mode d’emploi de la cravate pour correctement me l’accrocher au cou : c’est un signe. Un sale signe. C’est déjà la troisième fois en une semaine que je me pointe au pied du même immeuble pour un autre entretien censé être le dernier, toujours dans la même pièce et je fatigue. La personne à l’accueil connaît d’avance mon nom. J’écris, j’écris, j’écris dans ma têtes quelques idées muettes. J’attends que le DG se pointe et je me demande : dans Source Code, fallait-il réellement en passer par la case insupportable de l’intrigue pseudo crédible ? Car en tant que spectateur on sait d’avance le gros du truc : on a vu la bande annonce avant. Et si le type explique à X ou Y qu’il n’est pas réellement celui qu’il semble être mais un soldat catapulté en lui pour déjouer le passé, pourquoi ne pas le croire d’entrée ? Moi je le crois. Les dix autres personnes à moitié en sommeil, dispersés dans la salle, elles y croient aussi. Alors pourquoi pas eux, X ou Y, pourtant personnes fictives appartenant à l’univers du film ? Par exemple si le DG m’annonçait de façon intempestive qu’en réalité il n’est pas du tout celui que je crois qu’il est, et bien je lui accorderais le bénéfice du doute. Je suis comme ça. Il me balance : donnez-moi un exemple de cas particulièrement mal géré sur votre précédent poste et je lui réponds : comme par exemple d’insulter un client ou bien traiter sa mère de grosse ? Que de bons souvenirs. Autre détail important : pourquoi avoir appelé le film Source Code ? Pourquoi pas Code Quantum : The Movie directement ? Probablement une pauvre histoire de droits, comme dans ces vieux jeux de foot où les noms des joueurs n’apparaissent pas tels quels mais où on triche un peu pour que tout le monde devine bien de qui il s’agit, alors Cantona devient Cartona, Ginola Granola et que sais-je encore. Et le plus bizarre, c’est que j’ai vraiment aimé ce jeu, peu importe les licences non obtenues par l’éditeur à cette époque : c’était vraiment le pied. J’ai pas besoin que le DG me dise que c’est ok, comme il me le confirmera plus tard, par téléphone, je sais déjà que j’ai le job. Je le savais une bonne semaine plus tôt à l’issu du premier entretien. J’ai pas besoin de huit minutes de rab au cœur de cette journée pour murmurer à mon double d’alors ce dont il était déjà certain. J’ai maintenant entre les mains deux jobs différents, je n’ai plus qu’à choisir. Je m’enfonce dans les couloirs de métro et je me demande : pourquoi il a fallu que ça tombe sur moi, moi qui suis incapable de juste choisir quel genre de pâtes je veux faire pour le repas du soir ? Au pied des ascenseurs d’Auber trois clodos les pieds nus qui roupillent, corps enroulés dans plusieurs couvertures. Je me pose la question : pourquoi des couvertures ? J’ai desserré un max le noeud autour du noeud de cravate. On crève de chaud ici. J’oublie leurs couvertures. Ils dorment. Mon ascenseur se pointe... Mon ascenseur se pointe. Sur ma messagerie molle Svetlana s’impatiente. Alors, elle veut savoir, comment ça c’est passé ? Je la rappellerai plus tard. Un autre message m’explique qu’un énième cabinet voudrait « me positionner sur plusieurs offres » si d’aventure je suis toujours comme on dit « en recherche » et j’aimerais leur répondre : qu’est-ce que j’en sais ? J’essaye de lire pour me changer les idées mais je sais bien que ça ne marche pas. Je me souviens l’année dernière, lisant Quién es ?, avoir vu Billy the Kid éventrer le centre de ma page, il me hurlait : TU CROIS QUE TU SERAS VIRE AVANT OU BIEN APRES LA FIN DE LA SEMAINE ? Ce livre, j’en ai rien retenu d’autre. À présent Eileen Myles à beau écrire ou bien articuler la phrase « It really was a different experience of being a body » tout ce que j’entends sous forme de vagues sur l’écran gris de ma Sony ce serait : ALORS ? LAQUELLE DE CES DEUX BOITES TU VAS CHOISIR ? Et j’en sais rien, Eileen, genre vraiment vraiment rien. Comme j’ai plutôt besoin d’aide, je téléphone à Svetlana. Je lui demande ce qu’à ma place elle pourrait faire. Elle me conseille de prendre une feuille, de séparer en deux colonnes avec des plus, des moins, et de lister l’ensemble sur les deux boites, ensuite faire le bilan et j’ai envie de lui dire : et si d’aventure l’une d’elle apprenait ce que j’ai écrit, est-ce qu’elle ne serait pas un peu vexée d’apprendre que j’ai listé tous ses défauts (je pense à ses chevilles potelées tout particulièrement) ? Mais Svetlana me dit il ne faut pas perdre de vue que c’est une super bonne nouvelle. Tellement. Et elle est tellement fière de moi, faut dire. Vraiment. Et elle répète. Je suis tellement fière de vous, Guillaume. 18 mai 2011Je reçois encore des appels de cabinets qui souhaitent me « positionner » et je réponds : laissez-moi juste où je suis. Je suis un steak sur un grill (je crois que le grill est froid). Je dis j’ai déjà trouvé quelque chose et je m’excuse pour ça. Leur faudra du coup démarcher d’autres steaks.
19 mai 2012Les moulures au dernier étage de l’immeuble, elles plient sous les tonnes d’eau. L’indice d’humidité indoors flotte aux 60%. Hier trouvé une notice bio en 140 caractères : est né un peu avant ou un peu après Tchernobyl (voire le jour même). Son leitmotiv & son site web sont Fuir est une pulsion. Parle mais peu. J’écris deux lignes puis referme le fichier vies //. Fragment XACAA8 encore, sous-titre GlaukHaus n°160. Mis à part le fait que ce glaukhaus est un glaukhaus de 44 étages, j’en sais pas plus. C’est pas grave. Ca viendra très progressivement. J’ai modifié six fois le nom du doc dans le truc précédent (GlaukHaus n°88), à peine trois lettres de battement. Même principe là. Quand tout sera intérieur clair je pourrais me remettre à l’écran. En attendant d’autres choses à tenter. Enfin pu ouvrir Le roman d’Enéas. Et premier jet de ce poème d’Eileen Myles facebooké par Joey Comeau : Peanut butter. 25 juillet 2013Un rêve. C’est un tram aérien pendu entre les tours, là où brille la skyline, je monte pour une station. Il est en verre intégralement ou bien en Plexiglas liquide, je sais pas, y a pas de jointure, y a pas de jonction et puis la rame se bloque à une station d’ici (je sors par la fenêtre). J’ai retrouvé les voix bulgares. Elles sont sur Spotify, voilà le lien. Je les écoute pour composer préface de la version rouleau de Mueller. La préface est écrite par une certaine Mari Martinez de l’université de Ekaterinodar sous une rythmique assez longues de 72 caractères par vers. Quant aux voix bulgares, elles me rappellent la chanson d’ouverture de l’album Song to Fly (je crois qu’il date de 1998) et qui s’appelle Atomic Bird. Retour de Carantec pour l’oxygénation. En remontant le fil des données pluviométriques des choses pour mettre à jour le journal des activités migraineuses, échantillonnage de la douleur & tentative de géolocalisation des crises, je tombe sur cette entrée télégraphique du 17 juin 2012 qui dit Relu et corrigé traduction Eileen Myles, sauf que j’ai jamais rien traduit d’Eileen Myles, pas vrai ? ce qui me pousse à fouiller dans mes dossiers fichiers un truc qui pourrait correspondre et c’est vrai : j’ai fait la traduction d’un poème très très beau d’Eileen Myles qui s’appelle Peanut Butter et l’avais complètement oublié. Plus tard, relisant, je corrige une formule déjà corrigée le 17 juin 2012, justement, et par les tous mêmes mots. 10 septembre 2013
10 septembre 2013Off. Pèse 82 pulsations minute au repos. Rien à voir avec une quelconque mesure chiffrée d’un organe ou d’un vif. Et j’ai trop vu de toubibs en l’espace de six mois : deux fois le généraliste, une fois le neurologue et aujourd’hui le cœur. Pose des ventouse à la poulpe sur mon torse pour calculer ou bien déduire le rythme et la sismographie. Le chiffre 82 tracé sur du papier millimétré par un bras mécanique Parkinson. Feu vert pour l’Avrocardyl mais est-ce que je le prendrai ? D’après lui serait pas mal pour partir d’un bon pied vers un autre comportement général de moi-même. Me dit que le crâne est un ennemi et qu’il faut pas rester passif en face. Il me dit tout un tas de trucs. Plus d’un an après l’avoir bossé je mets en ligne mon Beurre de cacahuète de Eileen Myles et jusqu’au bout j’hésite encore à écrire nues au lieu de nus durant la phrase Nous nageons nus, etc. Mettrai en ligne sans e. |
23 octobre 2013La seule façon de faire savoir à son DG qu’il est un trou du cul, c’est encore de l’écrire sur son front avec un marqueur noir, les lettres à l’envers comme sur le capot des keufs, dans un rêve immiscé au milieu d’autres rêves et puis de lui faire face. Le plus étonnant, c’est encore que je ne me souviens pas avoir pensé ou dit que mon DG réel, quel qu’il soit, était un trou du cul. J’ai lu par accident (par hasard écrirait Eileen Myles), non pas toute les œuvres de Proust mais le début d’un Maigret. Pas vraiment l’incipit mais c’est la première page.
En trois paragraphes dire tout, et ignorer ce qui n’est pas important. Simple. Grande naïveté de ma part que de croire qu’en lisant ces livres-là (Simenon, d’autres aussi), je parviendrai à apprendre d’eux progressivement, quand ce n’est manifestement jamais le cas. 13 juin 2016C’est un élan irrépressible vers la mer. Une mer, une île, un océan, je sais pas, mais un flux des marées faisant ça dans un sens et dans l’autre et puis toujours recommençant. J’ai tout oublié d’autre que ça. Ça et, quelque part, j’étais sur un trottoir à suivre une femme qui marchait devant moi, de dos pour moi, de face pour elle. Un arbre tombé sur l’abri de vélo bloque la porte. Pas de vélo donc. Mais il pleut. Et je ne vais nulle part. Sauf là où l’on me dit qu’il s’y passe quelque chose en deux langues, au détour d’un message, c’est impromptu, j’y vais. C’est rue Saint-Fiacre. Une galerie souterraine où écouter quelqu’un, Ned Beauman, et quelqu’un, Frédéric Leal, lire au micro (et des bruits d’animaux qui s’insèrent, il est question de renard tacheté blanc et de chiens phobiques, de moutons). Nez à nez par hasard avec Céline Curiol avec qui nous avons travaillé Surveillances il y a encore quelques jours. Très bel article sur Diacritik, j’ai oublié de lui dire. Plus bas, un échange riche avec Vincent Broqua et Olivier Brossard, de Double change, qui connaissent le travail de Juliana Spahr. Parlons donc d’Une armée d’amants. D’Eileen Myles. Cole Swensen est là qui connaît Juliana. Il faudrait lire Le nôtre. Une voix sous la terre : la station République est fermée suite à une décision des forces de police. Journée vive, ciselée, le reflet négatif d’une autre qui l’était. Ici, c’est un peu de la beauté du monde entrant dans la lumière et s’installant chez elle, à l’aise, prête à t’entrer dans le corps comme un trait de salive et sucrée. |