22 avril 2011Je sais toujours jusqu’où m’asseoir une fois littéralement en train, à droite ou bien à gauche, pour ça faudrait encore qu’on soit soit le matin ou bien en fin d’après-midi car à ces heures précises je sais toujours sur quel bord versera le soleil (toujours je choisis l’ombre). À gauche en tenant devant moi le sens du train, toujours. En début d’après-midi tout est très différent (car le soleil ondule). Alors je suis jamais bien sûr de choisir quel côté, quelle bordure, quelle fenêtre, me couperait la lumière (car toutes les voies tortillent) alors je prends le risque de m’y exposer (et ça ne manque jamais).
27 avril 2011On nous refait le coup des livres qu’il faut choisir et emporter avec nous en cas de départ soudain (subis ? cédé ?) sur une île déserte, tant qu’à faire située au bout du monde, celui-là, le dernier, et Céline Minard aurait tranché, ce serait visiblement comme une anthologie de l’espèce humaine et de ses mythologies, c’est à dire qu’elle aurait triché, comme quand on répond à un génie qu’on veut un milliers de voeux plutôt que trois, voilà mon sentiment. Le dernier monde est paru en 2007 chez Denoël, repris ensuite en Folio en 2009. La Terre est une île déserte : le voilà notre dernier monde. Et sur cette Terre les gens, les corps, l’espèce humaine a disparu. Ne reste comme trace de leur passage que des vêtements tombés au sol, le corps de leurs propriétaires évaporés Dieu sait comment. Et un seul dernier homme sur Terre. Il s’appelle Jaume Roiq Stevens et, cosmonaute, encore en orbite autour d’elle avant que Terre se vide de son espèce humaine il est le seul homme épargné. Le livre commence dans l’espace avant l’exode instantané de toutes les masses corporelles du monde (ça ferait presque plot line de base pour un épisode de Twillight Zone, d’ailleurs ça l’est : le tout premier épisode de la série reprend l’histoire d’un homme qui se retrouve tout seul sur une planète déserte) et il commence en plein milieu d’une phrase, en plein milieu d’un mot, car c’est déjà foutu, on le sait bien.
Si la Terre est une île, autant la parcourir ; Stevens ne s’en prive pas. Astronaute et pilote, le dernier type encore vivant plongé au cœur du dernier monde débarrassé de l’espèce n’a qu’à récupérer ici et là tel ou tel hélicoptère, avion ou autre quelconque appareil et décoller pour où il veut, si ça lui chante, il est devenu le maître ici, faute de concurrence encore en vie. L’expérience de la solitude, ça lui connaît déjà : déjà en début de texte lorsque ses camarades d’orbite rentrent sur Terre on le retrouve à flotter seul dans la station déserte, passif devant tout ce qui stagne en bas (« Moi, Jaume Roiq Stevens, désormais seul maître à bord après personne » p.33 & « Je suis celui qui regarde par les trous » p. 37, voilà comment il se présente). Une fois de retour à la surface, constater 1) que l’espèce est bouffée par un mal invisible et 2) que selon la formule consacrée « la nature a repris tous ses droits ». Des meutes de chiens devenus sauvages déferlent au pied d’un immeuble de luxe, la végétation, les plumes et la merde recouvrent les centres des villes et tous les monuments. Imaginez tout simplement la zone contaminée deTchernobyl 25 ans plus tard, oui mais à l’échelle du globe. Le dernier monde est celui-là.
Le dernier monde est dans la tête du dernier homme : Jaume Roiq Stevens. Au terme d’une première partie d’un peu plus de cent pages, à la fois excellente et dopée par un rythme nerveux, le texte prend un virage plus sauvage dans sa narration. Ces premières pages, c’était l’intro. Maintenant le vrai voyage commence. Évidemment, le dernier. De la première personne le texte embraye vers la troisième. Et aveuglé de solitude Stevens s’invente des compagnons littéralement de bord. « Le journal de bord personnel de Jaume Roiq Stevens », lit-on sur la faille sismique du livre, juste avant la transition, « , que j’écris moi-même, Jaume Roiq Stevens, est une de ces mesures d’urgence. Je dois me doubler. S’il faut me tripler, je me triplerai. » Et il ne s’en privera pas, oh non, il ne s’en privera pas, domptant progressivement sa petite schizophrénie sélective (ou bien peut-être y succombant ?) comme cet extrait où entre lui et lui, entre ses personae intérieures et bavardes, se joue une partie démente de poker absurde où l’on se partage le monde, ni plus ni moins, et tout ce qu’il contient, jusqu’aux différents alibis mentaux de Stevens lui-même. À la fin de la partie, il perd tout, même des bouts de lui-même car tout à l’intérieur de lui s’émiette.
Stevens et toute sa clique mentale voyagent au gré de la langue, de l’espace et du temps. Asie, Afrique, Amérique du sud ont plus à offrir à la langue que de simples hôtels de luxe ou des villes infestées de primates. Au sein des plus vieilles jungles, foulant la plus vieille terre, le texte ramène à lui toutes les essences du passé traversées par Stevens qui, en bon cosmonaute, fait un peu plus que simplement rester en orbite autour d’elles : parfois il tente des sorties pour s’approcher des mythes. Il s’en empreigne. Il (ré)invente. Il les écoute. Le dernier monde pourrait être un livre de mythologies mentales, si jamais ça existe. Des épopées sont traversées dans des brindilles. Des gueules bourrées de crocs et de mâchoires racontent des hymnes et des ballades, des contes cruels désopilants (comme dans cette courte histoire africaine où l’un des protagonistes demande comme récompense une cuisine aménagée pour sa femme). Stevens s’allie aux bêtes pour en combattre d’autres. Des animaux deviennent des hommes, ils vivent comme ça, tous à travers le texte et quelques hommes régressent au stade des animaux qu’ils singent. On ne sait plus vraiment qui est issu de quoi et qui descend du singe. Le dernier homme perdu, trois fois perdu (dans l’espace, dans sa tête et dans le dernier monde) n’a plus aucune issue sinon s’allier à la nature. Et dans une scène de fantasme sexuelle ô combien pas épargnée par les clichés mais ô combien écrite, Stevens se résout même à résolument baiser toutes les natures qu’il voit, qu’il sent et qu’il traverse (et des milliards de mots sont concentrés dans un seul battement d’oeil).
Je sais que je cite beaucoup, oui mais voilà j’en ai corné des pages ! Le dernier monde est un sacré roman, un monde, littéralement, dont l’écriture est d’une fraîcheur inouïe, enfin un texte avec du rythme et dans une fiction fleuve, en plus. Terrible et drôle, l’écriture de Céline Minard, je la classerai, dans ma bibliothèque, quelque part entre Chloé Delaume et Pierre Senges (et c’est une sacré place). Bien sûr Le dernier monde n’épargne pas l’ennui d’une centaine de pages disons de « ventre mou » mais je lui pardonne tout. C’est un roman comme ça : balèze et nécessaire. « Allons ! », je lis avant de refermer encore, « La tragédie est faite, il ne reste plus qu’à l’écrire. » (P.352) 3 février 2012
Froid glacial. Mes mots pensés vapeur velue sur mes deux verres. Un onc me lâche qu’il y a « lapsus au niveau du comprendre ». On m’extirpe des stats, et à la seconde prêt. Ils maintiennent l’aérien. Sous leurs doublures polioester les corps hachés des trains chlinguent les penne bolo. Je me faufile une place assise.
Et moi, qu’en tire-t-on de ma fréquentation ? On en a vu des ciels palpables qui se sont mis à crépiter. De suite fondus dans l’orbite gauche. Le sang a bien pulsé et les idées bien rouges. Mais si je dois un jour consulter pour mes migraines, j’attendrais, d’abord, d’avoir complété scrupuleusement le fameux journal des activités migraineuses et je ne sais quoi, qui peine à décoller après dès 2009. D’après chaque lettre lue, tout est urgent. Attends, je sors. Je pars m’acheter un pull au Gap d’en face. 25 avril 2012
Terminé The Last Man précisément où (Robinson Crusoé mis à part) commence Le dernier monde de Céline Minard (même si Le dernier monde est écrit 93 années avant Le dernier homme de Mary Shelley, voici la vraie chronologie). Je me demande ce qui pousse tous ces corps (tous, c’est à dire quelques) à avancer sans but et sans destination, comme c’est le cas durant tout le Livre 3, et pourquoi telle direction plutôt qu’une autre ? Pour échapper à la peste, les personnages de The Last Man recherchent des climats froids (la Suisse), mais ils poursuivent tout de même, au-delà, vers l’Italie, la Grèce (comme quoi la fuite ne connaît pas de terme). Par exemple : aller au sud. Mais, au-delà du Cap Horn (par exemple le Cap Horn), jusqu’où pousser ? Jusqu’aux glaces ? C’est aussi dingue que dans une main la vive chaleur de tel doigt contre neuf autres doigts gelés. Je n’ai pas la réponse à ces questions. Une ecchymose a poussé juste sous l’ongle. 26 avril 2012Retour sur The Last Man. A plusieurs reprises durant le livre 3, celui de l’après peste, il est question de repopuler la Terre (puisque l’humanité s’éteint) et ce même dans les derniers chapitres du livre 3 où la Terre (c’est-à-dire l’Europe, c’est-à-dire l’Angleterre) ne compte plus que trois membres humains, à savoir Lionel (narrateur), Adrian (égérie masculine de Lionel) et Clara (nièce de Lionel). L’idée ne va jamais plus loin que la formule, repopulate the Earth 1, et personne ne met les mains dans le cambouis pour. Mais quoi ? Faire un gosse à sa nièce ? Et ensuite ? D’autres gosses aux gosses des gosses venus ? Bien sûr que c’est con. Mais pourquoi le narrateur ne fait-il pas face à ce foutu dilemme ?
Je ne sais pas si The Last Man est un roman raté, je m’en fous (comme je me fous du peu de bon anniversaire lâchés ce jour sur le seuil de Facebook...). Si c’est le cas, savoir que j’ai pour beaucoup de romans dits ratés plus d’affection que pour d’autres chefs d’œuvre. Le problème, c’est que durant lecture se sentir comme la veille, demi-finale retour de Champion’s League : quand on sait pas pour qui on est, à chaque fois qu’une équipe marque, être à la fois heureux et triste.
A la toute fin, et comme prévu, Lionel Verney (narrateur) est seul. Il part en mer en quête d’autres que lui. Si je devais traduire moi-même (ou retraduire) ce texte, je le ferais à la manière des clercs du Moyen-Âge : en modifiant des trucs. En épurant le livre 1 à quoi ? Neuf ou dix pages. Et, à la place, je lui substituerais un livre 4 : suivre ses traversées aqueuses. Pour rappel, dans Le dernier monde de Céline Minard, le héros ne croise personne lors de ses errances géographiques (mis à part quelques milliers de bêtes, des fantômes et des fictions mentales). 27 février 2014
J’aime assez les mouvements narratifs du dernier Céline Minard, Faillir être flingué : consistent à rassembler plus tard au même endroit spatial des personnages plus tôt éparpillés et aux destins étrangers. Et ce qui est intéressant dans ce texte ce n’est pas tant le côté western dont a beaucoup parlé la presse, c’est un récit qui pourrait se dérouler dans n’importe quelle autre époque (ou plutôt non, à la frontière entre n’importe quelles époques). Ce que moi je retiens c’est qu’elle semble beaucoup plus s’intéresser à l’animalité qu’à l’humanité des choses. C’était déjà le cas dans Le dernier monde (qui était aussi Le dernier homme de Mary Shelley), et c’est frappant ici aussi. Les bœufs, les chevaux, les moutons, les oiseaux, le gibier pour la chasse, le blanc, le sauvage, le métis. Et les interpénétrations permanentes de mondes différents bientôt joints en un seul. Quelque part, nous aurions pu glisser vers la mystique chamane. Indépendamment d’une certaine réécriture naïve de l’Histoire (mais ce n’est pas l’Histoire qui est dite, c’est le conte oral de la Vie), le plus agréable à lire, ce ne sont pas les scènes issues de la trame narrative, mais bien la construction humaine des villes, les fondations d’un passé qui commence à oublier peu à peu sa terre et sa mythologie. 12 juin 2017Ulysse : fin du chapitre « Éole ». De l’Ulysse 2240 à 2817 : 577 jours de durée (une heure dans le livre, de midi à 13h). Soit environ 10 jours par minute littéraire. Eff : 1008 mots 2 de brume sur Gustavo Santaolalla. Dans Carnet de Pripyat 3, Carlos Rìos : Son corps n’est pas encore celui d’une femme complète. Nue comme un lièvre, vierge de toutes les mains qui montrent les trous de chaque univers, la Preobrazhénskaya caresse avec délice la surface calcaire d’une bibliothèque vide. On était là avant, aussi, avec d’autres cartes en tête, d’autres missions à accomplir, d’autres économies moins brusques peut-être, d’autres planètes terraquées, d’autres palanquées secrètes. Plus loin encore, Le grand jeu : Nous ne partageons pas l’espace avec les animaux. Nos territoires ne se recoupent pas. Non pas parce que les cartes objectives qu’on pourrait en lever ne coïncideraient pas (cela pourrait être) mais parce que leur territoire n’est pas une surface à proprement parler. Ce n’est pas une étendue dont on pourrait tracer les limites. Même si le ragondin ne franchira jamais telle ligne de crête, tel tronçon de rivière durant le cours de sa vie, sauf s’il y est contraint, il n’a pas pour autant un domaine limité à sa disposition. Son territoire c’est sa pratique. Une pratique vitale, qui subordonne à ses actions la matière dans laquelle il circule. Grignoter, déféquer, attirer, repousser, donner de la voix. Ils nous voient, ils nous entendent, ils se cognent aux planches, ils s’écrasent sous nos pneus mais ils n’évoluent pas dans notre espace. Et je ne sais pas où j’en suis avec ça. Ce que ça tisse en moi ici. En moi et hors de moi. Paralysé par la possibilité d’une béance, un vide, ou tout simplement l’écoulement du temps peut-être. Mais je n’ai pas su gérer ça. 11 décembre 2018
Trois, c’est un bon chiffre pour lire. Trois livres en même temps, je veux dire. Je retomberai souvent sur ce rythme. Ça permet quelques alternances, des rythmes A, B, C, B, A, etc. C’est comme une danse. Ça implique de lire des trucs un minimum différents. Bashō 5 : Ceux qui m’accompagnent sont deux, l’un est un samouraï de la vague, l’autre un moine qui suit les eaux et les nuages. Du mal avec La montagne magique. Déjà, j’ai du mal avec l’idée qu’un livre commencé quelque part ne puisse pas être terminé au même endroit. Il aurait donc fallu tout lire au Japon. Mais non. Je saute pas mal de trucs, ce qui m’arrive assez rarement. Par exemple de longues joutes oratoires un brin rébarbatives (a tad). Mais je reconnais des passages magnifiques sur le temps, et le recours à la radiographie, l’apprentissage du corps par l’envers. Quand j’étais enfant puis adolescent, et que R. et A. étaient quelque part mes seuls amis, j’entendrai souvent mon père dire que trois, c’était un chiffre qui pose problème. Pourquoi ? Parce qu’il en faut toujours deux pour se retourner contre un autre. Ou un pour se sentir exclu. Je n’ai pas ce problème avec les livres. Et je n’ai pas ce problème avec personne. Dehors, c’est dimanche. Avec ce que ça peut impliquer de gris, de blême. Il fait ça dehors. Pas en moi. Pas d’écran presque (respiration). Est-ce que les lunettes fonctionnent ? Nouveau maté, un maté bio, vert foncé, sans marque apparente. Bizarre. Je crois que j’aimerais en revenir au Canarias des débuts, mais juste un tout petit peu moins fort. Plus que quelques jours et je pourrais me remettre à écrire Morphine(s), un genre de western futuriste en Sibérie. Mais je sais plus trop d’où sort ce mot, western. Jamais aimé ça, les westerns (je parle de cinéma). Et en fait, à présent que je me penche sur la question en écrivant ces lignes, je me rends compte que j’ignore tout à fait ce que ça peut être (ou ne pas être) un western littéraire. Il y a eu Faillir être flinguée de Céline Minard. Des trucs chez Gallmeister. J’ai bien dû en lire d’autres. Est-ce que ça se lit ? Nous irons en voir un au MK2 Bibliothèque, Les frères Sisters, un truc très bien fait, avec de superbes scènes de fusillades, notamment celle qui ouvre le film. Idéalement, Morphine(s) prendrait la suite de Eff. S’imposer, en contrainte, de l’écrire (ou de le corriger) chaque jour. Mais d’être là pour lui chaque jour. Je crois que c’est cette disponibilité-là qui est importante. Après le salon des éditeurs indépendants le week-end prochain. C’était une bonne date. |
25 juin 2020Ça me désole un peu de le reconnaître, mais le meilleur outil pour écrire de façon fluide sur cette tablette, et en bénéficiant de capacités de Cloud optimales, c’est encore dans un Google Doc. Zoho a procédé de son côté à la mise à jour attendue sur Notebook quant à la question de l’export des textes : dans les faits ça fonctionne (export possible dans un format interne et en html, soit). Mais à l’usage, on se demande quand même s’ils n’ont pas fait exprès de proposer un angle d’attaque tordu à leur module. Pour commencer, on ne peut pas faire un export ciblé (exporter un carnet, qui correspondrait à un projet précis, par exemple), c’est tout ou rien. Admettons, on exporte l’ensemble de nos notes, et on choisit html. Mais les fichiers ne sont pas regroupés par projet : on n’a pas, d’un côté, le carnet A, de l’autre le B. Tout est mélangé. Tout est mélangé, et tout est informe : les noms de fichiers sont une suite de caractères sans possibilité d’en faire une métadonnée fiable (un titre pour commencer ; or chaque note possède un titre). Il faut donc les ouvrir pour savoir ce qu’ils contiennent. Cela pourrait être une déception, ce n’est pas le cas. J’ai passé la journée à me dire : ce soir, j’irai tout simplement dans le passé à Altissia avec mes 50000EXP, je me rendrai dans cet hôtel de luxe qu’il y a là-bas et, pour 30 000 gils la nuit, je multiplierai par 3 mon expérience, de quoi rattraper mes 4 ou 5 niveaux en moins qui me permettraient de retourner à Insomnia finir le jeu. Moyennant quoi, je me retrouve finalement à écouter, non pas un Bolaño comme je le souhaitais un moment, ils ne sont plus en ligne sur France Culture, mais une lecture du Grand jeu de Céline Minard, un bandeau sur les yeux, une capuche sur le bandeau, et une éponge congelée dans la capuche que je bouge régulièrement pour suivre le bon nerf. Là encore, ce pourrait être une déception mais j’en étais à me dire : c’est bien aussi. Si tu obstrues un œil, est-ce que la lumière qui va dans l’un finit par ressortir dans l’autre ? Est-ce que les nerfs sont des nerfs communiquants ? Poulpir a peur de moi quand j’avance à tâtons encapuché, les mouvements hâchés, dans l’espace du salon, sans voir pouic. Elle croit que je suis autre chose que moi-même, s’en remettant donc plus à sa vue ou à son ouïe qu’à son, je ne sais pas, odorat ? flair ? instinct ? Elle me voit moi mais me prend pour un autre. Un genre d’homme des bois ou de femme sorti du Grand jeu pour (qui sait, il y a bien une marmotte) intéragir, ce qui est en soit plus que suspect. |
↑ 1 En réalité cette formule n’y est pas. On y trouve juste son envers « depopulated earth ». C’est une invention mienne.
↑ 2 Non, 1013, rajouté cinq entre temps, presque rien, pour pas de raison du tout, quelque chose comme un thé.
↑ 3 P. 101, paru à L’atelier du Tilde, traduction Charlotte Coing.
↑ 4 P. 120.
↑ 5 « Notes d’un voyage à Kashima », in Journaux de voyage, Verdier, traduction René Sieffert, P. 41.