Entre octobre 2010 et octobre 2011, je recevais chaque semaine une sélection de news concernant la ville de Chongqing en Chine, à la base pour écrire quelque chose du même nom (depuis tombé en abandon ; je n’exclue pas d’en ressusciter une partie pour alimenter ///) et qui a fini en cut-up publié chez Benoît Vincent à l’occasion d’un lointain vase communicant. Tenté relancer mon abonnement à ce truc, via la plateforme Tabbloid Delivery Service, qui aujourd’hui n’existe plus, d’où création (...)

Quittons Morlaix, 8h30 heure locale, pour retour Paris via escale aux alentours midi au Mans, déjeuner aux Sept plats, comme souvent . Surveille avec une attention particulière l’évolution intérieure de la tête dans la tête, car les longs trajets en voiture la provoque. Les premières salves de crâne se dessinent après Le Mans pour les deux dernières heures de trajet. Tenterai, en vain, de la repousser au plus profond d’elle-même via des méthodes thérapeutiques très douces et non chimiques, (...)

Il en est de l’individu comme de la plupart des gens. Ils pensent qu’ils se régénèrent mais en réalité c’est un vide dans lequel ils deviennent à moitié fous.
Thomas Bernhard, La cave, L’imaginaire Gallimard, traduction Albert Kohn, P. 76
Le retour à Paris implique aussi, nécessairement, semble-t-il, le retour aux sons. On se relaye visiblement, entre ou dessous les briques, pour faire siffler les machines. Quelqu’un ou quelque chose, de huit à neuf heures ce matin, a fait crisser un (...)

D’autres découvrent dans leur tiroir au taf des trésors monétaires, un billet oublié, de la petite monnaie, de l’or nazi je sais pas, des timbres, moi je trouve des cachets minuscules, ronds de forme, moulés sous un opercule blanc et puis surprise : ce serait pas deux mais quatre Relpax que j’ai laissés dans mon premier tiroir juste avant mes congés. Les emporte. Ca m’en fera cinq en tout.
Je suis parti par le 6689 de 18h57 encore. Si je ferme les yeux forts, des pigments ocres et pixels (...)

À croire que j’emmène tout le monde manger au Num. Retrouvé N. fontaine des innocents un peu plus tôt, je suis venu par le sous-sol. Mangé là-bas, parlé pas mal. Des Gagnants de Cortázar. D’affiches datant d’il y a dix ou quinze ans, Freddie Ljungberg, Arnold Schwarzenegger dessus. Ignore comment on en est arrivé là. Avons mangé au Num, donc. Un type a dit playboy, t’as pas une pièce pour moi ? Un mec m’a planté dans les yeux ses deux noirs pour me lire le code-barre à la moelle. Un autre (...)

C’est un lapsus antérieur à la langue car je voulais pas dire, écrire, penser, calamité chromatique mais calamité climatique. Trempé jusqu’à la moelle, l’épine, malgré le parapluie de marque noir. Me suis risqué dans les vagues de la ville pour une salade aux lentilles froide rectangulaire.
Une phrase lue dans La Horde :
Le plus difficile, tu verras, c’est quand ça devient si absurde que tout le monde perd sa lucidité. Essaie, toi, de toujours te distancier, au moins mentalement, de ta (...)

Depuis quand j’avais pas mis les pieds dans un magasin de sport ? Des pompes des fringues des trucs pour courir bois de Vincennes, faire baisser les 82p d’hier. Courir : comme mon père comme mon frère, comme Nate pendant Six Feet Under.
Le soir chercher boulevard Sebastopol quelque chose quelque part pour faire une impression papier, finir dans le hall d’un hôtel je sais pas quoi, rentrer déçus, seuls mais plusieurs.
Seb Ménard dit cette phrase : je lis plusieurs journaux en ligne — (...)

H. a rencontré A. à Berlin y a quelques mois, il a dormi chez elle deux trois jours et elle est à Paris cette semaine. Parle un français parfait ; est parfaitement aphone ce soir. Parlons avec des gestes, avec des lueurs dans nos visages, avec nos articulations, via des mots crits sur des feuilles de papier ou des serviettes jetables. J’ai honte de mon allemand perdu : je sais dire liebe A., Kaninchen, Abitur et puis bien sûr l’inaccessible Auf den Marmorklippen. Écrit en lettres noires, (...)

Ils expulsent des pauvres à coup de bulldozer, c’est-à-dire que des machines dépècent les murs en carton des immeubles alors que les pauvres sont encore à l’intérieur. Lorsque le toit tombe on les voit onduler. On dit qu’ils sont ici depuis tellement longtemps et qu’ils sont tellement pauvres qu’avec le temps leurs corps sont devenus l’étoffe des murs et qu’ils se sont changés en éléments poreux. Il y a des corps sur les grilles pour s’opposer et il y a des corps de l’autre côté de ces (...)

Tout Twitter parle d’un homme qui circule dans Paris armé d’un fusil de chasse ou d’un fusil à pompe, de grenades as-tu entendu dire dans les couloirs, qui a tiré dans les locaux de Libération, tiré encore devant la tour machin à la Défense, réquisitionné une voiture, est parti sur les Champs Elysées et s’est enterré quelque part, tu ne sais où, dans les galeries souterraines du métro. Tu n’as pas beaucoup plus d’informations concrètes. C’est une chasse à l’homme numérique.
Le soir venu, (...)