![]() 5 juillet 2011![]() je fais que lire & même quand le vent tombe tous les regards serrés de l’openspace je fais que lire jusqu’à son paroxysme > les lettres imaginaires
je lie le sang > du verbe lier > qui tourne en moi comme le circuit vicié d’une même vieille bouche d’aération> du genre de celles qui soufflent juste en dessous & je serais métro à ciel > artères > ouverts parce que comme lui je vais nulle part je tourne
je fais que lire > j’y suis pour rien > le téléphone se tait et moi oui je m’endors
![]() 15 août 2011
Nous sommes partis samedi à l’aube. L’aube nous léchait la nuque, oui le pare-choc arrière. Nous avons fait durer la nuit jusqu’à ce que nuit mastique (le jour). Sommes arrivés à telle heure, avons bu l’air marin. Goûté un pétale de l’orchidée chimique, celle-ci croisée bleu de méthylène. Sur la plage dans la boue avons lâché le chien. Avoir dit à Nesco : Nesco Nesco où sont tes yeux ? est-ce qu’ils sont-ils ? Je me souviens : souviens-toi Roskoff, Santec et Carantec. J’ai moi les yeux qui se pourchassent, ce qu’ils vacillent. Avoir repris une à une les rues de Morlaix et puis celle-ci : celle-ci nous y avons vécu. On l’appelle entresol. Nous avons vu la mer. Le chien devant les jambes, la plage immenséenne. Sous les semelles Kickers crépiter coquillages. Le chien ce chien le bec dans le sable. J’appelle, t’appelles, nous l’appelons. Et puis vivre à Paris la belle idée, et pourquoi pas ici ou pourquoi pas là-bas. Frapper la cloche plus loin, la maison sur la plage. Depuis que nous venons la porte jamais ne s’ouvre. Soleil derrière la brise, mon ombre a un chapeau, elle commence à mes pieds, s’éteint où Nesco plonge. Des flaques. Maisons à vendre ici combien y en a ? J’aimerais ne rien posséder, non, vivre à l’hôtel, dans un meublé, ne jamais rien acheter et sûrement pas accéder, ici, là-bas, à la propriété. Nesco sommeil sur mes Kickers. Le jardin au soleil chez H., ses parents. Boire de l’alcool boire des fonds de verre. On devrait vivre ici : ici sur la carte : là au centre de tout. Qu’elle est blague cette histoire. Nous repartons demain. Devenu matin même. Sommes repartis matin. Repousser vingt-quatre heures le départ ? Dire au taf : je suis ailleurs ? Je le suis. L’étais. Retour soleil plein phare sur la carrosserie noire de la Twingo. Tatoué cul d’un biker affichette de saison : « Wanted good woman ». On joue contre le jour, courir au château des Carpates. Demain voir V. et M. Ne plus rien dépenser d’autre que le nécessaire strict. Les journaux de Jünger, sa correspondance : en font-ils partis ? Peut-être, si je les trouve. Retour Y. 16h, aucune mer ici-bas, trop loin de l’ouest pour qu’un seul Dafalgan suffise. Douleurs amarrées au décor : la lumière, la chaleur, tableau de bord qui décolle. Nom du nouveau médoc : Lamaline. Gélules. Ce médicament contient une substance oploïde qui est inscrite sur la liste des substances dopantes. Une seule. L’utilisation prolongée et à de fortes doses peut conduire à un état de dépendance. Dormir. ![]() 9 juin 2012![]()
Épuisé comme un corps amovible (amovible à soi-même). Me réveillant telle heure la certitude que si ce long sommeil réparateur l’est bien c’est dû à toutes ces tonnes de terre importées de si loin et stockées là, autour et sur et contre moi, au creux d’ici-même, l’abbaye de Carfax, peut-être juste pour le son d’ailleurs, kssssss, Carfax.
Concernant le brique-appart, l’agence qui devait nous donner une réponse « avant la fin de la semaine » ne l’a pas fait. Dans mon boulot, je fais toujours très attention à ne surtout jamais garantir aucune deadline dans mes réponses. Sauf que je bosse au SAV : je suis censé être désagréable (et la plupart de mes phrases commencent par la question « c’est quoi le problème ? »)
Passe la journée à relire, corriger, le rapport d’un collègue de 86 pages. Parle de Data Warehouse, d’accroître la rentabilité de ceci, d’analyse des ventes incrémentales de cela. L’objectif est de faire une base non contaminée, je lis. Je lis : l’objectif est d’améliorer la puissance de la productivité du canal. Passe la journée. Au moins ne pas avoir à se dire qu’on saurait rien écrire et que vies // devient poussière. ![]() 12 mars 2014
3.91km, 25’56min sur le Canto Ostinato synthétisé. L’appareil embarqué dans l’iPhone est bien mort, la preuve. Quant à moi je coure contre le jour, comme Dracula vers les Carpates 1, le jour perd du terrain. Dans ses Vies minuscules, Thomas corne la page
puis, plus loin, cette autre.
![]() 9 mai 2017Un angle pour ADP ou plusieurs. De quoi enfin prendre du plaisir à ce que je fais. Alors j’ai ouvert Emaz, j’ai ouvert Dracula, j’ai ouvert Bolaño. J’ai mis du Fly dedans. J’ai mis des bêtes et des insectes et des matières friables et on verra (demain, après-demain, après-après-demain) ce que ça tiendra. Ça manquait d’animalité, voilà. H. est parti courir le marathon de Paris, je regarde de temps à autre sur une fenêtre Twitter pour voir où ça en est. Je n’aurai pas dû essayer d’aller à la tour de l’Eau au niveau où j’en suis. Apparemment, il faut attendre le niveau 14. 662 mots d’Eff après coup. Un évènement peut être à la fois dans son propre futur et dans son propre passé. Un moment là, près de la Seine, alors que la nuit tombe et que c’est tôt encore, l’air est tout chaud du jour. Je n’avais pas réalisé ça, cette chaleur, englouti dans l’écran du MacBook pour trisser des trajectoires pour ADP. Des histoires souterraines qui vont me servir, moi, à m’ensemencer d’une rush de tension, d’enthousiasme retrouvé à vouloir l’écrire. Philippe de Jonckheere : s’il y avait eu à mon égard le moindre trait à retenir, c’eût été la rareté de mes prédilections 2 PSG - Guingamp pendant que j’essaye d’atteindre, finalement, le cristal de l’Eau (4-0). ![]() 21 juin 2020C’est ce que le coiffeur m’a dit à ce moment-là : il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre. Deux ou trois mois. Que j’en étais à la phase relou d’entre-deux qui font qu’on a l’air moche avant d’avoir l’air d’avoir des cheveux longs. Bien qu’il ait dit relou, il n’a pas dit moche, mais moi oui. C’était après m’avoir coupé un centimètre de pointes ici et là, et m’avoir facturé 27€, somme à laquelle s’est ajoutée 3€ de taxe covid, ou Dieu sait comment il a appelé ça (et dire que j’ai peut-être mis en danger quelqu’un par effet de ricochet pour ça). Attendre, je sais faire. Présentement, j’attends de m’éloigner de l’épicentre d’une crise sans douleur pour me remettre à une activité d’écran normalisée. J’attends que des textes retombent (après avoir, du moins je l’espère, gonflé à la cuisson de leur écriture, quand il y a eu cuisson). Dans quelques mois ou semaines, je pourrais en relire. J’attends, aussi, lors de ce morceau de Philip Glass dans sa suite Dracula : l’interview with Renfield. C’est un peu avant la fin de ce mouvement pour cordes, sans piano, et c’est une fausse fin, une respiration, un moment d’attente avant réellement de finir ; en somme, une suspension. Une façon de se détourner du terme du morceau, un écart, un masque. Des masques, on en porte sans arrêt, et sans s’en rendre compte. Quand on parle à quelqu’un pour commencer, même quand on ne porte pas de masque, même avant le covid. Quand on parle, on est masqué par son langage, et par une interface qui se fait entre soi et les autres, et qui tend à manifester soi aux autres ; où est la vérité là-dedans ? Même chose quand on stocke des lentilles dans un bocal ayant jadis contenu des châtaignes, de la polenta dans celui pour la ratatouille, ou du quinoa dans celui des haricots. Aujourd’hui, ces bocaux sont vides et alignés sur le buffet, signe soit que je n’ai plus rien à manger, soit qu’il va bientôt falloir les remplir à nouveau. C’est la même chose avec les Mara des bois (de supermarché) : le goût de liquide vaisselle qu’elles sont, c’est pour masquer quels vices ? Quant au masque lui-même, qu’on est censé porter pour protéger les gens autour de soi des miasmes dont on pourrait être porteurs, c’est plus compliqué. S’agit-il d’un outil réellement efficace pour limiter la progression du virus ou s’agit-il aussi (ou parfois surtout) d’un message qu’on adresse à d’autres ? Je porte un masque, je te respecte. Comprendre, je ne veux pas ta mort ni celle de tes proches. Faut-il ne les mettre que lorsqu’on va dans un magasin par exemple, ou également quand on marche dans la rue ? Quand on se promène en forêt (mais enfin quelle forêt) ? Quand on roule à vélo ou en scooter ? Quid du masque dans la narration même, qu’on peut choisir de retirer d’un coup lors d’un moment particulièrement dramatique de l’intrigue, pour non seulement briser son adversaire mais aussi briser le quatrième mur ? Solid Snake fait ça dans Metal Gear Solid quand il remarque à voix haute que la musique s’est arrêtée (comprendre, la bande-son du jeu, on est donc dans un moment mis en scène, dramatique). Arsène Lupin le fait aussi vers la fin des Dents du tigre : « Je te répète qu’elle n’existe plus. Tu n’as pas vu la grotte ? Florence n’existe plus ! ![]() 7 août 2020On ne passe pas après Bolaño. Chaque fois c’est pareil. Je ne parle même pas de faire suite aux Détectives sauvages ou à 2666. Même un texte mineur, derrière tout est sans saveur. Sans intention. Sans tension. Car c’est tout autant le cas avec ce roman fond de tiroir, impublié de son vivant, qui a toutes les apparences du roman raté, ou abandonné en cours de route, miroir d’autres de ses livres qui, eux, fonctionnaient ; mais non. Les déboires d’un vrai policier est un roman marquant, qui a beau rejouer à l’identique 2666 et Les détectives sauvages, il est tout sauf négligeable. Et n’importe qui écrivant ça de nos jours pourrait le considérer comme son chef d’œuvre. Quoi faire alors ? Ne pas lire ? C’est ce que je fais. Dans le train pour aller (et revenir) de Rennes hier, c’est Christopher Lee qui me lit Dracula (mais moi non). Pas lire, c’est lire quand même. Aujourd’hui rien. Ou si peu. Rien écrit non plus, si ce n’est ce journal. Pas de nécessité à le faire. Pas d’allant. Pas de vie. Non que rien n’aille : tout va. Non que je vive au lieu d’écrire : je ne vis pas. Je ne sais pas ce que je fais. Sans doute suis-je entre. ![]() 17 août 2021J’avoue désirer fort, les jours de traversée d’un territoire en train, par exemple aujourd’hui, par exemple pour rallier la ville aux sept collines depuis P. via Rennes, Laval, Le Mans, Massy TGV, Le Creusot TGV, Lyon Part-Dieu, Givors Ville, Givors Canal, Rive-de-Gier et Saint-Chamond, qu’il fasse nuit tout le jour. Ou particulièrement mauvais. Pluie, nuages, orages s’il le faut. Qu’un corridor de nuages me suive du départ à l’arrivée. Qu’un boudin d’ombres me déplie le tapis sale. Et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. De sorte que je me fais moins l’effet d’être un gandin qui prend quelques jours de congés qu’un conte transylvanien en marche vers l’abbaye de Carfax, enterré dans la terre de ses ancêtres à fond de cale, et voguant sur une mer rauque nappée de ses brumes. Si je devais pactiser avec un démon, c’est sans doute ce genre de pouvoir que je demanderais en retour de mon âme (à supposer seulement que mon âme vale quelque chose). Orbitor 3 : Serti comme une pierre dans leur anneau, le Bucarest nocturne envahissait me fenêtres, se déversait dans ma chambre et pénétrait si profondément dans mon corps et mon cerveau que, dès l’adolescence, j’imaginais un amalgame de chair, de pierre, de liquide céphalo-rachidien, d’aciers spéciaux et d’urine, un amalgame qui, étançonné par des vertèbres et des architraves, animé par des statues et des obsessions et digérant au moyen de boyaux et de centrales thermiques, auraient fait de nous un seul être. |
↑ 1 Les Carpates sont devenues chez moi un lien html mental pointant chez SebMénard.
↑ 3 Mircea Cărtărescu, Denoël, traduit par Alain Paruit.