H. m’apprend qu’il existe un Saint-Thégonnec quelque part et il y a un écart de quinze degrés entre l’extérieur et l’intérieur de cette pharmacie. D’ordinaire, je n’y mets jamais les pieds car ils n’ont jamais rien (or donc pour savoir ça il faut un jour y avoir mis les pieds et ma phrase est conséquemment fausse). Et dans la brochette de trois pharmaciens derrière leur comptoir, tous debout (pourquoi ? qui a décrété ça, qu’ils devraient passer leur vie professionnelle debout ?), je choisis (...)
Presque rien. Cet EP de Blonde Redhead, 3 O’Clock, c’est mon seul bonheur, là. Et notamment ces lentes instrumentales qui finissent les morceaux mélancoliquement. 898 mots en partie sur ça. Et parce que le Molloy numérique que j’ai numériquement emprunté via PNB car T. m’en a parlé samedi avant Londres n’est pas viable sur la Kobo, probablement car il est mal codé et pas pensé pour de longs paragraphes, j’en suis à le lire sur l’iPad, il y a des années que je n’ai pas lu sur l’iPad, et en couleur inversée (...)
Je marche dans de la neige (mais c’est pas moi qui marche). À l’endroit de ce manuscrit dont je lis les deux tiers je liste des écueils qui sont aussi, cruellement, ceux que je pourrais tirer d’Eff si j’avais assez de recul. Réfléchis en passant à Bajir, à cette forme d’incarnation que je cherche, qui m’échappe, notamment car je pense à l’envers : je pars de ce que je sais techniquement faire pour le plaquer au texte. C’est du texte qu’il faut partir, et le représenter autrement qu’il se croit [1]. Un (...)
Aussitôt après les salutations, Glenn avait dit qu’il n’avait aucune nostalgie de l’Europe. L’Europe n’entrait plus en ligne de compte pour lui. Il s’était retranché dans sa maison. Pour toute la vie. nous avons toujours eu tous les trois le désir de nous retrancher pour toute la vie. Nous étions tous les trois des fanatiques invétérés du retranchement.
Thomas Bernhard, Le naufragé, Folio, traduction Bernard Kreiss, P. 24
Hier rentrant des courses au sol je les pose puis je les oublie là. Passe trop de (...)
Une carte de la zone contaminée de Tchernobyl (export pour la réinjecter dans la carte uMap que j’esquisse). Ça vient d’un site qui organise semble-t-il mais des visites de la zone en question. Il y a des vidéos, des images. Je suis réticent à ça (aller voir ça). Je voulais faire ce truc sans rien savoir de rien, sans avoir aucune vue, en partant de zéro. Bien sûr il y a des documentaires et des photos, il y a même des bandes-dessinées. Mais je voulais venir sans rien, et partir de moi-même. Il y a (...)
Il y avait une espèce de grand chien noir, c’était un rêve, j’en sais rien. J’ai repensé au grand chien noir pixelisé dans Stalker. Couru 5km94, 39min05, sous le soleil, matin, sous les Love Fail. En regardant les types s’entraîner à boxer, c’est-à-dire répéter les mêmes gestes encore, encore, encore et encore, au ralenti ou en accéléré, mais les mêmes gestes, toujours, je me dis que pour maîtriser mieux l’audio il faudrait me forcer à en faire régulièrement, une fois par semaine par exemple, trouver un (...)
Pour la soirée Publie de mardi j’ai proposé de lire un bout de mondeling. Ce truc est terminé depuis près de deux ans et j’avais décidé, à l’époque, de ne pas le relire, de le laisser au fond de moi, de n’y revenir qu’à la publication, voir l’effet, la substance, la matière. Aujourd’hui, en relisant la chose, prenant appui sur le texte que je pensais lire, je me dis putain, c’est in-lisible [1]. Pas une bonne stratégie peut-être bien. Pas d’élections non plus : hier H. m’a dit qu’on ne votait pas ici. J’ai (...)
Cherché longtemps, pour Morphine (l’interlude #5), un torrent d’Avalon, film de Mamoru Oshii, sorti en 2001, tourné en sépia et en polonais, dans un monde virtuel, qui doit tant à Stalker, et que je me souviens avoir vu, au cinéma alors, c’était l’ancien Méliès alors, fasciné. Ne l’avais jamais vu Stalker. N’avais jamais entendu l’écrivain dire Je n’ai pas de conscience, je n’ai que des nerfs. Donc jamais vu les tanks ou les reflets à la surface de l’eau. Je n’ai pas vu non plus la première résurrection du (...)
Marchons sous la surface de l’eau. La lumière est superbe, les yeux intacts. J’aimerais prendre des photos de la surface vue d’en dessous. À un moment donné de l’intrigue, on me met devant les yeux une édition rare des Collected Stories de Amy Hempel. Ce tirage comprend un texte de plus par rapport à ceux que je possède déjà, c’est un récit ancien, inédit à ce jour, anoté aux crayons de couleurs. Éventuellement, à un moment ou à un autre, la question de la reprise du souffle devra se poser.
Nouvelle (...)
Back in August 1956, rollicking was the Whole Sick Crew’s favorite pastime, in- or outdoor. One of the frequent forms it took was yo-yoing. Though probably not inspired by Profane’s peregrinations along the east coast, the Crew did undertake something similar on a city-scale. Rule : you had to be genuinely drunk. Certain of the theater crowd inhabiting the Spoon had had fantastic yo-yo records invalidated because it was discovered later they’d been sober all along : "Quarterdeck drunkards," (...)
Extrait du Solaris de Tarkovski
The day passed thus ; each moment contained eternity ; although when hour after hour had gone by, I wondered at the quick flight of time. Yet even now I had not drunk the bitter potion to the dregs ; I was not yet persuaded of my loss ; I did not yet feel in every pulsation, in every nerve, in every thought, that I remained alone of my race,—that I was the LAST MAN.
Mary Shelley, The Last Man
Terminé The Last Man précisément où (Robinson Crusoé mis à part) (...)
Encelade chopée là
H. m’attend à la sortie du taf pour que nous traversions, ensemble, l’Octobre plus conforme à notre idée d’octobre. J’apperçois Jean-Paul Rouve quelque part rue de Sèze qui fait plus vieux sur son visage qu’à la télé poudrée. Sur le cimetierre des Halles un grand chien blanc qui tire vers moi cet autre chien, celui qui hurle, et je me dis j’aimerais, juste une fois j’aimerais, le kidnapper pour le promener dehors avec mon ombre, les voir courir. Au Num de nuit cocktail, des nèmes au (...)