19 mai 2012La petite histoire : Studio Walrus, éditeur numérique, récupérerait le catalogue d’une vieille maison américaine pulp qu’on appellera Bang Bang Press pour développer une collection à part entière (qu’on appellera Bang Bang Press) composée d’ OVNIs trash. Parmi les deux premiers titres mis en ligne la semaine dernière, Pan-Amerikan Rally, lu sur l’Odyssey pendant une panne de caténaire. Mais nous ne sommes pas dupes.
Jamais trop vu les films post-nukes auxquels ce genre de texte fait référence. Par contre joué, treize-quatorze ans, à un Twisted Metal World Tour sur PS1 ou bien avant Wipeout (Wipeout étant lui-même un remake d’F-Zéro) ou bien avant MegaRace. Dans Twited Metal World Tour, l’un des véhicules est un camion de glace qui se marre, un autre une pelleteuse, un autre un simple type coincé entre deux roues de Monster Truck, des lance-roquettes scotchés sur les épaules. Le but du jeu, c’est de niquer les autres participants. C’est injouable. C’est génial. Dans la carte Paris, y a un passage secret pour monter à l’intérieur de la tour Eiffel et, si besoin, la faire sauter. Chaque personnage possède deux lignes de background scénaristique parce que c’est pas le sujet. Dans Pan-Amerikan Rally ces lignes sont jetées sur le capot dès les premières pages, on note
ou
ou alors
(car être une femme est ici un pouvoir spécial en soit, voire même une tare suffisamment balèze pour définir un personnage). Là le monde (en 2076, soit une vingtaine d’année avant The Last Man et puis Le dernier monde) craint. Du genre très post tout. Le texte est comme ça. Assez violent et plutôt gore et sec : des phrases mais plutôt courtes, « la mode est aux rachitiques », et puis des morts expéditives. Huit participants sur la ligne de départ et il « n’en restera plus qu’un », comme dans tout bonne télé-réalité, car c’en est une : une télé-réalité pré post télé-réalité.
Ca a un goût de Tarantino (d’ailleurs c’en est : une fiction pulp), même chose pour les chips à l’huile de moteur. L’habillage graphique du texte rappelle les jeux vidéos old school (revoilà MegaRace), et partout des pixels. Insert coin, qu’on nous dit. L’est où la borne d’arcade ? Les chapitres sont plutôt des niveaux ou des stages, comme à l’époque. Les séparations entre les chapitres sont des cœurs pleins ou vides (fonction de ce qui te reste de vie), on a même droit à un en plein milieu d’une phrase. Jiminy Panoz a traduit et designé le truc. Sur son site une page décortiquant son travail d’ebook-design super bien faite. On comprend vite que et pourquoi l’habillage (la mise en scène qui sait) du texte c’est pas gadget. Elle vient de là, aussi, l’ambiance.
La langue, elle est soft gore. Cf. plus haut, cf. plus bas. Surtout non dépourvue d’humour. Comme ce niveau D5 « Bambi gets a gun » composé simplement de la phrase
Plutôt bien vu. Qu’on fasse, ou pas, l’objet via cette lecture d’un authentique voyage dans le temps, vraiment tout l’est. |