Dissonances



  • 150610

    15 juin 2010

    Sortie récente du numéro 18 de la revue Dissonances (j’avais lu l’année dernière le numéro 16 car V. y avait casé un texte et j’avais kiffé, comme ça que j’avais découvert). Outre Rapport d’A., petit texte en forme d’abécédaire méticuleux (et qui est tatoué à mon nom), vous retrouverez également les camarades cyclocosmiaques Alain Giorgetti et Alban Orsini, dont j’avais déjà salué la plume il y a quelques mois. Voici d’ailleurs le sommaire intégral du numéro (et l’édito), avec lien direct pour commander le numéro (qui ne coûte que 3 euros, à ce prix là c’est une affaire, c’est presque donné, c’est presque comme si on gagnait de l’argent en fait, oui, tout à fait) :

    CouvDisso18Oueb.jpg

    Comment se procurer DISSONANCES ?
    Comment participer à DISSONANCES ?
    Comment contacter DISSONANCES ?

    Edito : 
     

    LA TRIPE C’EST CHIC
    
On peut faire les malins avec nos grosses cervelles et nos bonnes manières, on en est tous sortis, petits, fripés, hurlant, êtres de chair, matière, fruits d’entrailles nous-mêmes irrémédiablement. On s’y était sentis bien : logés au chaud, flottant, stupides et innocents sous perfusion copieuse on y avait germé puis forci et grandi : attentives, enveloppantes, elles s’étaient distendues et nous avaient nourris tout ce qu’il avait fallu pour, sans nous avertir, nous expulser soudain et, en contrepartie des services rendus, nous condamner dès lors à devoir composer sans cesse avec les nôtres - leur clones, nos dedans - qu’il faudrait contenter quasi à chaque instant sous peine de les faire se nouer ou s’agiter, d’en souffrir tout de suite et très concrètement, de se mettre en danger : nous serions désormais esclaves de nos tripes. Car, comme les dieux anciens, celles-ci sont capricieuses, puissantes et sans pitié. Elles exigent comme eux de constants sacrifices et se rappellent durement à qui les négligerait. Dissonances 18 au contraire s’en empare, s’en pare et les célèbre, gonflé à trente-deux pages où vingt-et-un auteurs se sont ouverts en grand pour déballer les leurs. 
 

    Jean-Marc FLAPP

     
     
    Sommaire :

     Rapport d’A. de Guillaume VISSAC
     

    Problème Majeur de Lionel FONDEVILLE
     

    Vomissures de Michel REYNAUD
     

    Genèse de la Procréation in vacuum de Eric DEJAEGER
     

    Chant des entrailles qui plus ne chient de Pier Mayer-Dantec
     

    L’Entaille de Pierre de Tristan FELIX
     

    Celle qui Manque de Cathy GARCIA
     

    Mula d’Alban ORSINI
     

    Petit Précis de l’Entraille de Yann DALL’AGLIO
     

    Nothing Important Never Happened Today de Rodrigue VERON
     

    Les Fruits Gâtés de Vos d’Elodie Le Bail
     

    Détricoter mes entrailles de Marlène T
     

    Biographie de la Pudeur d’Alban LECUYER
     

    Prise de Pouvoir de Marc BONETTO
     

    Mes Abats de Cendres LAVY
     

    Adoravoration de Basile ROUCHIN
     

    Back Inside de Loïc MARCHAND
     

    Chiarogne de Sylvio SOBRAL
     

    Mon Ventre Rose de Milady RENOIR
     

    Ventre à Terre de Jean-Marc FLAPP
     

    Dernier Mouvement d’Alain GIORGETTI
     

    Questions à : Hubert HADDAD
     

    Regards Croisés : Jérôme (Jean-Pierre MARTINET)
     

    Fenêtre sur : les Editions HERMAPHRODITE
     

    A lire, à voir, à ouïr

    Autre extrait en passant, celui de Biographie de la pudeur, d’Alban Lecuyer, parce qu’il accroche, parce qu’il décape, parce qu’il retient la vue quand on s’y penche (vraiment) :

    Pour l’instant tu te demandes à quoi tu ressembles. Si tous ces gens qui ’ont apprise par cœur dans un traité d’anatomie, disséquée en deuxième année de fac, démontée remontée pièce par pèice sur des moulages en plastique, éprouvent encore ta présence. S’ils ont conscience de tes contours, ou seulement du dessin en rouge et bleu de ton système reproducteur.

    On ne connaît pas la pudeur tant qu’on n’a pas montré sons dedans à des étrangers. Il faut avoir été ouverte sous péridurale, et que d’autres se soient servis à pleines mains, pour comprendre qu’avant le début des crampes, avant le rasage et les morphiniques, on n’a jamais été nue. En réalité, on peut voir bien plus profond de nous.

  • 310811

    31 août 2011

    Marais d'Y., 25 juin 2011

    Et l’ennui ? le temps me manque. Ils nous demandent, « ils » ceux qui virent nos salaires, d’être présents en chair, en os, sur le stand STAT qui se tiendra durant salon, semaine prochaine. Le salon est centré sur les humanoïdes de série « copycat » que notre boite fabrique, répare et distribue. Cette série d’automate qui nous ressemble le plus. Comment feront-ils, « ils » les visiteurs, la différence entre nous fixes et les modèles d’expos « presque vivants » ? Voudront-ils, eux futurs clients, repartir avec nos corps, ces corps les nôtres, jusque chez eux et, pire, STAT les autorisera-t-il ? Tant de lacune dans mes lectures me désespère. Mon texte peau(x) envoyé Dissonances pour prochain numéro n’en fera pas parti. Et bien merde, j’en écrirai bien plus. Une odyssée cosmique dite en vers justifiés.

    De chagrin, de colère et de pudeur sans fin, elle parle peu de son frère Hubert depuis l’annonce de la certitude de sa mort - ce corps qu’elle a soigné, langé, nourri, qu’elle a vu croître en beauté, capturé, poussé, humilié, battu, fouetté, détruit, affamé, moqué, injurié, piqué comme une bête malade -, mais quand elle ouvre les albums de photos et que nous voyons sur les clichés sépia cet enfant vêtu de feuilles et couronné de fleurs comme un petit Nijinski en faune, rire sur une balustrade, de la Gallée, à Millery, près de Lyon, la demeure de la famille de sa tante qui avec notre grand-oncle chirurgien à Saint-Etienne l’élève alors, la parole lui revient un peu comme de l’au-delà, de l’âge d’or. Il y est à l’âge que j’ai quand il me photographie écoutant l’Histoire Sainte, et il est déjà mort.

    Pierre Guyotat, Formation, Folio, p.64.