26 octobre 2012
Quelqu’un m’appelle Tahar et je suis qui, moi, moi seul sous mon épine dorsal, pour oser contester ce que ce quelqu’un sait ? Twitter m’apprend, semble-t-il, la mort de quelqu’un, et je remonte le fil via les billets, les mots très beaux de Joachim Séné, Anne Savelli, Pierre Ménard, Christine Jeanney, Christophe Grossi, j’en oublie, et il se trouve que je n’ai pas, pas encore, à l’heure où je me vois écrire ces lignes, lu l’Abyssal cabaret, de Maryse Hache donc, et que de Maryse Hache je sais surtout les vers justifiés du Semenoir et l’ombre du chat roux planant sur et que, quelques fois, bien souvent, nous avions simultanément partagé sans nous connaître les mêmes lectures et notamment des trucs de Lucien Suel et que nous en parlions, fort brièvement, via Twitter, donc, et qu’aujourd’hui seulement je créé un tag à son nom ici-même, dans Fuir, et que c’est bien dérisoire.
Quelqu’un lit, finalement, l’Abyssal cabaret, quelque part dans la nuit, pour la douce première fois. 17 novembre 2012On glisse des mots sous nos portes (avant tout on dit on), on glisse des mots sous nos portes pour nous dire : rendez-moi mon thé vert. On aide des corps encore en vie (plus pour longtemps) à composer des codes et on dit bonne journée, suivi de madame ou monsieur en fonction (ici madame). On ouvre un compte Echopolite pour découvrir des trucs (c’est le cas). À 18h retrouve André Rougier, Joachim Séné et Anne Savelli quand bien même j’ignore tout des visages qu’ils possèdent (ou si peu), puis un bar qui diffuse en fond d’écran la fin du match PSG - Rennes (des gens disent à personne va te faire enculer sale fils de pute), puis, ensuite, le début d’un match de foot turc au cours duquel c’est du billard, paraît. André Rougier me parle de Cyclocosmia 3, celui sur Bolaño, Anne Savelli de son prochain livre Décor Lafayette à paraître en janvier aux éditions Inculte et Joachim Séné me demande, avant Satlingrad, c’est quoi mon année de naissance (ensuite nous comparons nos hébergements web), mais pas un mot sur ce mardi. Super lecture de Michaël Gluck à la Lucarne des écrivains, très beaux passages de Figures inachevées avec vue sur la mer et Proférations de la viande. Avant lecture il me dit (Michaël Gluck me dit) qu’il connaît mon oncle alors je me demande : qui est mon oncle ? et aussi : est-ce que je connais mon oncle ? Retour au on. De nuit on met les doigts pour chercher, dans le noir, pour chercher la serrure. 18 novembre 2012Hier elle disait qu’elle avait plus l’impression de rien lire mais qu’elle passait son temps, sur écran, à lire tout un tas de trucs, alors à lire quand même. Pareil. Lu rien qu’une phrase tout juste d’Imre Kertész sur le papier pas plus, mais tout le matin le web, et notamment Seb Ménard, dont le site diafragam vient de resurgir du néant. Aussi relu pas mal mes trucs de mardi et de mercredi et X. me dit tu seras jeudi pour la soirée lancement d’Enig marcheur ? et je me dis merde c’était pas prévu (alors je le rentre mentalement dans l’agenda pour remédier). Idem écrire mes propres trucs, pour l’instant rien, mis à part ma part d’Ulysse de la semaine à venir et les dix premiers jets réglementaires (respiration), faudra attendre mercredi soir pour que ça revienne, j’espère. Sinon surtout se retenir de rien faire d’autre que rien. 20 novembre 2012Jour J, chronologie :
Trouve Christine Jeanney, M’sieur Merkel son mari, Jacques Fuentealba et Sarah Maud Beauchesne aux badges et ensemble traversons (embadgés traversons) les X couloirs en métal qui mènent au grand auditorium de la BNF et alors là Christine Jeanney elle me dit on se croirait dans Metal Gear Solid et c’est vrai. Mangeons au cent-énième étage de la BNF avec vue panoramique sur partout et j’y retrouve les autres collègues péchakucheurs ainsi que d’autres messieurs avec des cravates dont j’ignore et le nom et l’identité virtuelle de leurs avatars respectifs. Mange mais mange peu. Xavier Delaporte nous dit qui il est (Xavier Delaporte) et nous demande si on s’était déjà vu tous et là François Bon il dit : même Vissac il s’est pas vu lui-même, ce qui est tout de même un tantinet non conforme à la réalité réelle de ma vraie vie permanente. Ensuite y a pas de café mais moi je bois pas de café donc bon. En attendant l’ascenseur pour descendre au trente-sixième dessous Anne Savelli elle nous demande de lui chanter des chansons cons pour qu’elle les ait tout du long dans la tête parce qu’elle aime bien en fait alors on s’exécute. On s’installe sur la scène du grand auditorium et c’est cool parce que je me retrouve en plein milieu dans l’axe des deux caméras en permanence et je vois bien qu’Anne elle voudrait tant être à ma place sauf que no way j’y suis j’y reste. Je suis assis entre Pierre Ménard qui s’apprête à essuyer les plâtres et Jean-Daniel Magnin à qui je me retiens de dire la phrase "j’ai vachement aimé Le jeu continue après ta mort" parce que franchement ça sonnait con (maintenant c’est dit). Pendant que les autres ils passent je bloque sur les pompes à Xavier Delaporte parce que je kiffe les pompes à Xavier Delaporte et pendant que Christine Jeanney elle pechakuche je me répète mais cinq cents fois le mot rétrovitréenozorbitale parce que je sais que je vais juste me latter en le disant (sauf que je le dis correct, champagne). En lisant mon pechatruc qui s’appelle Rapport d’A. je me rends compte d’une horrible faute d’orthographe au milieu et je me dis putain ça va me niquer tous mes vers justifiés ce truc là mais heureusement ça s’entend pas et je repars plus ou moins digne à ma place sur ma chaise molletonnée tellement elle confortable véridique. En regardant le public je me suis dit que ça aurait été sympa que chacun possède sur son crâne une pancarte ou un écriteau avec dessus en gros le pseudo Twitter de chacun mais même sans ça j’en ai reconnu deux ou trois, genre @sobookonline et puis peut-être @Norkhat. À l’heure dite j’ai pris mon 17h34 peinard car personne m’a donné la parole à ce moment là, tant mieux, même si le truc que je voulais prendre à la base c’est pas vraiment le truc que j’ai pris mais ça fait rien. Avec certains un verre dans une brasserie pas loin et ça me permet de remercier Xavier Delaporte de m’avoir donné la parole à la toute fin de la table ronde car bon sans lui j’y serai encore à essayer de parler donc c’est sympa, vraiment, par contre je lui dis je peux pas te dire d’où elles viennent les photos de mon pechatruc ou en tout cas je peux pas le dire en public, voilà quoi. Au retour H. il m’attend plein d’amour derrière la porte et il m’attend depuis des plombes pour me balancer ce truc sauf que je vois pas du tout où il veut en venir avec tout ça parce que moi ça fait des mois que je suis super super serein et j’ai pas eu la trouille, je te jure : 23 février 2013Dans les sous-sols pour remonter deux cartons de livres à déposer à la librairie d’à côté, qui transmettra au réseau Bibliothèques sans frontières (ce sont tous des classiques, j’enlève les Frères Karamazov). En échange j’attrape le Rappeler Roland recommandé par Antoine Bréa l’autre jour ainsi que Décor Lafayette d’Anne Savelli (Christine Jeanney et Christophe Grossi en parlent tous deux ce matin). Les mêmes réflexes quand je découvre une librairie : où est le rayon littérature médiévale ? et de Jünger, y a quoi ? Durant la migration d’Ulysse découvre le très bel album de Nick Cave, Push the Sky Away (depuis le passage hier sur Snow Leopard le Spotify remarche). Mais pas de Kaoss pad malgré la SD Card 2G (manque quelque connectique). Quant au crire : absolument rien. Première fois que le Mueller du jour je le grise et que je remplace par autre chose plus court. 63 mots pour 301. J’ignore comment on passe d’un jour où on se dit c’est top à des jours comme ceux-là. Au -4 des Halles, à l’UGC Orient Express, Shadow Dancer, et le bruit des rames contre, le bruit de milliers de plantes au -3, étrange. Avant la séance ma dose hebdomadaire de Lotus.
Mueller (63 mots) : Une voix derrière le verre liquide d’Imke Leal. 4 mars 2013
Grand soleil, dix degrés de plus rapport à hier. Pas pensé prendre mes lunettes de soleil : trop de lumière dans les yeux, veut pas sortir, une lumière assommante, trèblanche, quelque part d’outrepart. H. me disait l’autre jour, au sujet de Coup de tête, au sujet de la dernière partie de Coup de tête, qu’il revoyait ce clip réalisé par Michel Gondry, j’y avais pas pensé, ou peut-être que j’y avais pensé et peut-être que je l’ai oublié (ou peut-être autre chose), mais c’est un rapprochement réel. Mueller (151 mots) : Une voix derrière le verre liquide d’Imke Leal. 8 mars 2013
Alors, bien sûr, faut qu’on soit un huimars pour qu’on nous sorte une sélection, je parle de la radio, pour qu’on nous sorte une sélection de compositrices, quelle tristesse, je parle pas que de la radio, mais on me donne un nom, Ilse Weber, et le nom d’une chanson qui s’appelle Wiegala. Des années le dernier train avec H. Lui dis : y a deux types de personnes, ceux qui regardent dans la boîte et ceux qui regardent pas. Beaucoup d’yeux dans la 14 regardent, y en a même une qui dit à voix haute et en faisant le geste : il a une tâche blanche sur le nez ! À bord du 6689. Elle lit le dernier Elle (Spécial beauté : un corps pour l’été, tout de suite), lui un gros bouquin blanc (Développez en Ajax). Les nouvelles érotiques que E. m’a envoyées y a six mois et je lui dis sur les réseaux la phrase : j’ai lu tes Insomnies. Commence le Toxic 1, un truc où des insectoïdes de l’espace mangent des phalanges humaines puis je repense au mec vu sur la 6 juste avant le départ, genre jeune, amputé sous le genou mais sans prothèse, il refuse de s’asseoir dans la rame quand on lui dit, il fait tourner dessous ses doigts le plastique des béquilles (après Coup de tête je sais que je serai toujours sensible à ce genre de corps-là). Mueller (168 mots) : Une voix derrière le verre liquide d’Imke Leal. 13 mars 2013Le réveil des chiens (sais pas pourquoi c’est cette phrase qui me chope) : un pelleteur de nuages, verticale de l’immeuble, en charrie dans sa pelle quelques litres et il racle.
Enig marcheur en plongée dans les rames après Décor Lafayette. Décor Lafayette est un livre étonnant qui fonctionne un peu comme un album, un disque, avec des variations sur X thèmes communs, des récits imbriqués dans une forme de sphère (comme une boule à facettes et dedans des reflets), des récits qui des fois ne sont pas des récits, une langue, une langue on l’entend battre. J’ai des images. Une femme de deux mètres vingt. Un femme du désir, avant d’être une femme c’est un homme (imagine le visage de Nico), elle a pas mal de jambes. Je l’ai fini dans le train, lundi, un peu avant Paris. Enig marcheur est un livre que mon moi d’il y a dix ans aurait adoré lire, c’est un double plaisir. Pour autant, j’aimerais tout autant lire un Enig marcheur français qu’un Décor Lafayette anglais (mais je doute qu’aucun de ces deux livres existe). Nous marchons dans notre propre langue (la nôtre), en elle nous sommes liés. Faute de vigilance, dans Mueller, et une erreur idiote : avoir laissé le texte, de lui-même, se réduire. Il est écrit en vers justifiés de 48 caractères depuis le début, mais à partir du 15 février une chute, un caractère de moins, on tombe à 47. Ce n’est pas, en soit, un problème. Et la seule contrainte formelle de ce truc /// qui englobe mon Mueller c’est ceci : en vers justifiés exclusivement. Il n’y a pas de contrainte chiffrée. Le nombre de caractères varie d’un fragment à un autre avec une amplitude aléatoire et dictée, souvent, par le rythme au premier jet. J’aurais souhaité garder, pour Mueller, un nombre égal de caractères (un souhait non formulé). Maintenant que ce texte existe et qu’il a déjà vécu sous cette forme, sous cette chute, plusieurs possibilités s’offrent à moi : n’y rien toucher et continuer sur un rythme de 47. Corriger chaque vers amputé d’un signe. Faire coïncider ce rythme de 47 avec un passage précis du texte qui ferait sens (par exemple : le monologue d’Imke Leal, récit dans le récit, ça colle presque) ou bien alors se plier à la chute inopinée de ce 48ème signe et reprendre le texte aujourd’hui sur une base 48, sans rien dire. Toutes ces options se défendent. Probable que je trancherai uniquement une fois venue la phase de compilation du texte, après la fin de l’écriture sèche. Pour l’heure, je repars sur la base originelle de 48 caractères par vers. Mueller, donc (413 mots) : Une voix derrière le verre liquide d’Imke Leal & |
2 mai 2013Avant la bibliothèque Faidherbe : 1g de paracétamol préventif (journée à 55 appels). Y découvre la tête de pleins de gens que je lis depuis des mois ou des années et puis des fois détails : par exemple : Christophe Grossi est vachement grand. Et Anne Savelli, pendant qu’elle lit, doucement se balance. Lu Cent-énième étage comme si je l’écoutais. Avant lire m’être dit : et si une fois mon tour venu un autre moi se présentait pour lire, savoir quel genre de double ce serait et puis (surtout) savoir ce qu’il lirait. Après lectures, les chaises, voilà, me suis enfui, non sans dire au revoir, pour préparer mes trucs avant départ demain-dès-l’aube, 6h58, pour le cimetière. Mueller (70 mots) : Mueller a déjà tourné le dos. Il a planté toutes 23 février 2014
Les derniers mots de V. sont en approche. L’occasion de ressortir le tout premier Cyclocosmia consacré à l’époque (en septembre 2008, le temps passe) à Thomas Pynchon, et nottamment cet article sur V. écrit par François Monti. Le prochain, si je me fie tout simplement à la chronologie, c’est Gravity’s Rainbow. Mais pas tout de suite bien sûr. En avril ou en mai.
Grâce à la nuit confuse et riche en fictions courtes, je peux enfin ouvrir ce chantier des rêves via le Textopoly. J’ai cherché un endroit isolé pour planter mon camp de base, c’est situé en abscisse 4056 et en ordonnée -2823. Ça s’appelerait KEPLER (encore qu’il n’y ait pas de titre indiqué pour l’instant), pour différentes raisons. Il fallait un nom propre et il fallait un K. Et Kepler recouvre déjà tout un tas de réalités différentes, ça me plaît 1. Le challenge sera maintenant de pouvoir orienter ce récit (si c’est un récit) de façon à ce que chaque rêve puisse être complété ou suivi par un autre ; en d’autres mots trouver comment géographiquement sur la page positionner chacune des branches pour que l’arbre se lise. Sorti une heure trouver des idées graphiques pour la védeux (page article notamment, j’avais en tête quelque chose, puis plus), des squats tagués et des cochons en pâte d’amande. Aucune boulangerie patisserie n’en a en vitrine ici, ce qui est assez triste. Sans état d’âme je m’en vais fouiller dans le cambouis du code, chez Arnaud Maïsetti, comprendre un peu comment il fait pour exiler ses notes de bas de page en marge (ça je sais le faire, encore que via une méthode pas réellement conventionnelle, du moins d’une autre décennie) et surtout comment il fait pour les aligner automatiquement au texte ciblé par la note. Je ne trouve pas. Dans le cambouis rien qui dit à la note de s’aligner nulle part. 8 décembre 2014
Peu de choses. Une heure à crire un courrier sec dont on me caviardera la fin. Il m’avait dit en me tapant sur l’épaule, cet homme, il y a longtemps, que j’étais froid. Je suis pas froid je suis glacial. On nous envoie, pour une raison suspecte, un pied entier à quoi on a joint un courrier manuscrit illisible. C’est un vieux modèle. Ça ressemble au pied prosthétique qu’on fabriquait il y a une quinzaine d’années, tu ne sais pas quoi en faire. Il faudrait le changer. Il n’y a pas de code barre. Alors quoi ? Commencé Cat’s Cradle de Kurt Vonnegut (comment le prononçait-il, avant de mourir, son nom ?). Surprenant cette centaine de chapitres très courts. Le rythme est très serré. C’est très intéressant. Quelqu’un lit, dans le métro malade, Terminus radieux, tout n’est donc pas encore complètement désolant. 13 juin 2015
Repris le fil souterrain menant vers la traduction d’Ulysse. Un mois et demi que je ne m’étais plus mis à cette table, cinq fragments, presque rien, reprendre petit. Jusque-là pas le temps, l’énergie, et cette espèce d’impératif qui passe par dessus tout le reste : faire des priorités. Avec quasiment deux ans d’avance sur la publication web, Ulysse est passé tout au bas de la pile. L’I loved you more, suite aussi. Reprise et relecture du deuxième extrait, confronté au bouquin, remanié un peu, lissé. Tendu à H. pour avis. Reste deux jours de week-end, faire comme ça un extrait par jour et terminer lundi, cette fois vraiment, that’s it. La loi du marché : la nausée. Je veux dire littéralement la nausée. Ce n’est pas dû au film ou au propos, c’est dû à la caméra. Filmé à la manière d’un documentaire, caméra embarquée, instable, floue, ça tangue, mal de mer, mal de mer. 8 août 2015Laminé par quelque chose je sais pas trop ce que c’est j’ai pas idée de ce que c’est cette chose (ça lamine néanmoins). C’est peut-être chimique c’est peut-être autre chose que de la chimie pure (ça lamine). Une heure d’avance je me rendors. Quelqu’un entre dans l’appartement, ouvre la porte de la chambre, me fait lever la tête mais œil, il / elle referme la porte, repart. H. sans doute. Mais le soir venu H. me dit c’est pas moi. Alors qui ? Pars au taf zombifié, je lis rien. De la journée non rien. Je ferme les yeux même quand je les ai ouverts. Je recopie une lettre type, je la personnalise, je l’imprime, je la signe, je twitte un truc qui dit je démissionne avec un gif stylé de Peggy dans Mad Men. À la bibliothèque Marguerite Audoux, Anne Savelli et Joachim Séné pour une lecture remixée, imbriquée, de Île ronde, et un bout de C’était, puis L’aiR Nu. Je note tout est stocké dans les boîtes noires de mes boîtes noires. 31 janvier 2016
Train de 13h plein de lumière blanche et plein de flash flash flash à cause du fait que le soleil se couche à l’ouest et qu’on va vers le sud. Maarko est là pas loin, plein de mots italiens dans la bouche (enfin, j’assimile cet homme à Maarko). Ma voisine de siège est contre le fait que j’embarque avec un animal, c’est une petite bête pas lourde dans un contenant fermé sur mes genoux. Elle est allergique. Elle a payé sa place. Lalapin, je veux dire, elle a payé sa place. On me parlerait correctement, sans agressivité, j’aurais aucun problème à chercher un autre siège dans le wagon mais là à cause de sa façon d’être je l’invite elle à se déplacer sans moi, s’en suit une série de putain qui proviennent de sa bouche. J’ai repris mon Bajir, tu sais. Chaque fois que je relis des bribes ou des bouts de Bajir je reprends mon Bajir. Il y a quelque chose de censé là-dedans. Une voix que j’ai trouvée, temporalité mise à mal mais sans pour autant dénigrer la narration. Et quand j’ai besoin de mots rares, d’onctuosité linguistique, d’une langue arrimée à la falaise, je cherche chez Lionel-Édouard Martin. J’ai un livre de lui dans ma valise que je rapporte ici sans avoir eu le temps de lire. Ça, trois betteraves, un panais et deux courges patidou. Turner, c’est quelle époque ? Les flash flash flash venus de la droite vont commencer peu après ça je crois bien.
29 février 2016En l’espace de quelques jours, plusieurs vidéos virales où l’on voit l’animal incongru côtoyer les civilisations humaines. Des élans sur des pistes cyclables. Daims dans la neige à Washington. Il est question de ça ici aussi. Anne m’a parlé hier de ce truc, Continuity (diptych) d’Omer Fast. J’ai noté Uberfast à cause de l’élasticité des sons. Dernier jour de l’expo au Jeu de Paume aujourd’hui. Au bout d’un moment dehors dans le gris je me suis dit être venu ici pour patienter — non, lire — une heure en file d’attente et repartir comme j’étais venu. C’était possible aussi. Il y avait d’autres trucs dans l’expo mais je n’ai vu que ça, le Continuity (diptych). Pas en disposition de voir plusieurs choses différentes. Laissé venir les boucles temporelles et les incarnations. D’autres trucs décrivent ça. C’est un truc fort même si je ne comprends pas sa place dans un musée. Au ciné ou sur le web, non ? Ce serait à sa place dans un flux en aléatoire. En terme de narration ça te bouscule. C’est plutôt stimulant. Autour, tu vois les corps aller et venir dans le noir. Certains ne restent pas. Il y a un jeu de chaise musicale au niveau des fauteuils. Et dans la file coincé derrière un type blasé qui n’arrête pas d’utiliser la formule on est en mode quelque chose. Il dit qu’il y a un concept en animation qui veut qu’on prenne un truc, une caricature, une situation, un trait, et qu’on le pousse dans tous ses retranchements possibles pour l’exploiter jusqu’à la moelle. C’est un truc de narration qui porte un nom, encore qu’il ne mentionne pas le mot narration et que le nom en question (mind quelque chose), je l’ai oublié. C’est américain. Plus loin (car il fait nuit déjà) c’est un mec assis là sur un mur on le croirait tagué. Il est 23h20 : termine de charcuter un truc de 1500 mots en un truc de 500 (je croyais avoir trouvé la langue, peut-être en fait que non). 24 novembre 2016Pas fort. Probablement en train de tomber malade. À cause de l’absence de chauffage semaine dernière ? Peut-être. Super travail d’Anne Savelli et de l’aiR Nu autour d’une rencontre avec Thierry Beinstingel. Un chemin de lecture. Vraiment bien. Beaucoup de retard dans mes lectures. Depuis quelque temps, presque plus de photos. Des médocs. Le mot ongulé. Le satyre du sixième joue de la viole de gambe et encore dans le conduit de cheminée. Goku manque de sauver le monde. 11 décembre 2016À moto à vélo dans des rues exiguës. C’est une île ou bien alors l’Amazonie je sais pas. Noir de monde : faut se frayer. C’est assez pénible. Laborieux. Tout est urbanisé, il n’y a aucune forme de mer ou de récif. Buildings à perte de vue, béton, grandes esplanades. Toujours saturé de corps en errance. Un long sentier côtier industriel s’entortille autour d’un bâtiment, ce sont des escaliers ou des escalator. Les gens y font la queue des heures pour monter je sais pas où. Je cherche quelque chose, quelqu’un. Je regrette m’être aventuré dans cette direction. Quelques mots d’Emaz sur la différenciation notes / journal, toujours dans Planche (je coupe) :
Dans Ravive, nouvelle intitulée « L’année sabbatique » : De toute façon tu n’arrives à rien : aucun des deux, du manuscrit ou de toi, ne mène l’autre nulle part, et cela fait des mois que tu effaces chaque soir ce que tu écris le jour. J’ai une vision blanche, floue à la périphérie, coincée derrière une plaque de Plexiglas mais sélective. Lente phase de découragement et de désespoir. À la galerie Terres d’Aligre pour une présentation des Versées sous toutes ses formes par Christine et Philippe : Versées accrochées aux murs, boules-versées, dé-versées, tra-versées en regard. Christine a toujours cette faculté de parler très clairement et très vivement de son travail en grande décontraction (ou du moins semble-t-il). Ce que je veux dire par là c’est qu’on sourit beaucoup à l’écouter. Beaux moments mis en voix : Enfance lu en live par Philippe et Virginie, Virginie avec qui je lis un Oblique à deux voix qui, je crois, fonctionne. Grand plaisir de le faire ainsi, ici, et avec elle. Et émouvant de voir Christine émue. Des mots d’inconnu·e·s nous disant ce que c’était, c’est-à-dire beau. Ma bandelette de momie tra-versées dit : ne pas demander quand il sera trop tard quand. J’écoute ça. Hervé tente m’expliquer le base ball (c’est pas gagné) au milieu de têtes super déformées et de Mickaël Madar, dans quel ordre je ne sais plus, et One Piece. Anne me raconte son travail sur Marilyn. Fascinant de voir comment un livre qui s’écrit peut te happer entier à l’intérieur. J’aimerais ressentir ça dans mes propres projets mais je ne sais qu’avancer si laborieusement à plusieurs endroits à la fois. Quand tu tapes dans Google juste les mots I thought il te sort directement I thought I was dreaming when you said you loved me, ce qui est précisément la chanson là que j’écoute. 3 janvier 2017Lectures d'automne 2016 : Introduction & Big Bang City (de Mahigan Lepage) #1, lu par Guillaume Vissac from publie.net on Vimeo. Lectures d'automne 2016 : "Ce qu'il faut" (de Corinne Lovera Vitali), lu par Anne Savelli from publie.net on Vimeo. Lectures d'automne 2016 : Big Bang City (de Mahigan Lepage) #2, lu par Guillaume Vissac from publie.net on Vimeo. Lectures d'automne 2016 : Extraits du Journal de la crise (2007), lu par Laurent Grisel from publie.net on Vimeo. Lectures d'automne 2016 : Big Bang City (de Mahigan Lepage) #3, lu par Guillaume Vissac from publie.net on Vimeo. Lectures d'automne 2016 : performance multimédia autour de Kalces, lu par Florence Jou from publie.net on Vimeo. Lectures d'automne 2016 : Remerciements & Big Bang City (de Mahigan Lepage) #4, lu par Guillaume Vissac from publie.net on Vimeo. 5 mars 2017Il y a un personnage qui revient depuis peu dans les rêves, fait de cruauté et de tendresse, il avait une batte de baseball l’autre jour, ici c’est une violence sadique à l’égard d’une bête. D’où vient-il (ou elle) ? Cette histoire de CB mais réglée que jeudi prochain. Avant de le savoir c’est passer un temps certain sur des boucles d’appel surtaxées à répondre à d’autres automates que moi. Et puis une voix humaine : si vous ne pouvez pas vous connecter sur votre espace en ligne au préalable il faut vous connecter sur votre espace en ligne et changer votre mot de passe. C’est insoluble et ça peut durer longtemps ces conneries. Et puis c’est l’incapacité à retirer au guichet avec la CB d’H. à cause d’un code mal retenu. Je dois donc vivre sur un billet de cinq, c’est ce que je ferai. Il existe une cover de Je taime moi non plus en allemand mais existe-t-il une version inversée ? Voix d’homme pour une femme et l’inverse ? Retour à la galerie Six Elzévir 3 pour la première des deux soirées In Situ avec dans l’ordre Marie Cosnay, Christophe Grossi, Myrto Gondicas, Benoît Vincent, Lucie Taïeb, Pierre Cohen-Hadria et Anne Savelli. C’est la première (et dernière ?) fois qu’elle lit avec des lunettes. La salle est pleine, il manquera des chaises, je n’ai rien voulu prendre au vol (par exemple des mots, les mots se prennent au vol), tout à la pulsation des voix j’étais. Il fait moins froid qu’hier. Plus loin dans la soirée, un parc à chats popup pour les animaux noirs. 27 mars 2017Nuque nouée bien. De nouvelles chaussures bleues comme Emma Stones est bleue. Le site de vente en ligne où je les commande ne cesse de m’envoyer des messages, ils s’excusent, à cause de retards d’expédition fantômes car si je les ai reçues, c’est bien qu’elles ont été expédiées, non ? S’ils persistent, iront-ils jusqu’à me rembourser la paire, mais qu’en ferai-je ? J’ai en mémoire la fois où mon opérateur téléphonique de l’époque avait fait livrer deux iPhones 4S blancs par erreur au lieu d’un et le sort qu’on m’avait jeté d’en avoir profité et d’en avoir rien dit et pire, d’avoir fait deux signatures différentes au même bordereau de livraison chez le mec qui avait reçu ça au cas où : le premier volé dans le RER un soir à l’arrêt et le second paumé sur la pelouse de Westminster Abbaye. Je n’ose imaginer ce que ces pompes bleues pourraient me faire alors. Passé à L’autre livre pour préparer la soirée Gabriel Franck de la semaine prochaine. Un moment pas très loin dans un café pour bosser loin de tout, et les humiliations quotidiennes des serveurs qui se font recompter à l’euro prêt leurs caisses par un patron insatisfait, c’est plein de tu comprends ? dans sa bouche. Mec dans le métro le crâne tatoué de bois de cerfs ou d’aigle. C’est beau marcher dans cette ville même s’il pleut à verse très brusquement et qu’il faut s’en remettre au sous-sol pour le sec. C’est beau marcher en bleu même si c’est gris, même si ces chaussures-là sont neuves et me font mal d’être neuves. Après, c’est rue Quicampoix le vernissage d’une expo. L’une des œuvres de Thaddée, je n’ai pas noté son nom, elle possède une force d’attraction étrange. C’est la plus noire derrière. Et puis des crânes fantômes. Et Anne qui arrive quand je pars (je t’ai piqué ton arborescence de Décor Daguerre pour mon Eff lui dirai avant ça car c’est vrai). Et la flemme de me faire à bouffer en rentrant, j’achèterai une quiche sardines olives à la boulangerie qui vient d’ouvrir sur la place et c’est précisément ce qui me fallait une quiche sardines olives. 15 avril 2017Fin de La part inventée, un livre sur tout et sur tous. [Écrit] Par pure intuition, comme si on traçait le plan d’un immeuble à mesure qu’en l’édifie. En attendant de voir ce qui va s’élever et comment, et s’il est possible ou non de vivre là. (P. 505-506) Ou bien encore un livre qui semblait proustiennement [issu] des hamburgers accompagnés de purée en flocons qu’il avait consommés dans son enfance (P. 542). Mais surtout un livre mutant et déformé, une centaine de pages de haut vol (élucubrations sur Tender is the Night), et tout le reste jamais lu au rythme auquel il aurait fallu se plier pour le lire : non pas celui de la lecture vorace et dense mais un tout autre temps, diffus, étendu, de plusieurs mois au moins pour aller piquer de temps à autre des passages et puis refermer ça. Mais véritablement un livre à oublier pour l’heure. Plus de deux heures passées à recopier les quelques 21 pages manuscrits d’Eff que la semaine écoulée m’a prêtées. 5438 mots. Dehors, c’est une lumière sale et blanchie, irritante. Franck : Des portes, des salles d’attente : à Loos tout en briques rouges cette maison d’arrêt un aller pour la lèpre. Au fond du bâtiment, son château de gravats, tiennent à peine, s’usent, s’écroulent, s’affaissent, étouffent, s’étiolent, se battent, s’effritent, les briques, les hommes, même corps mêlé, matière morte et vivante, la maison crève debout dans son xixe siècle. Qu’est-ce qu’on attend ? Mystère. On entasse. On segmente. Tu me racontes les douches, les rats, pire qu’un squat tu me diras, et je m’en souviendrai à chaque nouveau parloir en attendant la porte ouverte. M’assieds dans une salle jaune. Me lève. Ouverture et couloir. On passe les Hygiaphone, mis au rancart pour le parloir dit ordinaire et regrettés des surveillants, on entre dans des box, dans des box à nouveau, moutons paisibles que nous sommes. 17 avril 2017Maintenant, levez-vous un peu ; accrochez-vous au gazon, si vous sentez venir le vertige, - c’est cela, - et regardez au delà de cette ceinture de vapeurs qui cache la mer à nos pieds. Jour idéal pour reprendre le vélo mais non. Même pour un saut de puce non. Pas faute de l’avoir voulu, souhaité, planifié mais. J’en suis même à me faire un café pour la toute première fois de ma vie mais ça ne sert à rien, ça n’a pas d’effet pratique autre que le goût que ça a. Déplacé des livres, des piles, réorganisé un peu le stock pour se donner l’impression que c’est mieux à présent. Je ne sais pas ce que c’est qu’il n’y a pas aujourd’hui, peut-être ça vient de moi. Une fusillade dans un lycée à Grasse, ça court sur les réseaux, ça parle de ça sans savoir évidemment encore ce que c’est. Il y en a 19 avril 2017Ulysse : 18%. Repris le chemin de la course dans le gris et l’absence de chiens heureux. Du vent, quelque chose comme 25 minutes et 5, 6km, je ne sais pas, oublié de faire partir la montre, le tout sous le Jerusalem in my heart. Rassemblement de motards à l’angle du boulevard ou de la rue, l’avenue, je sais pas. Des masses herculéennes avec un siège moulé dans le fond du châssis, énormes, rutilantes, pleines de topcase et de métal chromé. À un moment dans Franck : Par ailleurs tu viens de tripler ta quatrième, que peut-on faire de toi ? Le conseil de famille se réunit, morts et vivants, dans la cuisine. Plus ouvert le capot de l’écran après ça. Principalement j’ai lu. Maps et Franck les finir. Suite et fin de nos aventures lovecraftiennes en terres futuristiques d’Égypte : quelqu’un est mort. 26 avril 2017Plusieurs rêves de ce livre. À venir. Sous la forme d’un livre, sous la forme d’un jeu vidéo 16bits, sous la forme d’une pièce de théâtre au centre de quoi deux taupes furieuses font irruption. Peut-être ça fait partie du spectacle ? Peut-être c’est simplement un aléa de la nature qui permettra d’éclipser le fait que, non, je savais pas mon texte. Un autre titre aussi, trouver un autre titre. Vincent Tholomé : Avant. J’avais un nom. Maintenant. J’ai un nom et une vie. X mots d’Eff reportés dans l’écran : ceux du week-end dernier, de mercredi, d’hier. H. :
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↑ 1 Bien sûr c’est l’astronome et par extension le télescope qu’on a tiré de lui, ce sont des concepts et des manifestations stellaires ici et là, c’est un opéra de Philip Glass et une fiction d’Anne Savelli. C’est le roman dans le roman perdu dans Moon Palace de Paul Auster (Le sang de Kepler). C’est aussi un anagramme possible qui pourrait signifier plusieurs choses, comme par exemple Kaléidoscope des Entités Psychiques Libérées dans l’Espace-Rêve ou encore Kilomètre Extérieur de la Parole Lointaine Engendrée dans les Rêves ou bien que sais-je encore.
↑ 2 Photo Philippe Aigrain.
↑ 4 Eff.