You have to turn to your inner ear. You have to find a space within yourself. You have to make your music in that inner space. You have to furnish that inner space with enough furniture to live in a modicum of comfort. You have to have a table to eat off and a table to work at and a piano to work with and a bed to sleep in. You have to have a lavatory to shit in and a shower to wash under. Apart from that you need nothing.
Gabriel Josipovici, Infinity, Carcanet
Dans un orphelinat dans (...)
L’histoire d’un homme qui change de nom chaque semaine mais dont le nom réel figure sur la couverture d’un Librio adapté du web. Ça veut rien dire sans doute. C’est dans un bar, en soirée, je sais pas trop quoi faire de ça. Une merde avec les mails : tout ce qui est venu entre le 27 juillet et le 22 octobre a disparu. S’il en allait ainsi des jours, que faire ? J’ai ce truc dans la tête comme quoi ce qui nous fait écrire, c’est la maldire, c’est-à-dire tordre les temps de langue pour sciemment (...)
Les jeûneurs suspendent Michel par les aisselles, à l’aide de filins d’acier. Ils le calent un peu mieux sur sa planche de bois. Ils lui enlèvent sa veste, sa chemise. Un jeûneur joue avec la cravate, il la fait onduler comme un serpent dans le sable. Ils ont encore des images en tête, ils font preuve d’une créativité soudaine, d’une suite dans les idées qui les enchante, puis ils reviennent à eux, mornes, vides, sans pour autant en être contrariés. Dans ces périodes d’exaltation, les petites mousses (...)
Les gens font la queue devant les magasins, les cafés et les restaurants, pareils à une matière, à une pulpe visqueuse qui remplit les interstices entre les pierres. Cette masse humaine n’a plus pour morale que la bienséance, la conscience des limites qui la retiennent et la contiennent, du moins me semble-t-il. On ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de massacres, des incendies, des bains de sang et des pillages toutes les nuits, après quoi, le matin, chacun irait au travail. " Danke sehr, bitte (...)
Énième semaine de dépression. Je vis en dehors du roman. Tous les soirs, dîner avec des inconnus. La majeure partie de ma vie m’apparaît comme une perte de temps insensée. Je ne peux pas m’en sortir.
Imre Kertész, Sauvegarde, Actes Sud, traduction Natalia Zaremba-Huzsva et Charles Zaremba
Souhaite fort qu’avec la fin de l’octobre s’éteint aussi une certaine idée que je serais moi-même contaminé par l’octobre et donc, quelque part, malade de l’octobre comme on pourrait dire « malade de soi-même ». (...)
Au bout d’une semaine d’encavement, peut-être, nous n’entendîmes plus le martèlement des obus. Il m’apparut d’abord que la terre mourait, que sa pulsation, ayant perdu graduellement de son rythme, s’était éteinte.
Simon Auclair, Les grottes de Gettysburg, Onlit
Comment quelque inconnu va dire, à une autre inconnue, contre d’autres corps gris dans la rame : je me suis fait fracturer les deux jambes, et puis le choix du verbe : fracturer.
Lecture : Simon Auclair, Les grottes de Gettysburg (des airs (...)
Scruter le paysage, apercevoir une forme, fuir, les sentinelles roulent des yeux et le harponnent de lames rouges luminescentes. Toujours un œil derrière lui, avancer de dos toujours pris dans des phares. Qu’il courre dans un champ de blé, se jette au sol pour protéger sa tête, la relève pour fixer un avion, combien de plans-séquences aux trousses.
Combien de plans-séquences sans que l’œil derrière lui ne le lâche, et le mélange étrange, cet œil c’est nous parfois, et nous ne voulons pas de cette (...)