17 janvier 2014La larme à l’oeil (c’est une chanson des Beatles). Quantité d’êtres humains patientent derrière mon dos dans mon ancien appartement de poussière, ces corps attendent que je les guide à un congrès pharmaceutique ou médical dans lequel, probablement, le Docteur Porc serait (nous nous sommes mis en marche). Comme il est difficile de reprendre, après trois semaines hors texte, le fil des relectures et de ses corrections. L’étrange, la déformation des espaces mentalement esquissés (et retenus ainsi), l’oubli des petites choses, la lassitude des mots... Au fond, personne n’est capable de me fournir la preuve que ce texte est réel, qu’il a été écrit sous mon contrôle et sous ma bienveillance. Quelqu’un lui a donné le titre de Transoxiane, c’est peut-être moi mais je ne suis pas le mieux placer pour dire. C’est un épisode un. Je ne sais pas si je dois le poursuivre. Avant la nuit, hier, j’ai écrit quelque chose sans raison sur Bajir, ça n’avait pas de nom, ce serait même mort-né mais sauvegardé quand même dans la machine, prêt à être relu dans cinq ans, douze, quarante. J’ai des désirs très simples : pouvoir bâtir un jour des textes destinés à des éditeurs que j’aime en tant que lecteur (Walrus ou le Vampire Actif). Le fond de ma pensée c’est que le kiff doit me faire continuer, c’est tout, mais je sais bien aussi que cela fait des mois maintenant que je devrais m’être focalisé sur ça, ///, que j’ai très peur de m’y lancer pleinement, corps et cage, que je n’ai pas le temps de m’éparpiller de cette façon dans des projets périphériques (mais je les aime ces trucs périphériques). Relisant les entrées du journal datant du 4 et du 5 janvier précédent, usant d’un mot que j’aime et que je sors de terre (je l’appelle mortalise), j’imagine le squelette d’un poème, il serait de la race des textes dits reflowable, ce ne serait qu’une page et une seule réécrite, prolongée, déformée chaque jour et dont chaque nouvelle couche d’écriture numérique serait sauvegardée via le prisme liquide des révisions sur Spip telles que je les utilise depuis plus de douze mois. J’ai un titre, une fragrance et une âme. Ça s’appellerait L’effervescence ce truc. Einstein on the Beach. Je le découpe par demi-heures (autrement comment faire ?). Mercutio disait bien, apercevant le corps de l’autre, livide : Without his roe, like a dried herring. O flesh, flesh, how art thou fishified !. 18 janvier 2014Statuts de la nouvelle Publie. Tout devient, peu à peu, réel presque. Volodine (porte-parole d’autres voix que la sienne) : nous sommes des animaux extrêmement nuisibles, à la violence contagieuse. Il dit aussi :
Écrivant, je me réserve parfois le droit (le luxe ou la malédiction) d’écrire sans écrire, c’est-à-dire de scruter, d’essayer mentalement délier les escarres de la langue (non, pas la langue : la fiction). Relisant, récrivant Transoxiane, je n’en viens qu’à prononcer ces quatre : je ne sais pas. S’il faut aimer, poursuivre. Refaire, écrire. Jeter. Oublier. Lire peut-être. C’est probablement ça. Mais l’écrire produit tant de déchets... Mercutio, juste avant de mourir : No, ’tis not so deep as a well, nor so wide as a church door ; but ’tis enough, ’twill serve. Ask for me to-morrow, and you shall find me a grave man. 20 janvier 2014Dans le rêve je suis semé par d’autres. C’est une autre maison. Certains sont en fin de vie. On me dit plusieurs fois (plusieurs fois plusieurs fois) ces mots noli me tangere. Après avoir enterré Transoxiane hier, me voilà convaincu de poursuivre aujourd’hui, quitte peut-être à réduire le nombre de signes ou mots. Et la naïveté de croire que ce qui me sauverait c’est un épisode deux non pas écrit à la place du premier mais par dessus littéralement. Je ne sais pas encore ce que ça pourrait vouloir dire. J’ai commencé l’écriture deux. 6000 signes qui me portent à-côté de ce que je souhaitais faire (du moins ce que j’avais en tête), mais ce n’est pas pénible comme impression de se faire trahir par soi-même, au contraire. Voilà ce que voit Volodine pour l’après :
22 janvier 2014On m’a cloué un clou dans le corps et ça s’appelle la gorge. Je me bats tout le jour avec des chiffres et des figures. Celui-là, c’est le taux d’insupportabilité calculé par rapport aux courbes de l’errance. Celui-ci, c’est le virement écrit en lettres bâtonnées sur le papier des banques, au guichet de la mienne (c’est un bout de Publie que j’attrape). Soudain, une certitude : traverser Paris du centre au sud le long de Piano Phase, de Steve Reich, c’est expérimenter l’immobilité presque Einstein, suite. Ceux que ces corps représentent (mais qu’est-ce ?) sont devenus des automates de leurs propres discours. L’intense répétivité des phrases et des voix, épuisante, insupportable, curieusement paisible également (la douce sérénité des barques en plein cœur du maelström), c’est un voyage (mais immobile) dans le temps minimal. Savoir quel en serait l’équivalent littéraire : pas Amy Hempel, non. Peut-être Guyotat (Prostitution, sauf que je ne l’ai pas lu). Idem les feuilletons de l’époque (Fantomâs !) : lire des chapitres meublés car payés à la ligne ou au mot c’est parfois ennuyeux : je rêve de textes maigres, c’est ça qui me fait mordre (serait-ce ça que j’espère pour mon Transoxiane ?). Dans le dédale de l’Encyclopédie, sous l’entrée Athanor, il est conté la chose suivante :
Le texte renvoie à un schéma qui ne figure pas dans l’édition Wikisource et qui n’est pas non plus imprimé sur la page de l’édition originelle trouvée sur Gallica ; j’ignore où a été jetée cette planche. Ce que je sais, c’est que du fait précisément de son absence, la légende elle-même, privée du sens propre que lui conférerait l’image, s’en retrouve altérée chimiquement : c’est devenu une forme de poésie pure. Une autre déformation de la nature des textes qu’il nous est donné d’arpenter sur la crête des réseaux immatériels consiste à jouer à l’hypertexte aléatoire offert par le site-monde Wikisource (comprenez : le passé) ; c’est une autre percée traversière dans la matière humaine. Lors de ma première et unique tentative, voici ce que m’imprime le web : Questions scientifiques – La Peste, par A. Dastre issu de la Revue des Deux Mondes tome 155, 1899. Ici encore, une autre déformation de la matière (je ne parle pas du contenu de l’article en lui-même, je parle de son chapeau) : une succession de référence de l’époque ayant permis l’écriture de l’article. Le voici :
Nous n’aurions besoin de rien d’autre. C’est un sommaire immatériel pour une étude enfouie sous la surface du temps. D’autres portes sont creusées dans le code de la page. Il n’y a pas que l’hypertexte. Il y a le fourneau des arcanes. 26 janvier 2014Un retour de la crève qui me couvre depuis bientôt quatre semaines. Je suis comme ça je compte. Et ça ne s’en va pas. Quand ça fait mine ça reparaît. C’est cyclismique. Réécriture de mon Transoxiane épisode un chapitre 15 selon les voeux de mon moi parallèle ayant opéré sur le texte en décembre dernier. J’utilise des prénoms que j’utilise pour d’autres. Je m’appuie sur Pynchon et sur V. quand j’ai du mal temporellement parlant et j’isole des passages hors du texte en précisant en préambule les mots à situer. Dessous, c’est du Schubert. Refonte de la page 1 d’Ulysse. Récupération de la carte, qui avait disparu depuis plusieurs mois suite à une modification du code d’intégration des pages Openstreetmap. Désormais, on passe par une iframe (une iframe contenant une iframe) pour éviter d’avoir à changer le code sur chaque page si d’aventure un autre problème survenait (ou un changement d’opérateur de carte éventuel). Changement dans les heures également, et c’est quelque chose que j’ai en tête depuis des mois : resserrer le créneau (entre 8h et 8h45) pour arriver à un mot clé par minute. On ouvre avec le chapitre Télémaque et ses 365 pages pour 45 minutes, soit un changement de minute toutes les 8.11 pages. C’est un système plus fidèle il me semble que de se fier au nombre de mots, mais qui exige nécessairement de faire le calcul après coup, une fois le chapitre terminé et intégralement mis en ligne. D’où l’utilisation, malgré tout, d’un créneau élargi provisoire pendant la progression du chapitre. Enfin, la révision du texte lui-même, qui passe par un changement de premier mot (qui doit contenir, comme en anglais, le oui final du monologue de Molly Bloom). Pour ça je peux me servir d’un dictionnaire des rimes en ligne. Il y a 639 mots qui contiennent le mot oui. Voici des pistes possibles :
Et ainsi de suite. Je penche pour l’homme-grenouille. Mais sur cet autre site il est possible de décomposer les mots contenant ces trois lettres et ce qu’elles se suivent ou non. Voici les quelques mots retenus : quoi, orgueilleux, prodigieux, poilu, au poil. Au poil me plaît mais il est en deux mots. Et je fais semblant d’oublier (ou j’oublie réellement) que l’enjeu c’est aussi de conserver le i final en première lettre, un casse-tête finalement résolu : inouï l’heureux élu. 28 janvier 2014Je note sans bouger le nom de György Cziffra, ça pourrait me servir. Repris ce recueil d’occasion acheté transatlantiquement en mars 2011 (c’est quelque chose que je ne fais plus : noter la date sur une page de mes livres juste après leur achat) et qui s’appelle The Ice at the Bottom of the World (Mark Richard). Je me demande souvent, sans trop savoir pourquoi, comment je le rendrais en français ce titre : La glace du bout du monde, La glace au fond du monde ou, plus vraisemblablement, et quitte à s’écarter des mots, parce que nous aimerions aller jusqu’à Jules Verne, La glace au centre de la terre. Tenté de livre la nouvelle titre, pas pu. Tenté de lire un autre texte pris au hasard et qui s’appelle Fishboy, pas pu. Et pourtant je relis plusieurs fois l’incipit, qui dure un paragraphe. Pour le lire il faudrait le traduire en entier.
Au lent fil de l’Einstein, durant le train de nuit, on dirait quelque chose comme Akira, le film, pas la version papier, ça vient je crois de l’orgue (et puis elle sort un flingue). 28 janvier 2014Je me noie. Peux pas le dire autrement je me noie. Un grand drapeau UK planté dans une coque métallique. Je rentre de voyage (sans être allé nulle part) et je me dis soudain (c’est-à-dire après coup) : faudrait écrire le job du mec qui est chargé de satisfaire les dernières volontés (quelles qu’elles soient) d’un condamné à mort. Il aurait liberté dans le choix de sa requête, y compris d’ailleurs la liberté elle-même, étant entendu bien sûr qu’une foule sanguinaire l’attendrait au pied de l’abattoir pour le dépecer et le mordre au cas où il se risque à souhaiter ce mot-là. 1er février 2014Elle fume une clope dans une machine en forme de coquille d’œuf. Qu’est-ce qu’elle devient ? Bosse pour Total. A changé de boites pour diverses raisons. A tenté de relancer PDG, mais ça n’existe plus. Et toi ? Moi je dis quoi ? Elle reprendra progressivement le taf dans sa machine outil en écoutant sa FM, un bandeau sur les cheveux (ce n’est plus du market ce qu’elle fait). Onze heures de sommeil. Quand je me lève H. est parti depuis des heures prendre son train à Montparnasse (mais il ne fait pas jour). Termine chronologiquement le deuxième jet de Transoxiane un. Pour pouvoir le relire tranquillement (ce sera, normalement, la toute dernière étape), suis forcé de le nettoyer de tous styles et de tous formatages pour la raison qui suit : je travaille salement. Ce texte, l’ai commencé sous Pages, continué alternativement sous Office et sous Pages selon que certaines parties étaient écrites ou corrigées le jour, le soir, en semaine, le week-end, le tout terminé sous Libre Office comme maintenant. Pour le nettoyer, pas trouvé d’autre solution que de le passer dans l’éditeur de texte Spip de Fuir et de le rebalancer dans un fichier neuf. Autrement ça déconne, de vieux styles restent ancrés dans l’ADN des mots. L’utltime relecture, pour régler notamment les cosmétiques, mais aussi pour s’assurer qu’aucune incohérence ne stagne, sera effectuée demain. Le tout sur ce curieux album de Jeroen van Veen jouant Satie au ralenti. Quant au design voilà ce que c’est que j’ai en tête (c’est brut) : |
2 février 2014Un quart d’heure avant l’avion. L’Egypte ressemble, derrière les vitres du taxi, à l’Angleterre, à la Comté, la Grèce, à la Terre du Milieu. Le taxi roule en marche arrière sur l’autoroute, à la fois à contre-sens et dans le flux de circulation. Nous fourrons nos bagages dans la soute de l’avion comme on le ferait d’un bus. Quelqu’un m’ordonne monter dans l’appareil en menaçant avec un flingue, ce qui est con bien sûr, je l’aurais fait de toute façon. À la fenêtre criblée de gouttes de pluie, une tasse chaude à la main, car je bois du miel blanc. Dehors, rose, l’étrange lumière de Paris sous l’octobre. Transoxiane. Relecture de l’épisode un, comme convenu. Suppression du chapitre 8. Le reste ça colle. Me semble que ça fonctionne. Victoire. Verdict : 27 000 mots. 155 000 signes. Sonate d’automne. J’y repenserai longtemps après l’avoir ingurgité ce film. Il y a un mot qu’on m’a confié il y a plusieurs années, on l’écrivait en note télégraphique Dieu sait comment : incommunicabilité. 5 février 2014
Une finale. France quelque chose. On me bombarde. Je suis abandonné par ma défense. On va perdre ce match. Vie grise. Pas une seconde, pas deux. Rien fait du taf actuel. Produit des hectolitres de diagrammes, de stats, d’analyse sur mon taf actuel. Si je me mets à faire ça tous les jours, quelles données brutes me restera-t-il à analyser ? C’est lié : impossible d’écrire en semaine, pas le temps et le temps, quand je l’ai, me harponne l’omoplate et me hape à la crète de moi-même. Ne pas écrire en semaine, bien sûr, et c’est une évidence, me rend triste. Réécriture des premières pages de mon épisode deux. Deux milles signes. 16 février 2014H. range les livres de la bibliothèque. J’insulte la folle du six. Transoxiane épisode deux chapitre 3, 4, 5. Dans l’exemplaire des Vies minuscules que Thomas m’a passé, il a corné la page 25 et il a écrit dans le coin gauche le mot dism. J’ignore ce que ça signifie mais j’aime lire des livres annotés par d’autres, savoir ce qu’ils ont surligné, quelles abréviations ils ont utilisé et le sens caché dans les marges. 17 février 2014
Le problème rencontré la semaine dernière sur le chapitre 9, c’est qu’il était amère, me forçait à relire plusieurs fois les mêmes pages pour m’accrocher, mais c’était justifié. Le chapitre 11, « Confessions of Fausto Maijstral », dont je comprends sans trop de difficultés l’intrigue, me fait l’effet inverse et je ne comprends pas quelle est sa place dans le récit... jusqu’à la scène finale où V., spoilers, en bad priest apparaît. 1 Par curiosité, l’incipit de Bastards :
Cette étonnante traversée d’un jeu qui a marqué mon enfance. J’écris dessus le chapitre 6 de mon Transoxiane numéro deux. C’est quelque chose d’étrange de se fier à sa propre parole, de ne rien préparer, d’être lancé à droite à gauche, de laisser faire l’ombre des personnages. Apaisant. 18 février 2014Cassé un mug à l’aube. Celui d’H. attitré, offert, je crois, il y a plusieurs années, déjà cassé quelque part, Loué, en 2007 ou 2008, et remplacé, donc, ce mug, une première fois dans un Comptoir irlandais du Mans. C’est ce jour-là qu’on m’a posé, en entretien d’embauche dans un collège, une seule question en préalable à mon recrutement : pouvez commencer quand ? À présent qu’il est en miettes encore je ne suis plus très sûr de savoir si les personnages peints sur la porcelaine verte sont des moutons ou des vaches (ou les deux) ; ce dont je suis certain c’est qu’ils ont des baskets. Il y a un Comptoir irlandais rue Tolbiac. J’irai chercher là-bas son mug. Le trouverai identique, vert, au fond sur l’arbre à mugs. De retour sous la pluie rue T. réaliserai que ce n’est pas le même (il n’y a que des moutons, pas de vaches, et les moutons ne portent même pas de chaussures) car issu d’une ancienne série obsolète (un mot que j’utilise professionnellement souvent). Je casse aussi deux verres c’est la loi des séries. Dans son journal daté du 6 février SebMénard donne son âge. Quelque part ça me marque. Il dit presque. Transoxiane deux. Je tiens presque le rythme que je me suis fixé. Un chapitre par jour en semaine. 25 février 2014Plusieurs fois, à différents coins du boulevard, et à plusieurs reprises aussi sur le trottoir le long de mes chevilles, des impacts, des heurts je ne sais pas ce que c’est, c’est sonore c’est visuel, ça tape sur le par terre, c’est autre chose qu’une impression issue d’une seule réalité, on pourrait l’appeler un lapsus sauf que ça n’est pas dit, c’est ressenti plutôt, c’est passif sincèrement, quelque part c’est issu d’un coffre de voiture et ça s’écrase sur de l’asphalte froid, d’autres bagnoles le roulent et le percutent, l’écrasent, si ça se trouve c’est vivant, c’était, mais ça court également à hauteur d’homme, un marcheur quelque part, ça tombe des poches les mecs ne se retournent pas même pas pour essayer de l’atteindre, c’est abandonné dans le sillage (lequel ?), on ne peut pas tendre l’os, c’est déjà disparu dans une dimension autre, happé dans de l’ailleurs je crois, fondu dans l’abrupte timeline, l’espace temps perméable et poreux, et c’est métaphorique bien sûr, ça pèse un âne vivant, ça se répète encore. Vie grise. J’invente mes petits Excels. Je place mes petites couleurs dans une colonne état. Jaune en cours. Orange ça déconne. Rouge c’est pire. Vert c’est bien. Compilons des données interminables mais nécessaires. Vivons dans les années 199*. Transoxiane deux stagne et il faut l’accepter. Perdu la dynamique d’un chapitre par jour je suis cuit alors donc. Zborowski, d’Antoine Brea, malgré mon aversion pour les liseuses Calaméo. Cette phrase notée, c’est vers la fin.
Et puis, pendant le match contre Leverkusen, balayées par Twitter, des photos de l’Ukraine et de Kiev orangées. Pas de dépêches pour l’heure. Uniquement l’image. 1er mars 2014Je n’ai écrit, au cours de cette semaine, que 500 mots merdiques pour Transoxiane deux (qu’il faudra réécrire). Passionnante captation des 30èmes Assises de la Traduction Littéraire en Arles sur la traduction d’Horcynus Orca : d’abord pour la laisser tourner en tâche de fond en faisant autre chose, ensuite vissé devant pendant ses 97 minutes. 2 mars 2014Montre en main, écrire un chapitre de Transoxiane deux me prend une heure et quatre minutes. C’est un premier jet bien sûr et je ne reviens pas dessus (pour l’heure) mais c’est un bon indicateur pour qui croirait qu’il serait impossible d’écrire un chapitre par jour, ouvrable ou non, sur la durée, d’un texte comme celui-là (ce qui croirait c’est moi, le moi blasé de cette semaine du moins). Retenir uniquement le plaisir d’écriture débarrassé de toute autre considération annexe. Only Lovers Left Alive. Il n’aurait pas fallu s’abstenir d’aller le voir ce film. Plus que le fétichisme des corps (esthétique que l’on retrouve souvent dans les films de vampires), un fétichisme des objets. Le bois et les guitares, mais aussi la prolifération des câbles, ceux des ampli et des guitares saturées (droit venues de Lou Reed) ou ceux bourgeonnant autour des transformateurs électriques. Plus tôt, c’est un passage presque au début du film, lorsque Tilda Swinton, toute en retenue, parcourt ses livres du bout des doigts, et dans l’une de ses malles, ce qu’on voit quelques temps, ça ne dure qu’une poignée de secondes, à côté de Don Quichotte, retourné, large tranche, lettres jaunes sur fond bleu, c’est notre Infinite Jest. Spip. Joachim et Roxane via Twitter m’ont mis sur la voie : parviens à récupérer le script qui permet le positionnement des notes de bas de page non pas en bas de page mais en marge, de manière à ce que le contenu de la note soit aligné sur la même ligne que la note elle-même. Tout fonctionne. Sauf que ça désactive tous les blocs dépliables dispersés sur la page, eux aussi commandés en javascript. Que faire ? Suis sur le point d’abandonner lorsque, par dépit peut-être, je supprime une ligne dans le code piqué sur Remue.
J’ignore à quoi il était destiné ce truc, mais pas à la gestion des marges et maintenant qu’il n’est plus là les blocs dépliables peuvent rouler à nouveau. Ouf. 4 mars 2014Je pense à m’exiler ailleurs (où je ne sais pas encore, quoi que des mots se forment parfois dans mon esprit, je les tairai ici, je les tairai partout pour l’heure). À force d’avoir pris mon temps dans Transoxiane deux, j’en suis presque à la fin. Plus que quatre chapitres. Besoin peut-être de remonter en amont, désamorcer quelques trucs autrement déborderai sans doute. 9 mars 2014Enfouie sous les tambours du Bronx qui défilent dans la rue et chuchotée par l’onde FM dessous l’eau : la mort d’Alain Resnais. Découvre le chantier ouvert par Sabine Huynh, une traduction d’Orlando. M’étais dit ces jours-ci, j’ai oublié pourquoi, comment, qu’il faudrait le relire, je ne l’ai lu qu’une fois, au cours de mes études, mais pas pour mes études, en L2 ou L3. On m’a dit récemment que le personnage d’Orlando faisait partie de la League des Gentlemen extraordinaires (c’est peut-être pour ça), fait également une brève apparition dans Moon Palace, si je ne m’abuse de nuit, sous la pluie new-yorkaise. Dans un des croquis préparatoires pour ///, j’en avais fait quelque chose, un O. amputé de ses lettres, mais ça venait de là. La première phrase est forte.
Comme prévu, termine le premier jet de Transoxiane deux. Un peu moins de 30 000 mots, 170 000 signes, soit un tout petit peu plus que mon épisode un clean (l’équivalent de ce que je dois couper sans doute). Le relire une première fois, le réécrire un peu, puis le réécrire net lors du troisième passage. Finir probablement fin mars. 17 mars 2014
Croisé le Corgi du quartier près du mur, il a un gros bandage long sur le ventre : est-ce qu’il faut s’inquiéter ? Je me pose la question du Kindle. Ce qui me gène, bien sûr, c’est le verrou : tu n’achètes pas un produit (en l’occurrence un livre) mais un droit d’utilisation (droit de lecture). Finalement, c’est une bibliothèque. Oui mais ce mode de distribution ne me dérange pas pour la musique 3. Ce qu’Amazon te vend, c’est un écosystème : pouvoir lire facilement sur liseuse, ordi, tablette, téléphone aujourd’hui, qui sait lentille humaine demain. Une possibilité aussi de mutualiser les notes ? Mais quelque part je culpabiliserai de ne plus acheter chez mon libraire indépendant alors. Il faudrait que les autres acteurs se mettent tous au niveau. La (première) relecture de Transoxiane deux me rend perplexe : c’est en deçà. 19 mars 2014
Enfin Taipei se termine 4. Avait déteint sur moi tellement qu’à force chaque réplique chaque dialogue imaginé avait pris la couleur de leur langue quand ils parlent tout foncedés, dépressifs. C’était anesthésiant quelque part, pas dans le bon sens du terme. Chez Joachim cette belle idée (ou cette idée terrifiante je ne sais pas encore) et j’éprouve le besoin de la punaiser là :
Ouvert le premier jet du Transoxiane trois. Peut-être que cette fois-ci il serait bon de connaître à l’avance un minimum les personnages concernés par l’intrigue. 22 mars 2014Relecture laborieuse de mon Transoxiane deux. Suis plein de scepticisme. Le soir au théâtre du Rond-point près de l’avenue Montaigne pour un spectacle aquatique, Paroles gelées, issu de Rabelais. Le porteur d’eau de La Bonne Âme du Se-Tchouan joue Panurge. C’est d’ailleurs merveilleux. Injection de bien-être. 23 mars 2014Songe plus ou moins à intégrer, en sous-rubrique de la rubrique dite Moelle, une partie intitulée Études, laquelle pourrait rassembler quelques textes libres de droit, je pense par exemple à un circuit dans le labyrinthe de l’Encyclopédie, le tout dispatché en trois ou quatre colonnes sur page (mais quatre ce serait beaucoup), avec une zone de notes en marge élargie, et une colonne à gauche laquelle pourrait contenir des images issues par exemple des manuscrits. Pour un autre usage, il serait possible d’y rassembler des chapitres entiers de l’Ulysse, y aménager alors une séparation pour faire bilingue, ce serait peut-être dicté par la troisième colonne, peut-être que ce serait interne à la composition de l’article (une simple table valign="top" devrait suffire). Fin des relectures lentes de Transoxiane deux. Peu de surprises ou plutôt si : plus de plaisir à lire, avec l’oeil étranger, ce que j’ai pris le moins de plaisir à écrire. C’est pesant car ça ne représente qu’un tiers du bouquin. Pour le reste, retendre l’intrigue. Gommer l’incohérence. Probablement, comme le craignais déjà jadis, gommer le tout premier chapitre et en glisser un de plus vers la fin. Du boulot donc. Prévoir un mois de plus, fin avril pas fin mars. Mise à jour du journal des activités migraineuses, échantillonnages de la douleur & tentatives de géolocalisation des crises jusqu’à février 2014. Satisfait. Revenons progressivement aux chiffres de 2008, au début de l’archivage des données. Je ne crois pas qu’on puisse arriver un jour à une douleur zéro ou une médication zéro. 29 mars 2014J’ai probablement poussé ma petite expérience de non tagage des @ sur Twitter assez loin. Verdict : beaucoup moins de RT (c’est terrible, c’est le jeu) et surtout l’impression d’avoir passé ces dernières semaines (ou mois, je ne sais plus) à parler dans le vide et à n’interagir avec personne, ce qui est plutôt dommageable. Reprendre sans doute Twitter comme je le faisais avant en prenant garde à ne pas tomber dans le RT automatique des choses, le je te tweete pour que tu me RT derrière, ce à quoi je voulais échapper en sucrant toutes les @. Pour Transoxiane deux garder le cap qu’on s’est fixé à relecture. Fusionner deux chapitres en un seul est plus délicat que prévu (ça avance). C’est inutile de faire les choses délicatement et de prendre trop de temps pour planter l’univers dans un truc de 30000 mots et surtout : ça n’est pas nécessaire. 4 avril 2014
Lire Milorad Pavić, comme lire Pynchon quelque part, ça te décuple, ça te déploie, ça te démultiplie l’âme et tes envies d’écritures parallèles (je ne pourrais pas toutes les assumer ces envies). L’envers du vent est un livre assez court et bifide. Ce n’est (certes) pas Le Dictionnaire Khazar mais c’est quelque chose d’étonnant. On dirait qu’il lui est impossible d’écrire un texte, il serait condamné à en écrire plusieurs en un seul. Après avoir écrit dans la marge de mon Transoxiane deux qu’il 5) devait être plus parano dès le chapitre six, j’installe ce truc, Flattr, sur Fuir, séduit et intrigué par le concept et la description qu’en fait Neil Jomunsi sur son site. Mais dans le même temps quasiment (du moins, au cours de la même soirée), je me retrouve à pirater un auteur dont je n’ai jamais entendu parler jusqu’à ce jour, plutôt que de l’acheter carrément, repoussant l’acte d’achat à plus tard si le contenu du livre me plait. J’y trouve une forme non-culpabilisante de partage gratuit et temporaire (ces deux non-évènements ne sont pas reliés). Le soir venu, lisant une nouvelle étonnante de Lorrie Moore, How, en parallèle je m’imagine écrivant une nouvelle transparente, qui m’apparaît finalement être une copie exacte de How, de Lorrie Moore. |
↑ 1 Note du 16 février : l’extrait d’un article tiré du Cyclocosmia 1 sur Pynchon :
Dans une scène-clé du roman, V. sous la figure du bad priest, déjà extrêmment avancée dans son processus d’automatisation, se fait démonter au tout début de la seconde guerre mondiale par des enfants maltais. Le lecteur pourrait en déduire qu’elle a été défaite. Rien n’est plus faut : elle disparaît peu après la conférence de Wansee, alors que le projet Manhattan n’a pas encore porté ses fruits. Tout comme Jésus-Christ, sa mort (apparente) ne signifie pas la fin de son règne mais au contraire le signe annonciateur de l’horreur à venir.
François Monti, V., là où nous allons in Cyclocosmia volume 1, L’Association Minuscule, P.48
↑ 2 La version de Sabine :
Il — car même si la mode vestimentaire de l’époque pouvait induire en erreur quant à son sexe — était en train d’entailler la tête d’un Maure qui pendait à une poutre.
↑ 3 Spotify par exemple, lequel considère dans sa base de données que György Cziffra et Georges Cziffra sont deux personnes différentes.
↑ 4 Super intéressant comme esthétique (voir les extraits) mais exaspérant au possible à subir.
↑ 5 Quel que soit ce il.