Jim Jarmusch



  • 220214

    2 mars 2014

    Montre en main, écrire un chapitre de Transoxiane deux me prend une heure et quatre minutes. C’est un premier jet bien sûr et je ne reviens pas dessus (pour l’heure) mais c’est un bon indicateur pour qui croirait qu’il serait impossible d’écrire un chapitre par jour, ouvrable ou non, sur la durée, d’un texte comme celui-là (ce qui croirait c’est moi, le moi blasé de cette semaine du moins). Retenir uniquement le plaisir d’écriture débarrassé de toute autre considération annexe.

    Only Lovers Left Alive. Il n’aurait pas fallu s’abstenir d’aller le voir ce film. Plus que le fétichisme des corps (esthétique que l’on retrouve souvent dans les films de vampires), un fétichisme des objets. Le bois et les guitares, mais aussi la prolifération des câbles, ceux des ampli et des guitares saturées (droit venues de Lou Reed) ou ceux bourgeonnant autour des transformateurs électriques. Plus tôt, c’est un passage presque au début du film, lorsque Tilda Swinton, toute en retenue, parcourt ses livres du bout des doigts, et dans l’une de ses malles, ce qu’on voit quelques temps, ça ne dure qu’une poignée de secondes, à côté de Don Quichotte, retourné, large tranche, lettres jaunes sur fond bleu, c’est notre Infinite Jest.

    Spip. Joachim et Roxane via Twitter m’ont mis sur la voie : parviens à récupérer le script qui permet le positionnement des notes de bas de page non pas en bas de page mais en marge, de manière à ce que le contenu de la note soit aligné sur la même ligne que la note elle-même. Tout fonctionne. Sauf que ça désactive tous les blocs dépliables dispersés sur la page, eux aussi commandés en javascript. Que faire ? Suis sur le point d’abandonner lorsque, par dépit peut-être, je supprime une ligne dans le code piqué sur Remue.

    <script src="***/jquery-1.2.1.js" type="text/javascript"></script>

    J’ignore à quoi il était destiné ce truc, mais pas à la gestion des marges et maintenant qu’il n’est plus là les blocs dépliables peuvent rouler à nouveau. Ouf.

  • 230214

    3 mars 2014

    Sauf erreur de ma part on ne trouve pas sur Spotify l’album Hudson River Wind Meditations de Lou Reed 1, obligé de le pêcher piste après piste sur le Youtube au fond de l’écran. Puisqu’il en parle en interview je suppose que Jarmusch s’en est servi comme influence pour sa bande son d’Only Lovers Left Alive. C’est une ambiance atmosphérique composée d’échos et de larsen pour la méditation. Je courrais bien dessus (encore me faudrait-il reprendre).

    Dans le Textopoly : après un peu plus d’une semaine d’utilisation l’écran commence déjà à saturer sur le petit espace où j’ai planté mes cases. Commence à épingler dans chaque case des chemins de lecture pour y voir un peu clair (et que c’est beau ces courbes). M’interroge toujours sur l’utilsation des blocs couleurs (je suis resté au rouge). Regrette un peu n’avoir pas alterné les couleurs à chaque nouveau jour (c’est trop tard maintenant). Peut-être pourrais-je alterner en fonction des semaines ? Ou bien trouver un truc qui justifie le switch (mais que ça ait du sens).

    Documentaire sur les contaminés de l’Oural (les irresponsables de l’atome). Un noir et blanc superbe et très peu de paroles, des plans panoramiques et j’en ressors sonné, peut-être pas de ce que j’ai vu ou songé, mais de ce qu’on ne m’a pas dit, de ce qu’on ne m’a pas pris.

  • 181016

    25 novembre 2016

    Un film à sketchs 2 de Jim Jarmusch sur le café et les cigarettes. J’ai oublié son nom. Un chien attaché à l’entrée du Simply et qui crie. Aboie. À cause de son jeune âge ou de sa voix cassée, eh bien c’est déchirant. Pleut. Je mets le son si lent qu’il se fond dans le chaud, dans la gluance. Marqueur, marqueur. De là, un intervalle. Et de cet intervalle, de cette zone de présence, une opération mathématique simplissime pour déduire l’équivalent d’absence, d’hors de. Simplissime, oui, mais j’ai pas l’esprit pour. Ces gymnastiques mentales sont tout sauf naturelles. Elles sont si laborieuses. Quant au reste, rien.

  • 300519

    30 juin 2019

    Je commence à lire un truc jusqu’à ce que je me rende compte, au tiers de ça, que je l’ai déjà lu il y a plusieurs années. Je fais chauffer des pâtes et, une fois que l’eau boue, j’ai pas envie de manger des pâtes, d’ailleurs j’ai même pas faim. Quand je dis quelque chose on ne m’écoute pas, ou alors si mais on passe outre, c’est à se demander pourquoi on me demande mon avis. Je me lance dans l’écoute d’une série d’émission de feu « Pas la peine de crier » sur le silence, qui date de 2013 et je me dis voilà où j’aurais mieux fait de faire mon nid, dans le silence, et fatalement j’en viens à ne rien écouter du tout de cette parole continue sur le silence, qui n’est donc pas le silence, et c’est comme un bruit de fond derrière les bruits de fond de la vie, ça (ou bien, qui sait, de la ville ?). Peut-être qu’être heureux, c’est pouvoir saisir le silence. Non pas nécessairement n’entendre que lui mais le distinguer de tous les autres sons, et surtout le distinguer de tout le rouage permanent de notre monde. J’arrive à être bien quand je peux me situer par rapport à lui et donc, fatalement, à savoir où (ou quand) il se trouve. Là seulement, on peut être, je ne sais pas, léger peut-être ? C’est comme cette phrase de Rick Bass au sujet d’Amy Hempel, tirée de son livre Sur la route et en cuisine avec mes héros, et dont Franck Queyraud me fait l’amitié de me recopier un passage entier qui lui est consacré : Pour être un grand écrivain, il faut posséder la psyché d’un bœuf ou d’une mule, mais vous aurez aussi tout avantage à être joyeux, sans poids. Amy, sans conteste, a eu sa part de joie. Mais là, j’en suis surtout à un point où j’ai besoin de ressentir rien (ce qui est encore différent de ne rien ressentir). C’est une nécessité après des fortes périodes de douleur, besoin de rééquilibrer la balance. Là : balance des émotions et, à bien y réfléchir, il suffirait plutôt de prendre de la distance avec tout, ne rien attendre de rien, ne rien espérer, ne rien désirer, et s’en remettre à un flux continu, par exemple, celui du Canto Ostinato repensé pour le synthétiseur, qui est un truc assez étrange, en constante métamorphose de lui-même, jamais là où on croit qu’il est et, il faut bien le dire aussi, assez argenté, new-age. Et voilà ce que je tente d’expliquer assez maladroitement à H., d’une voix la plus monocorde possible pour ne surtout pas déborder ni d’un côté ni de l’autre (mais de quoi ? d’une ligne de crête ? d’une sensibilité ? d’affects ?), le plus froidement possible donc, sur les marches de la BNF en mangeant un hot-dog au guacamole malheureusement noyé sous de la mayonnaise industrielle et blanche, deux heures après qu’une dernière émotion soit comme montée en moi et que je l’ai laissée là, quelque part engluée dans le temps.

  • 110923

    11 octobre 2023

    Il y a 22 ans que nous sommes entrés dans ce siècle et j’étais en seconde, en cours d’allemand, quand les avions ont percuté les tours. Le soir même ou les lendemains, sur les forums de discussion, les premiers complotismes. 24 ans plus tôt, André Rougier écrit : Pas de surface, ni d’arrière-plan, ni d’ombre, de porte par où entrer, de poignée à saisir, de paume où se lover, appauvris que nous sommes du temps qui tous nous dépouille car nous vivons, tout étant tel qu’il fut toujours : philtres, archipels, sextants, trous noirs, limailles, cendres d’empire, dagues des seigneurs, atours des dames. Dans le métro pour la gare, deux gars qui se cherchent, et les gestes qu’autrement on prendrait pour affectueux prennent la forme de marquage de territoire, de possession de l’autre, d’instinct de domination. Le petit chef est un poids coq, et l’autre, son pote, dès qu’il en a la possibilité, il se tient le plus loin possible de lui comme pour lui échapper. Poids coq est beau mais alors tout dans sa tenue transpire l’alphamasculinité toxique, et le pire, c’est qu’il en rajoute : assis dans la rame démarrant un peu n’importe comment il additionne les couches : cigarettes sur l’oreille, improbable casquette vuitonnesque, lunettes de soleil funky alors qu’il est à peine six heures passées, que la lumière est morte, chaque couche alourdissant l’ensemble, comme une espèce de jenga du mauvais goût. Le train, lui, aura 20 minutes de retard à additionner aux 35 de la semaine dernière, peut-être faudrait-il tenir un fichier quelque part pour en faire le compte, peut-être pas. Pierre Lemaître 3 : Depuis qu’il n’avait plus de visage, tous les autres visages s’étaient effacés. Ailleurs 4 : On a beau dire qu’il faut absolument se détendre pendant la pause déjeuner si on ne veut pas mourir, j’ai envie de retourner à mon poste. On apprend en lisant la presse que le gouvernement planche sur la création des métiers de manager du territoire ou manager de centre-ville. « La France, c’est l’Allemagne en mieux », dit le Spiegel. Pendant que je me prends la tête à essayer de trouver un juste prix pour Féroce (juste pour toutes les parties), à l’OIT on a développé une stratégie commerciale différente. L’accès temporaire (48h) à un article en ligne de la Revue internationale du travail coûte 10$ ; l’accès permanent en ligne en coûte 18 ; l’accès en ligne + PDF 42. Soit, pour un article de 24 pages, un coût à la page de 1,75$. Si on appliquait ce tarif, Féroce devrait coûter 1050$ prix public, soit 979.07€ au taux de conversion du jour. Mariangela Gualtieri 5 : Doucement / lavez les morts raidis.


  • ↑ 1 Y aurait-il un lien à faire avec les Spoon River hachés pour le Général Instin lus l’autre soir, ébahis, à la Bibliothèque Marguerite-Audoux ?

    ↑ 2 Notamment celui avec Iggy Pop et Tom Waits se cherchant mutuellement dans le jukebox d’un vieux rade, somewhere in California.

    ↑ 3 Au-revor là-haut, Albin Michel

    ↑ 4 Hiroko Oyamada, La trou, Christian Bourgois, traduction Sylvain Chupin