Wolfgang Hilbig



  • 110916

    12 octobre 2016

    jusques à quand va-t-on encore tolérer notre absence
    personne ne remarque comme nous sommes remplis de noir
    comme nous sommes retranchés en nous-mêmes
    dans ce noir

    Wolfgang Hilbig, Absence, traduction Bernard Banoun

    C’est encore dans La mer gelée. Zéro rêve. Quinze ans que. Gris, gris, particulièrement gris. Plein de films qu’il faudrait voir (au moins faudrait-il les voir pour savoir s’ils valent la peine d’être vus). Franz, Nocturama, Comancheria. D’autres j’ai oublié leur nom. Les frères Karamazov : « J’ai l’âme, dans ces cas-là, on dirait qu’elle me tressaille dans la gorge ». Déséquilibre, cassure dans la phrase, syntaxe boiteuse. Aime beaucoup. Suis allé voir la traduction antérieure, juste pour. Je sais pas de qui c’est. Canonique on va dire. « Il me semble alors que mon âme palpite dans ma gorge ». Comancheria par exemple : le titre original c’est Hell or high water. À un moment précis du film, panorama immense derrière la route sinueuse américaine. En moins de vingt-quatre heures Jeff Bridges s’est pris 35 ans dans les dents... Dans La Zone, de Markiyan Kamysh :

    Les clandestins ne sont guère préoccupés, ni par leur propre avenir, ni par celui de la Zone. Nous sommes obsédés par ce processus insaisissable : la décrépitude de notre chère terre de Tchernobyl, la fonte des neiges dans la vallée de notre quiétude. D’ici à une centaine d’années, les reconstituteurs y feront revivre le dernier jour avant l’accident, ces ultimes instants de la sublime Polésie. Revêtus de mornes costumes de l’usine textile Donbass, ils organiseront un festival, digne d’un Truman Show, où, sur fond d’une Pripyat rénovée, tout un chacun pourra s’essayer au quotidien d’une époque révolue. « Visiter le passé », telle sera la formule phare des tour-opérateurs du futur. Welcome.