C’est que tu commences, dans l’impersistance de ta mémoire, à te fondre dans cette masse naphteuse pour diparaître à ton tour en silence sous l’effet de leur abstraite manducation. Tu ne doutes pas qu’ils t’épient à leur façon, les charognards, de l’autre côté de la fenêtre. Pas besoin de soulever le voile pour apercevoir ces hordes de crevards placides qui noircissent les rues et avalent, becquée après becquée, chaque pixel de paysage.

Stéphane Vanderhaeghe, Charøgnards, Quidam

C’est dans le Pacifique. C’est pas Madagascar mais c’est le seul mot qui revient Madagascar. Il y a un livre à écrire à propos de ce qui se passe ici, cette fille de quinze ans qui dirige une école, ou une classe, ou quelque chose pour enseigner quelque chose à des laissés tombés de la vie. C’est un livre écrit au nom d’un collectif, sans nom, le nom de cette fille est juste imprononçable. Ici, l’eau est tellement turquoise qu’elle est noire. Les vagues remuent, c’est plein de fils dans l’eau, c’est tumultueux. Dans l’eau on fait baigner des flèches, c’est des chevaux de plumes, c’est des autruches sans tête, paraît que quand on les mouille ça alourdit la viande pour la monture. Je cherche cette fille dans un aéroport, c’est un livre ce qu’on veut faire elle et moi. Le reste, c’est des stats et des stats pour mettre en image des trucs qu’on n’a pas idée dans la tête.