Le marché est fini et je me passe un gant d’eau chaude sur les yeux pour qu’ils boivent et ils boivent : en quelques secondes à peine ils sont secs à nouveau et il faudra tout refaire. Je mange des conneries super salées dans un sachet en aluminium pendant que le four fait tic tac pour réchauffer la pizza que m’a achetée H. dans la journée, dans une boulangerie X ou Y et je me dis c’est terminé. En réalité, rien n’est jamais terminé et c’est je crois ce qui est le plus difficile dans ce boulot. Ce que je sais en revanche, c’est que commettre une grossière erreur sur la quatrième de couverture d’un livre, comme je l’ai fait pour le livre d’Isabelle Pariente-Butterlin, Erased est certes pas top du tout mais moins pire que de commettre une grossière erreur sur la couverture elle-même, sur le titre du livre, et sur le dos. C’est le cas de l’éditeur à qui j’achète un cadeau pour ma mère avant de vérifier par téléphone qu’elle ne l’a pas déjà (non). Elle ne sait pas encore pour la coquille (maintenant si). Mais c’est un appel intéressé, pour une histoire de garde lapine cet été. Et si J. est capable de se souvenir, à plusieurs années de distance, quelle marque et quelle couleur de chaussures portait tel auteur à tel salon que l’on a fait ensemble, moi je suis capable de me rappeler, d’une année sur l’autre, la dégaine de ce lévrier triste et tout gris qui déambule dans les allées l’air de se demander (comme nous tous ?) ce qu’il fait là. Il accompagne quelqu’un, voilà ce qu’il faut se dire, car c’est un fidèle compagnon.