A-t-on réellement besoin de lac sur quoi une énorme machine produit des vagues artificielles pour surfer ? Je veux dire, surfer sur un lac, c’est indispensable ? On ne pourrait pas laisser les lacs tranquilles ? Même chose quand chaque jour quelqu’un, quelque part, nous annonce l’anniversaire de la naissance ou de la mort de quelque chose ou de quelqu’un. Par exemple, le walkman a quarante ans aujourd’hui. Ainsi que la série Gundam. N’est-ce pas fondamentalement la même chose ? Et n’était-ce pas aussi l’anniversaire du jour où n’importe quel truc en apparence anodin s’est ou non produit dans l’indifférence générale ? Mais ça, on n’en parle jamais, alors qu’en réalité, comme je l’écris dans un mail à propos d’autre chose, c’est peut-être le vrai truc. Et ça n’est pas fini. Est-on réellement obligé d’imposer au monde un reboot de la série Charlie’s Angels au cinéma ? Quant au football féminin, sa professionnalisation doit-il nécessairement en passer par le même cancer qui ronge le foot masculin (starification des tocards, métamorphose en produits de personnes bien humaines, discours creux en interview d’après-match, glose interminable des experts sur les plateaux télé qui discutent du moindre détail ad nauseam pour en finir par le saint des saints de l’analyse footballistico-médiatique : Neymar, qui a l’habitude de baiser des meufs de niveau Ligue des Champions, pourquoi il irait violer une Ligue 2 ?, etc.) ? Est-on forcé d’entendre des mecs dirent que les stéréotypes, c’est la sagesse millénaire du genre humain ? Ou d’inviter d’autres mecs encore sur des plateaux en vogue pour les aider à mettre en scène leur propre mégalomanie et les laisser se comparer sans rien dire à des marques de luxe (les mecs se comparent eux-mêmes à des marques de luxe, n’est-ce pas préoccupant à plus d’un titre ? qu’en est-il de leur santé mentale ? sont-ils atteints ? leur tête passe-t-elle les portes ? n’ont-ils pas réalisé à quel point ce rapprochement était dégradant pour eux-mêmes ? et que penser de celles et ceux qui les laissent dire ?). Faut-il aussi accepter en haussant les épaules le fait que le permafrost risque de dégeler et libérer dans l’atmosphère des virus endormis depuis des siècles ? Ou juste tout simplement suffisamment de méthane capable de précipiter un réchauffement sensible de notre atmosphère ? Ou bien les rats, on y a pensé aux rats ? Hier encore, n’en a-t-on pas vu un détaler en plein Paris ? Et n’était-il pas mignon finalement, un genre de créature pelucheuse comme le sont les autruches ou les ratons-laveurs ? Quand j’étais petit, on me disait que les rats étaient sales ou porteurs de maladie. Est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Parce que, excusez-moi mais la saleté, quand on est un enfant, on s’en cogne pas mal. Quant aux maladies, ça se soigne. La gastro, c’est une maladie. Le rhume, c’est une maladie. Se comparer sciemment soi-même à une marque de luxe, en soi, je pense qu’on peut dire que c’est une maladie. N’est-il pas plus exact de dire que les rats étaient potentiellement porteurs de la bactérie mangeuse de chair (ce qui est vrai, et ce que par ailleurs j’ai dit à H. lorsqu’on a vu détaler celui-là au Parc de Bercy) ? Ça n’est déjà plus tout à fait la même chose. Et qu’en est-il des larves ou des asticots ou des insectes qu’on trouve des fois dans les fruits quand on les ouvre ? Là, c’était une noix. Ça me dégoûte depuis le jour où, enfant, j’ai ouvert un abricot du jardin avec un perce-oreille dedans. Pépère. Alive and well et dans mon abricot. Heureusement que j’ai eu la présence d’esprit de l’ouvrir en deux avant de le manger. Depuis, chaque fois que j’ouvre un abricot je raconte cette anecdote à H. qui a envie de divorcer à chaque fois qu’il l’entend, à force de l’entendre. Le fait-il ? Non. Parce qu’il est bien élevé. Et qu’il sait passer outre mes petites manies et mes terreurs nocturnes comme, par exemple, la bactérie mangeuse de chair, ou le permafrost. Si j’étais un personnage de série télévisée, je deviendrais sans doute paranoïaque et on m’aurait perdu aux alentours de la saison 4. Dans Eff, je pense que le personnage de Claire pourrait avoir cette phobie-là : celle de trouver dans les trucs qu’elle mange des larves ou des asticots. Il faut dire qu’elle est un peu perturbée, Claire, même si, dans ce roman, il ne sera pas fait mention de la bactérie mangeuse de chair, ça c’est réservé à Grieg, qui ne s’appellera pas Grieg, mais c’est un autre sujet. Mais en réalité non, même pas ! Je m’en rends compte le soir même en relisant ma pelletée de Eff car, oui, j’ai trouvé le moyen de caser la bactérie mangeuse de chair dans Eff, c’est fou quand même ! Ça aussi c’est une maladie. Et voilà comment ma mère va se retrouver à me dire quand même, c’est chelou, tu parles tout le temps d’amputation dans ce que t’écris (sauf que, bien sûr, cette phrase est fausse, ma mère ne dirait pas c’est chelou). Le sucrer donc. Et réserver cette monstruosité à Grieg. Mais ça n’est pas fini. Pourquoi les sauvegardes automatiques que je programme dans Spip fonctionnent-elles uniquement dans l’environnement d’un site à l’arrêt et dans lequel j’ai désactivé la fonction sauvegarde automatique, c’est quand même un comble ? Et pourquoi, lorsque ma neurologue m’a prescrit il y a 6 ans pour la première fois des triptans, elle m’a dit comme ça en cas de migraine vous prenez juste un triptan et puis vous pouvez continuer à travailler sans problème ? Pourquoi m’a-t-elle dit ça spécifiquement ? C’était ça le plus important dans l’histoire, pouvoir continuer à travailler comme si de rien n’était ? Était-ce une demande de ma part ? Et pourquoi est-ce que ça a mis autant de temps à me monter au cerveau, pourquoi j’ai trouvé ça normal ? Là, autant que possible, je ne prends plus de ça. Ou alors uniquement quand j’en suis obligé. Et idéalement, j’essaye de ne rien prendre. Ou de m’en remettre à des méthodes alternatives. Là, c’est un maté mousseux à trois eaux, très fort, et de la glace, beaucoup de glace. N’est-ce pas ce que dit Néo dans le premier Matrix ? Ice. Lots of Ice. Non, je me trompe, c’est guns. C’est tout le temps guns. Lots of guns. Et alors là c’est bon, c’est foutu, le degré zéro de toute chose est atteint. Sans guns on n’est plus rien. Les guns c’est la vie. Guns N’ Roses. Autant en emporte les guns. Charlie and Guns. Les gunnies. Aimez-vous les uns les guns et tout ce qui s’en suit. Voilà ce que je devrais faire, dans Eff. Mettre des flingues. Pas de bactérie mangeuse de chair, et au fond pas d’histoire d’amour, ou alors juste en toile de fond. Juste des mecs qui se tirent dessus pendant des heures. Là, ça aurait des chances de marcher.
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♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |