Il faudrait pouvoir éradiquer les like comme on éradique le café. Sauf qu’on n’éradique pas le café. On en reprend piteusement sa dose après une shitstorm mentale et une nuit pourrie, et voilà comment on se retrouve littéralement à s’endormir sur un manuscrit le lendemain matin faute de sommeil (ce qui n’est glorieux ni pour le manuscrit, ni pour soi). De là à partir en quête de graines de lin quelque part, il n’y a qu’un pas. Sauf que je n’ai pas faim. Pas du tout même. Si je pouvais abolir la nourriture, je le ferais. Mais alors en quoi me métamorphoserais-je encore ? Me connaissant, en impression de déjà-vu. En lapsus. En courant d’air. Et quelque chose me dit que ce n’est pas le pire destin possible en matière de métempsychose. Alors pourquoi s’en prendre au like ? Je ne sais pas. C’est une intuition. Le même genre d’intuition qui me faisait dire que le café n’était pas bon pour moi. À partir d’un moment, tout ce qu’on prend ou qu’on fait sans réfléchir sur des bases quotidiennes doit devenir suspect. Motif possible d’intoxication. C’est le cas du like. Quand liké-je ? Sur Twitter, je me sers de ce dispositif (qui jadis n’était pas un like mais un fav, et s’est fait contaminer par Facebook) comme d’un sous-RT. Ou quand je veux m’abstenir de répondre, mais que je tiens malgré tout à ce que la personne sache que je l’ai lue (et vue). C’est un genre de métadonnée basique. Et coûteuse. Combien pèse la somme des like d’un réseau comme Twitter en terme d’énergie sur une année, au niveau mondial (puisque ces choses-là déplacent des octets, on ne fait finalement que ça, lisez L’homme heureux bon sang) ? Combien la somme de ses like à soi sur une année ? Faut-il cultiver un like à soi ? Ou bien alors faire (4 minutes 33 de) silence.