C’est quoi le luxe : la liberté ? Ou l’insouciance ? Marre d’être souciant. Cieux. De tout. Pas que des miasmes. Quoi faire et quand par exemple. Quoi regarder. Voir, pas voir. Encre, non encre. Temps d’écran si oui quel. Combien. Depuis quand mon carnet papier c’est devenu un livre de compte des moments passés devant lui ? Il est ça. Je suis ça ? Quoi manger aussi. Aimerais manger mais mal. Bien mal ¹. Des trucs industriels sans âme. Mauvais mais bons. Plein de fromage fondu. Trucs gras. Trucs. Bach, j’y ai droit. Ça se mange pas. Ou bien si ? J’écoute presque plus rien depuis que je suis con(f). Traditionnellement j’écoute des trucs quand je sors, marchant. Là pas. Ou quand je suis seul. Mais je suis plus jamais seul. Alors j’écoute ce qui tombe. Une fois deux fois par semaine. Capsule sur le web, les réseaux. C’tout. Là, c’un concert pour Pâques. C’une église en ruines fumantes. Les mecs sont en combisaison de cos-
monautes. Ils jouent une Mélodie d’Orphée tu te dis : la musique devrait toujours être jouée comme ça. En scaphandre. En combi blanche postatomique. Quant au journal normalisé : peut-être c’est pire. Je suis rétif. Récif ? Récit. Soucieux de narrer autant que de manger ce que je mange et de regarder quoi ? Ça. L’éternité puissance je sais pas. Le journal est donc contaminé bien. Lui aussi. Par l’angle, par l’huile, par l’onctuosité ; or donc par le récit. Déambuler virtuellement dans Liberty City, conduire mal, ça me manque. Tuer des gens au hasard, ça me manque. Allez, même tacler un mec par derrière comme un boucher à la 92e minute en demi-finale de Champion’s League ça me manque. Derrière, prime à celui qui se sera sacrifié pour l’équipe. Headshot, ça me manque. Magie rouge, ça me manque. Le super combo dans Baten Kaitos Origins contre Wiseman, ça n’a pas de prix. Dans la file d’attente je respecte. Les distances de sécurité, je respecte. Je tue personne à coup d’headshot dans le masque ni rien. Je suis civilisé. Je regarde. C’est là tout ce que je sais faire. Comme écrivain je veux dire. Je suis moi-même un point de focalisation alors je. Fais. Ça. Je focalise à tout va je deviens presque un crack de la focalisation. Lui porte un masque mais sur le menton car il mange. Elle assortit le sien à sa robe. Elles ont des masques mais elles se parlent. Pas de silence alors. Elle en a un mais à la main, comme hésitante à le porter, attendant quoi le bon moment pour ? Lui aussi au menton : il parle au téléphone. Les gens sont confinés 23h/24 mais passent toujours leurs appels pendant leurs courses. Ou dans les files. J’attends. Et lui, il a des gants mais les mains dans les poches. Si la file d’attente dure une heure, comme le prétendent ceux qui la font, comment t’épuises d’office ton heure de déconfinement réglementaire, non ? Alors quoi ? Tu fais la queue pour ne plus la faire, et puis #rentrercheztoi. Pas à ça que je pense. Je pense : c’est pas une malédiction d’avoir appris à faire en CSS des trucs sticky et d’avoir rien à sticker ? J’ai rien à sticker, merde. J’ai rien. À Monoprix, contrairement à Auchan, ils te pschittent dans les mains. Tu te les frottes alors et alors, alléluïa (messe de Pâques en scaphandre), ici ils ont des pâtes sanza glutine et de la sauce soja idoine. Des graines aussi (mais non de courge). De l’HDC et du quinoa blanc et rouge (et blanc). C’est lourd. C’est reuch. On consomme. On est donc vif. Vif ! Vivant.