Je fais des flaques (sic). Non, je passe plusieurs minutes chaque jour à tâcher de créer graphiquement une (pour commencer) flaque. Non pas une flaque réelle. Une image de flaque pour Grieg. C’est plus qu’il n’y paraît. C’est à cause des effets de seuil. On doit comprendre que c’est une flaque, et le corps de la flaque doit être noir et non blanc. Mais l’environnement de la flaque doit être noir, aussi. Sans nuance, tout est noir, on ne voit pas la flaque. Ça va venir. Entre-temps, traquer les pixels sur d’autres pixels, confondre les saletés sur l’écran pour des pixels. Après ça, traire ses yeux. Ce n’est pas tout. Sur un réseau social X ou Y je confonds quelqu’un avec quelqu’un d’autre. C’est sans conséquence. Ça ne dure qu’une seconde. Je prends conscience de ma bévue. Le mot bévue s’impose. Je passe à autre chose. Puis, au cours d’un de ces rendez-vous immatériel censé pallier à l’impossibilité que nous avons entre amis de nous voir, quelqu’un donne l’impression de jeter des sorts à quelqu’un, face à sa webcaméra, à l’aide d’une baguette magique. Ce n’est pas une baguette magique. C’est E. Elle est dans une cave le temps de la visio avec un chat (et ce n’est ni sa cave ni son chat). Fin de l’histoire. Dehors, nous a dit un voisin il y a un mois, sur le coup de 23h30 ou quoi, si on tend bien l’oreille on peut entendre passer l’avion cargo de TNT qui atterrit pas loin à Saint-Jacques-de-la-Lande. Pas une fois je ne l’ai entendu. Aujourd’hui, je ne sors pas. Demain oui. Dans la boîte aux lettres, un voisin nous invite (un autre). Samedi, ce sera fête des voisins dans la rue. C’est confinement. C’est pandémie. C’est même annus horribilis. Mais même ça ne viendra pas à bout semble-t-il de la fête des voisins.