C’était probablement le bac. Je planchais sur ma copie en dilletante. Je rédigeais de petits paragraphes artistiques. J’étais assez content de moi. On voit tout de suite que c’est un rêve car la personne qui est de surveillance me demande de compléter ma copie. Comment ça compléter ? On n’attendait pas de moi que je fournisse simplement un résultat, on voulait également voir le raisonnement m’ayant conduit au résultat. Je ne comprenais pas ce qu’on me disait. Probablement car, adapté au français, les consignes à suivre pour un devoir de maths n’ont aucun sens. J’essayais d’expliquer qu’à l’échelle d’un texte, fournir le raisonnement consistait à découper chaque mot du dictionnaire et à livrer avec ma copie un sac entier de confettis de mots disjoints, on ne parvenait pas à se comprendre, lui et moi. Au bout du compte, las ou lassé, il est partie s’enquérir d’une autre candidate qui avait un problème avec son œuf des Pyrénées, quoi que ça puisse bien vouloir dire, et je me suis dit deux choses au réveil. La première, c’est qu’aucune règle ne s’applique à moi aujourd’hui. La seconde, c’est qu’être mal est le plus court chemin qui mène vers le bien. Mais il y en a une troisième et la voici. Je ne crois pas que la littérature soit une forme de pensée pure, comme je l’ai lu écrit quelque part, j’ai oublié où. Si tel était le cas, elle ne sortirait pas de la tête des gens. C’est le fait de sortir de ces têtes, cette trépanation en continu, qui fait que la littérature est cet autre chose fascinant qui nous dépasse (et nous déforme) à ce point. Cela ne relève pas de la transmission de pensées. C’est de la co-construction de formes, à mi-chemin entre l’être et l’autre. Par exemple, Guy Roux dit : [Mohamed Salah] aurait été très bien dans un 4-3-3 à Auxerre. Ça, c’est une pensée. Mais Victor Hugo 1 : La bonté d’une guerre se juge à la quantité de mal qu’elle fait. Mais Marguerite Young 2 : In the morning of life, you die. You do not die in the evening. Est-ce clair ? Je pourrais le demander, dans mon train du retour, au moine en robe de bure noire qui s’assoit dans le siège voisin, sauf qu’il commence à regarder KTO sur son iPad. Alors tant pis.

GV
vendredi 24 mai 2024 - mardi 24 juin 2025


Breath of Fire 4



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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

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