J’ai la tête polluée. De l’extérieur, par les reliquats d’hydrocarbures et d’invariants toxiques qui inoculent nos airs. De l’intérieur, par des pensées spectriennes au réveil ou bien au beau milieu de la nuit (pourtant visant à férier), et qui plus est des pensées pensées à mon corps défendant. Voici de quoi il s’agit. Il faut mener un travail en profondeur sur la nature des données produites par nos services, et plutôt que de les concevoir en répondant aux attentes de notre lectorat, disons, biologique, il vaudrait mieux les architecturer de manière à ce qu’elles puissent nourrir les modules LLM qui font leur loi sur tout. Le changement de paradigme dont le monde entier nous rebat les oreilles qu’il est en cours ne tient pas tant dans l’avènement de ces modules, d’où qu’ils viennent et quels qu’ils soient, et quels que soient leurs enjeux, et qui qu’ils servent au bout du compte, que dans notre consentement collectif à en faire les destinataires privilégiés de notre force de travail. De plus en plus, nous nous adressons à eux. Peut-être parce qu’au-delà des questionnements techniques, et éthiques, et énergétiques, nous avons fini par nous lasser des humanités. D’autres choses plus prosaïques. L’aspirateur l’est. Les gouttières le sont. Le contenu des gouttières fait tousser. Une commande à poster. Des mails à envoyer. On m’écrit que La vie sociale est ouf. C’est le cas. Je remercie pour un SP. J’écris à quelqu’un qu’on peut se voir gratuitement, et à quelqu’un d’autre que je fais du texte tarifé. Je pars courir le grand grand tour sans énergie. Au sortir du bois, avant de remonter vers P. via la ferme solaire, quelqu’un me lance un regard chargé non d’hostilité, non de désir, non de mépris, mais un peu tout cela à la fois, c’est-à-dire d’anthropophagie pure. Paradoxalement, le grand grand tour équivaut sensiblement au temps passé à accomplir le moins grand tour, c’est-à-dire environ une heure (59 minutes), pour un circuit total de 8,39km, soit, dit l’application que je me suis résolu à réinstaller, du 7’04 au kilomètre, mais enfin j’ai toujours été lent.

GV
dimanche 8 juin 2025 - samedi 12 juillet 2025


Shuho Satô, Give my regards to Black Jack, Glénat



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Article publié Article 120625 GV il y a 20 heures
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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

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