Il ne faudra pas compter sur Bakélite pour redresser la situation économique de la France : j’ai réglé 2 (deux) euros de charges Urssaf pour le mois d’août. La vache est maigre. Il n’y a pas que la vache. J’ai perdu quatre kilos depuis le début de l’été. Je n’ai pas faim depuis deux mois. Étrangement, ça ne me dérange pas ni de manger ni de faire à manger malgré l’absence de faim. Même que je peux trouver ça enrichissant. Ce midi : ragougnasse de verts de poireaux et navets au miso. Ce n’est pas fantastique. Peut-être est-ce pour cette raison que la faim est partie. Depuis plusieurs semaines, j’essaye de me recentrer un minimum. Cela prend généralement une forme interrogative. Fais-je ce que je fais par pur automatisme ? Et en matière de pensée, est-ce bien moi qui pense quand je pense et pas un substrat qui fonctionne en tâche de fond ? Les choses que je me dis le plus souvent, en conséquence, sont : ça, ce n’est pas le présent, c’est le futur. Ou : ça, ce n’est pas le présent, c’est le passé. Ou encore : ça, ce n’est pas penser, c’est parler avec un tiers imaginaire. C’est une question d’aiguillage. Je gagne en paisibilité. Je gagne aussi en lenteur. Ça ne m’aide pas, en revanche, à devenir meilleur au go. Ça me fait pas courir plus vite. Depuis quelques jours, j’ai repris les anciennes chaussures, qui ne courent que sur d’anciens circuits. Il fait trop boueux pour montagner russe. Même où je vais : un arbre a été décapité par les récentes intempéries, et désormais il « pèse » sur le petit pont qui enjambe la Seiche, non sans avoir mis à terre au préalable des lignes électriques. Parmi les choses vues : de jeunes gens partageant la tendresse (lui la tête sur ses genoux à elle à l’aller, le contraire au retour), un homme profitant d’un moment de complicité interespèce avec ses chiens, un autre chien, gros et blanc, qui comme tous les chiens gros et blancs du monde souhaite ardemment aller pattiluver dans un ruisseau noirâtre, et un adolescent à la coiffure cubiste de retour du lycée. Une rose supposément trémière a poussé sauvagement dans notre « jardin ». Il n’y a rien de plus présent qu’une plante, vu qu’elle pousse. Cela aussi, que ce soit dit.

GV
dimanche 5 octobre 2025 - vendredi 7 novembre 2025


Xamd : Lost Memories



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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)