Ils m’ont proposé une prolongation de mon contrat que j’ai poliment refusé. Celui-ci se termine en aout. J’ai éparpillé quelques prétextes au hasard de la conversation, ce n’est pas très important. Je commence à regarder sans trop voir les petites annonces et autres offres d’emploi actuellement disponibles sur l’écran.
Ce n’est qu’un boulot que je laisse pour un autre à venir qui prendra sa place. Je ne laisse derrière moi ni bons souvenirs ni mauvais. Le téléphone greffée oreille droite (…)

Je me suis assez peu documenté sur la question des accidents de personne avant ou pendant l’écriture des quelques 200 fragments compilés jusqu’à ce jour. L’écriture était plus éparpillée, sur l’instant prise, et ne laissait pas le temps de la réflexion. Paradoxalement, je me renseigne plus après la programmation des fragments dans TweetDeck qu’avant la fin de leur écriture. C’est aussi ce qui m’a permis, ces derniers jours, d’ajouter de nouveaux éléments, qui seront repris dans la version (…)

Je tire mes addictions de mon propre corps en mouvement. Je craque moi-même mes articulations à tout niveau et à toute heure, sauf pour la nuque, même si je voulais je saurais jamais faire (L. saurait). Hier voulu verrouiller les os alors je me déplace, l’ombre à mes pieds figure tendue aux poings fermés, tout ça me démange.
Radiohead me suggère de ne pas perdre mes nerfs, je perds mes yeux. Demain aller les faire visser pour que l’image s’aligne. Souvenir d’une phrase issue d’un truc de (…)

Ostéologie. Les os qu’on aperçoit, moussus, au coeur des forêt et en lisière des décombres : frontaux, mâchoires, vertèbres, omoplates - il s’en dégage une attirance mystérieuse, une magie.
Ernst Jüner, La cabane dans la vigne, Livre de poche, traduction Henri Plard, P. 187
Je pourrais en sortir des mythos pour justifier cinq jours d’absence le jour de retourner pointer. La vérité, c’est que je serais tombé dans un gros trou scénaristique. Et je me fiche pas mal de la Sarkollandisation (…)

Mais lui, il était déjà vide, il était une coquille d’homme mue par l’automatisme de l’habitude.
Roberto Arlt, Les sept fous, Belfond, traduction Isabelle et Antoine Berman, P.24
Avant de partir matin fermer tous les rideaux, les portes, monter les grilles, foutre un drap blanc sous l’eau froide et l’essorer, le suspendre en plein milieu du salon, brancher le ventilo sur 1, mode balayage, remplir la gamelle d’eau fraiche, les deux assiettes de mâche, endives, fenouil, persil, remplir la (…)

Qui suis-je ? Où vais-je ? Je ne le sais pas. J’ai l’impression que vous êtes comme moi, et c’est pour cela que je suis venu vous proposer d’assassiner Barsut. Avec l’argent, nous fonderons la loge et peut-être pourrons-nous ébranler les bases de cette société.
Roberto Arlt, Les sept fous, Belfond, traduction Isabelle et Antoine Berman, P.129
Le drame de 17h34 (et donc de toute ma vie photographique) c’est d’échouer sans cesse à pouvoir prendre tout l’intérieur de mes paupières fermées. (…)

Il y a vingt ans, il serait devenu anarchiste militant et on l’aurait trouvé lançant une bombe dans quelque capitale. Mais ce n’est plus la mode…
(...)
A notre époque, serti dans la foule nerveuse, un peu déséquilibrée de Montparnasse, il trouve plus amusant de commettre un beau crime !
Simenon, La tête d’un homme
Cerbère, lunaire, me marche dessus la gueule avec des os pointus avant de faire des vannes à rien puis s’en foutre. Passe bien deux heures à nettoyer une merde vieille de (…)

He was a machine, like all Tralfamadorians. He was held together by cotter pins, hose clamps, nuts, bolts, and magnets. Salo’s tangerine-colored skin, which was so expressive when he was emotionally disturbed, could be put on or taken off like an Earthling wind-breaker. A magnetic zipper held it shut. The Tralfamadorians, according to Salo, manufactured each other. No one knew for certain how the first machine had come into being.
Kurt Vonnegut, The Sirens of Titan
Jamais d’accord avec (…)

Yet the place was not silent. It was filled by that ticking : the ticking of his watch, his heart, his conscience, a clock somewhere. There was a remote sound too, from far below, of rushing water, of subterranean collapse ; and moreover he could still hear them, the bitter wounding accusations he had flung at his own misery, the voices as in argument, his own louder than the rest, mingling now with those other voices that seemed to be wailing from a distance distressfully : "Borracho, (…)

Démasqué par le déblaiement, surgi des décombres, immobile et debout, un être fantomal, qui n’était pas Stéphen, fixait sur elle ses yeux cadavériques. Son costume était d’une blancheur aveuglante. Ses cheveux roux le coiffaient d’ardentes frisures. Ses prunelles vertes, voilées par la mort enchâssaient dans le marbre blanc de sa face deux émeraudes éteintes. Sa petite barbiche bifide, ses moustaches et ses sourcils relevés singulièrement lui donnaient un air méphistophélique. Il était droit (…)

« Oui, mais où dénicher un vivant qui consente à vendre ses mains ? Il faudrait vraiment qu’il n’en ait plus besoin ; et les désespérés ne crient pas sur les toits leur envie de se suicider !… Quant aux armoires pleines de membres en réserve, vitrines bien garnies où les amputés viendront choisir des mains ou des pieds de rechange comme on choisit des mitaines ou des escarpins, cela c’est encore dans le domaine des temps à venir !…
Maurice Renard, Les mains d’Orlac, Publie.net
Les mains (…)

Main gauche d’abord : fracture du carpe et du métacarpe, de phalanges et de phalangines, ruptures d’extenseurs et de fléchisseurs, sectionnement du supinateur, plaie contuse à l’éminence thénar, écrasement du court abducteur, des lombricaux et des interosseux, phléborragie de la salvatelle, ecchymoses multiples… Et il y en avait autant pour la main droite !
Maurice Renard, Les mains d’Orlac, Publie.net
Respecte assez une langue par laquelle on peut dire I ache. Et si je me plonge (…)

http://tentatives.eklablog.fr/todo-...
Fatigue. Vocabulaire. La poésie des défections du corps : cachexie, asthénie, cytokines, interféron, interleukine, la masse maigre ! Poids des os trop vissés. Deux globes dans un oignon haché : les yeux secs d’avoir vu. J’essaye, tant bien que mal, d’effleurer, avec mes propres ongles, la justesse. Échoue.

Je me suis laissé peu à peu dominer par la peur. Je ne crains pas l’échec ; j’ai peur de ce type qui essaie d’écrire, assis devant son ordinateur. Je ne le connais pas. Je suis au service d’un inconnu qui ne me laisse pas dormir, réfléchit à des choses futiles et dont je mesure les capacités mentales déclinantes. Je ressens avec ma propre tête les vertiges de son artériosclérose, ses tâtonnements pour retrouver dans sa mémoire chancelante un mot, un enchaînement logique, un problème qui, au (…)

(...) l’astronautique était devenue une façon de fuir les problèmes terrestres. Tous ceux qui en ont assez s’en vont quelque part dans la galaxie, escomptant que le pire aura lieu pendant leur absence.
Stanislas Lem, Congrès de futurologie, J’ai lu, traduction Dominique Sila avec la collaboration de Anna Labedzka
J’ai fait des recherches, des archéologiques, dans l’écran pour trouver, au juste, c’est quoi la signification du truc DLN dont j’ai relu les notes hier, et j’ai trouvé, c’était (…)

Il dit quoi le thorax ; ça dit quoi des douleurs étoilées ? Croire qu’il y a un sens derrière tout vaut mieux pas. Sert à rien (j’ai tendance à faire ça). Des fois, dirait que le corps il raisonne en fonction de la texture du ciel. Il ache. C’est un beau mot ça je trouve, to ache.
J’ai repris Le Roi Lear, alternativement en anglais, en français, mais dans une autre traduction, d’abord François Guizot sur liseuse, ensuite Victor Hugo sur Wikisource. Ici la liste des traductions successives (…)

Des douleurs cervicales chaque matin. Besoin d’un oreiller, d’un matelas, d’une autre tête, d’un squelette, un vrai corps sur lequel m’appuyer. C’est ce corps, précisément, qui copie sous la dictée d’autre chose le contenu que j’écris dans les Coup de tête que j’enverrai ici ou là. Je pense à cette chanson, Hurt, reprise de Nine Inch Nails par Johnny Cash avant sa mort : I focus on the pain / the only thing that’s real car ça colle au bouquin.
Fort heureusement, il existe une Maison de (…)

Nouvelle migraine. Dans la nuit ou bien dans l’orbite gauche. Mal dormi. 1g de paracétamol au réveil mais la tête retournée. Cinq en dix jours, un jour sur deux. Bon. Un médecin à 13h. D’autres trucs. Déplacer des vertèbres. Changer les yeux. J’ai les deux mains dans quelque mécanisme, du cambouis sur les doigts, un tournevis dans l’une, l’Hubot toujours branché, réalise pas ce que je fais, on me dit faut pas quand c’est branché, risque d’électrocution temporale, je suis à l’ouest (…)

Tellement couru dans l’un de mes rêves que j’en sors avec un clou réel planté dans le genou gauche et qui tape éveillé. Ensuite, comme un virus, la douleur se transmet d’un rêve à l’autre, suivant, c’est le fil rouge de quelque chose (mais quoi ?).
Ma mère a bien reçu mon livre et il la rend malade.
Tenté crire la carcasse. De zéro. Rien. Trois bribes :
« j’ai jamais bu un gramme de speed de toute ma vie je suis incapable de dire je on m’a jeté un sort »
Sors un peu, marché même (…)

Juste 1g, presque rien.
19h15 chez l’ostéo, 50 minutes. Deux photos jamais prises. Un : l’écran blanc du plafond des fois flou. Deux : mes pompes sans moi sous une chaise vide.
En sors plus aéré niveau des cervicales. M’a fait craquer deux trucs thorax sternum que sais-je. M’a dit j’étais noué à gauche (des cordes).
Mueller (98 mots) :
-- Rien de tout ça n’est réel, vous savez, dit Le
Cap à ses corps, toutes leurs gueules pleines de
sable & de crabes & d’embruns. Ca n’est (…)

Fact : on me dit de façon détournée que je fais des fichiers dégueulasses.
Mail de Christine qui a lu mondeling et qui kiffe. Grande joie de lire relire son mail car comme je lui écris en réponse je savais pas du tout où j’allais avec ça. Alors content qu’elle pense que ouais ça tient debout ce truc.
1g de paracétamol préventif. L’ostéo me l’a bien dit jeudi : le corps mettra quinze jours à se recomposer. Vraie peur qu’au bout de ces quinze jours, les douleurs se recomposent avec le (…)

Scholic Hockenberry’s cells are signed. Signed ? says Mahnmut. He’d never had much interest in biology or genetics—human or moravec—although he had long studied the biology of kraken, kelp, and other creatures of the Europan ocean where he’d driven his submersible for the last standard century and more. Signed—copyrighted and copy-protected, sends Asteague/Che on the common band. Everyone on the ship except Odysseus and the unconscious Hockenberry is listening. This scholic was not born, he (…)

Quelque chose a claqué, hier, derrière l’épaule droite, un nerf sauté (H. il me dit les nerfs ça saute pas), et je crains que ce nerf claqué derrière l’épaule ébranle un édifice une carcasse une épave déjà pas bien en point et, surtout, j’ai peur que la douleur revienne (la douleur est revenue), pas aussi forte qu’avant l’ostéo mais précise, palpable, progressive, en marche vers les prochaines semaines ou mois, une semelle sur ma nuque sur mon crâne. Alors, pour toutes ces raisons, réelles (…)

Fact : la salade endives-pommes-roquefort que je prenais chez Gosselin en 2008 quand je bossais pour SeB existe encore aujourd’hui et j’en mange.
Passe mes sept heures de taf le dos pile à 90° de moi-même car suis persuadé que le crâne à avoir avec les vertèbres, les vertèbres avec le dos, le dos avec le corps tordu que je me traîne tous les jours depuis pas mal de jours. Le reste du temps, je vérifie à l’oeil nu des chiffres inscrits dans une colonne, reportés dans une autre colonne (et (…)

Que peut l’art, puisque le type d’homme qu’il n’a jamais cessé de représenter (l’homme tragique) n’existe plus ? Le héros tragique est un homme qui se crée lui-même et qui échoue. Or, de nous jours, l’homme ne fait plus que s’adapter.
Imre Kertész, Journal de galère, Actes Sud, traduction Natalia Zaremba-Huzvai et Charles Zaremba, P. 11.
Le nouvel iPhone est un blanc, un 4S, même modèle que celui qu’on m’a fauché l’année dernière dans le D mais avec deux fois moins de mémoire dedans, (…)

Barking Road s’est barrée de sous le cuir de ma cheville. Une pointe à l’extérieur la malléole des fois. Reprends un rythme de marche souterraine parisien. Juste qu’après trois quatre jours de douleur droite, de compenser à gauche, de douleur gauche, de compenser à droite, suis plus très sûr de savoir ni où ni comment bien marcher. Besoin de redresser mes os dans un sens compliqué.
Vie grise : passé du temps à collecter des preuves factuelles de la faillite d’un collègue. Déteste devoir (…)

J’ai pas mal, c’est juste une impression crâniale (mais va expliquer ça au neurologue coco).
Lu cet article entre les pages du Monde immatériel : au sud, il y a la postapocalypse. Le monde réel reflue jusqu’à nos plantes de pieds, nos empreintes digitales, je voulais pas le voir ce monde, et on m’appelle William, j’ai des problèmes de narratologie, je suis fatigué je te dis, j’ai besoin de vacances et toi, Twitter, tu me balances ce truc et puis moi je le RT. Merde putain.
Dans (…)

Dû mettre un pied dans un nœud temporel qui te jette dans le passé. Je m’explique. Je paye mon dej avec de la monnaie prévue pour un ticket de l’année 2012. Je saisis des commandes sur un truc en vigueur y a des mois. Je prends les anciens escalators. Ma cheville me joue du Barking Road. Subis la hiérarchie canine à deux mètres à la ronde. Soupire pas mal.
Courir ter. 11 min 11. 1.81km. Premier tour bouclé sans marcher mais plus lent. De l’air.

Des putain de douleurs cervicales au réveil mais ça va : suffit de pas trop pivoter la tête à gauche. Un peu plus tôt ou tard, je termine Toi au moins. Après le livre et la postface il y a un truc qui s’appelle « Journal de bord du traducteur » qui te permet de voir : de voir comment le texte a pu glisser d’une langue à l’autre. C’est la littérature avec l’échafaudage encore dessus, ça permet de savoir comment le texte (et, au-delà du texte, la langue qui le porte, l’habite) tient debout. (…)

Relire un de mes I Loved you More ça me fait presque chialer : peut-être signe que c’est presque pas mal ? Je suis là je suis plein de douleurs je suis plein de fêlures j’ai des os. Pas allé bosser à cause. Passé du temps sur une bande magnétique non sur une bande numérique, enregistrement de ma voix pour L’appel, à couper, à scotcher, à faire du bruit, réduire le bruit, accélérer, couper les ficelles, les silences. Je fais pas assez de son faut que j’en fasse plus du son. Quel dommage que (…)

Ce texte est librement inspiré de la nouvelle « La serviette brodée d’un coq » de Mikhaïl Boulgakov. Elle a été composée dans le cadre du projet /// dont elle constitue l’une des incarnations. Il a été mis en ligne chaque jour religieusement le long de son écriture en vers justifiés de 44 caractères. Ici compilé, il est ainsi proposé en trois versions distinctes : une version éditée (en P.1), qui correspond au texte mis en ligne sur /// repris et corrigé (quelques adaptations, des passages (…)

On pourrait longer les rivières, désosser une voiture, plonger. Se rendre au cimetière, dans une cour d’école, voler le drap qui sèche, toutes choses qu’on ne fait jamais. Mieux : être le drap qui sèche, petit clac dans le vent, et sa pince à linge qui s’épuise. Se réincarner en bidon d’essence, en silo. Devenir pistache, émeraude, blé mur et s’émerveiller des autres couleurs.
Un merle m’engueule dans le jardin.
Fermant à demi le ciel, trois palmiers.
Devant, un figuier, poussé dans un (…)

Depuis des semaines, je ne reçois plus que des mails de moi. Notifications des sauvegardes automatiques liées au protocole Sisyphe de Spip. Ça fait quand même 700Mo de sauvegardes quotidiennes. Il va falloir commencer à nettoyer. Ça ne sert à rien de tout garder. Mais au milieu de tout ça un mail bien réel. Quelqu’un prépare un ouvrage sur les ateliers d’écriture et a sélectionné un texte tiré de Mondeling. J’avais oublié ce texte. À un moment donné, lisant ces quelques lignes comme si elles (…)

Dans Oùrs, Mahigan Lepage écrit : Et si devenir ours, c’était d’abord apprendre à régner sur sa propre forêt, à garder la patte sur sa faune intérieure. Quant à Giono, dans Un roi sans divertissement, qui se souvient qu’il a écrit : je sacrifierais volontiers ma vie pour rassurer une biche ou pour rassurer un léopard ? Je suis donc dans les bêtes, voire même dans les ours. Je suis doublement, triplement dans les ours, après lecture du livre de Nastassja Martin et, ce matin, la reprise d’une (…)

— Qu’est-ce que tu en penses de la nouvelle voisine, Soch’é ? Elle ne serait pas un peu nigaude, des fois ? Quand je perds quelque chose, je me demande : où était-ce la dernière fois que je l’ai vue, c’est bien ça qu’elle a dit ? Tu me dis si je me trompes, hein, Soch’é ? Tu trouves que je suis un peu un fils de pute ? Eh ben essaye pour voir, alors. Tu peux le faire, Soch’é ? Tu peux tâcher de te souvenir ? Si je prends Fernao, par exemple. Où il était Fernao, la dernière fois que tu l’as (…)