J’ai posé un pied en vacances et suis tombé malade. Mais sûr que pour lundi prochain, date de la reprise du boulot, je serai largement rétabli (ouf). Entre temps, quelques jours passés, parfois comme un vide à combler. D’autres, comme samedi soir, m’ont bien coûté ma voix mais ce n’est pas très grave : la dernière fois que j’avais joué au Taboo XXL avec eux, c’était il y a un an et demi, je m’apprêtais à partir. J’ai apprécié cette soirée là.
Les autres jours dans du coton : ne rien (…)

C’est un lapsus antérieur à la langue car je voulais pas dire, écrire, penser, calamité chromatique mais calamité climatique. Trempé jusqu’à la moelle, l’épine, malgré le parapluie de marque noir. Me suis risqué dans les vagues de la ville pour une salade aux lentilles froide rectangulaire.
Une phrase lue dans La Horde :
Le plus difficile, tu verras, c’est quand ça devient si absurde que tout le monde perd sa lucidité. Essaie, toi, de toujours te distancier, au moins mentalement, de ta (…)

On avait allumé des torches contre les murs pour que nous pussions jouir de quelque lumière en mangeant. Cette sorte de cave de pierre brute, où des brandons suspendus répandaient une lueur crépitante au centre du halo noir qu’avaient déposé contre les murailles les lumières anciennes, semblait devoir servir de cadre à quelque cérémonie tragique, à quelque culte chthonien. Un instant, j’eus l’illusion d’avoir voyagé dans le temps plutôt que dans l’espace et, en m’enfonçant dans le nord, (…)

Je me réveille je suis de bonne humeur Myst... 1
Transoxiane, le trois. Une table en plastique, un muscle en l’avant-bras qui n’a pas de nom fixe (contrairement à l’infarctus du myocarde qui en a un, la preuve).
Maps of the stars. Le soleil non comme contrainte mais comme un filet d’air. L’odeur entre les corps qu’on croise d’une certaine crème solaire. Ils ont sorti un nouveau Fly mais ce n’est pas mon Fly. Mario Kart 8 le jour de sa sortie malgré l’absence insupportable et (…)

Une espèce de futur apocalyptique où la terre est dominée par des aliens robotisés. Ceux qui rejoignent la résistance finissent tous morts ou légumes. Certains sont changés en kangourou mais on ne sait pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Lorsque tu mets les doigts sous le visage des gens tu peux les faire parler avec leur voix et puis lancer des diversions ailleurs. Je le fais vers la fin. Avant, c’est une opération sensible destinée à subtiliser des items aux robots. Nous avons (…)

C’est une espèce de château fort en ruines, corps en contre-plongée dans la poussière ou dans le sel lumineux, je sais pas. Ce que je sais c’est qu’il y a un contentieux entre lui et moi. Curieusement, je me retrouve à beaucoup écouter une espèce de triplette eighties pas tout à fait dans mes goûts normalement. Le plus souvent, quand même, dans des versions live ou récentes. Du temps sur des tableurs encore. Encore deux jours à ça et ça devrait être bon. Merdé un truc dans Ulysse : on (…)

Il suffirait d’enfermer la douleur dans des et de l’appeler ailleurs, par exemple dans le passé. Mais je retrouve rien de ces schémas de pensée révolutionnaires au réveil. Un sale brouillard devant les yeux que la chimie peine à faire fondre. Fatigue fatigue. Une série de tâches, parfois rébarbatives, mais enfin prises à bras le corps, et arrêter de les remettre : à demain, à plus tard, à à à. Deuxième épisode d’une histoire du vertige par Camille de Toledo, à distance et dans le temps. Le (…)

Un angle pour ADP ou plusieurs. De quoi enfin prendre du plaisir à ce que je fais. Alors j’ai ouvert Emaz, j’ai ouvert Dracula, j’ai ouvert Bolaño. J’ai mis du Fly dedans. J’ai mis des bêtes et des insectes et des matières friables et on verra (demain, après-demain, après-après-demain) ce que ça tiendra. Ça manquait d’animalité, voilà. H. est parti courir le marathon de Paris, je regarde de temps à autre sur une fenêtre Twitter pour voir où ça en est. Je n’aurai pas dû essayer d’aller à la (…)

Fin des réécritures d’ADP. Je ne suis pas allé comparer le nombre de signes avant, le nombre de signes après. Juste j’ai listé dans mon mail les fils narratifs injectés dans les notes qui tissent sur la longueur du livre, ou de façon transversale, d’autres horizons absents du texte jusque-là et sur quoi s’est concentré mon travail ces dernières semaines. Des bribes de textes d’autres auteurs sont présents sous forme de citations fantômes également, et je mettrai un certain temps à retrouver (…)

Maintenant que pour l’ascenseur et le ballon d’eau chaude c’est bon, c’est la connexion internet qui flanche. Il y a toujours un truc. 518 mots pour Eff, sans âme, comme un somnolent. Et je me vois faire. Vivre, pas vivre. Ça m’effraie.

Vous croyez à la nouveauté du malheur. Comment faites-vous pour oublier qu’il s’amoncelle au fil du temps ? Moi, je le sais toujours et ma vigilance ne me laisse aucun repos. Je suis un homme qui n’oublie pas, qui n’oublie rien, jamais. La voilà, ma démence, si vous voulez le savoir. Je ne peux pas oublier mes hordes déferlant dans l’ivresse de la conquête et livrées au bonheur du ravage. Peut-être qu’un professeur répugne à se figurer la joie sombre et noble que l’on éprouve à jeter bas (…)

La 4G n’est pas magiquement revenue par elle-même ce matin et le gars à qui j’ai loué un canapé pour la nuit a super liké quelqu’un par inadvertance sur Tinder, sauf qu’il n’a pas dit par inadvertance (il a dit, en revanche, super liké) et je ne sais pas, au juste, comment on peut super liker qui que ce soit où que ce soit sans que ce soit voulu, souhaité, conscient quoi, d’ailleurs je ne sais même pas ce qu’on est censé répondre à ça (dans le doute, noyer le poisson). Qui est-il, que (…)

Souvent cette expression, supprimer les moulinets inutiles. D’une certaine manière, supprimer les moulinets inutiles est peut-être voisin de comprimer un texte jusqu’à obtenir une sorte de supraconductivité électrique. Ou bien de cette phrase de Jérôme Orsoni (Habitacles, cahier 2) : Simplifie, ne serait-ce que pour accueillir la plus grande complexité. Mais ça, ça vaut dans l’écriture et non dans la vie. Peut-être qu’appliqué à la vie de tous les jours, supprimer les moulinets inutiles (qui (…)

Chère Madame, Cher Monsieur,
J’ai bien reçu votre réponse à mon courrier daté du 28 juillet dernier et je vous en remercie. Vous avez fait preuve d’une célérité certaine à revenir vers moi au sujet de ces deux voyages défectueux et c’est tout à votre honneur. Je prends bonne note de votre proposition de me dédommager de mon malheur sur la base d’un bon d’achat d’une valeur de 60€. Il y a quelques jours à peine, lorsque H. me demandait ce que je pressentais quant à cette situation, je lui (…)

Être aphone, passe encore. Avoir mal à la gorge toute la nuit, si bien qu’on passe son temps à souhaiter dormir plutôt qu’à le faire, ok aussi. Avoir mal de manière à ne plus tout à fait savoir si c’est une rémanence migrainique ou un symptôme de la pharyngite, ce qui te nique tes expérimentations en cours, je veux bien l’admettre. Mais être planté en soi-même tout ce temps, les yeux ouverts donc, avec une chanson horrible en tête, non. C’est une bluette franco-néerlandaise entêtante, et (…)

Si je dors allongé, j’ai mal aux oreilles. Signe que la pharyngite se rhinoïse ? Si assis ne dors pas. En fait, quoi que je fasse, je dors pas. Chaque fois que je m’apprête à [lames sombrer] la douleur me réveille. Par exemple, avaler des rasoirs continuellement. Par exemple, se lever à 5h du matin, boire un mug d’eau chaude avec du miel de Sénanque. Ensuite, attendre qu’il en soit 16 pour aller trouver un médecin rue Claude Decaen qui n’est pas mon médecin. Sauf que j’en suis venu à (…)

Cette fois, connecter en bluetooth le clavier du Mac au BM3 pour pouvoir écrire directement sur lui, et ne plus avoir à en passer par le clavier fictif de la tablette. Pour ça, transiter par l’application Typeeto, qui est payante. Derrière, il faut aussi aller configurer le clavier dans les paramètres de la tablette pour ne pas qu’il soit pris pour un qwerty. C’est un peu chiant à trouver, car l’option de clavier physique n’apparait que lorsque la connexion bluetooth est faite, pas avant. (…)

Quelqu’un sur un plateau télé parlant de quelqu’un en situation manifeste de conflit d’intérêt et de malhonnêteté : il n’est pas conflicté par cette affaire. Il n’y a pas que l’éthique qui en prend un coup, il y a aussi le langage. Le langage des plateaux télé est-il un langage humain ? Est-il un langage en plastique ? Dans les magasins, à dix jours de noël, les enseignes mettent deux choses en avant : des boudins de porte pour éviter que le froid rentre, et des toasts pour que le fois gras, (…)

Pour l’instant, je me sers peu de la connectivité écran du BM3 en HDMI. C’est que la gestion des déplacements de la souris au trackpad est assez fastidieuse. Je trouve ça plus pratique et cohérent de ne brancher que le clavier du Mac en bluetooth pour bénéficier d’un clavier réel sans pour autant perdre la possibilité de l’écran tactile. C’est un bon compromis. Ce faisant, j’ai la sensation de travailler sur l’une de ces prototechnologies qu’on voit parfois au cinéma lorsqu’il s’agit de (…)

La Poste est fermée par décision préfectorale, étant sur le tracé de la manifestation d’aujourd’hui. Si j’écris ici que j’ignorais la tenue d’une manifestation aujourd’hui, on ne me croirait pas. Des cars de CRS arrivent, ainsi que des voltigeurs sur des motos. Je crois que ça s’appelle comme ça. Ils prennent le rond-point à contre-sens et les gens les regardent faire. Est-ce la métaphore de quelque chose ? Sur Twitter, quelqu’un fait remarquer que les grévistes pénalisent surtout les gens (…)

Où que j’aille, j’y suis. Voilà une bonne première phrase pour quelque chose (mais quoi ?). N’est-ce pas dans l’esprit assez proche de cette autre citation, qui cette fois-ci n’est pas de moi : « Le monde est dans ma tête, mon corps est dans le monde. » ? Quelqu’un demande sur Twitter la définition du mot bretteur, à cause de Cyrano de Bergerac (la personne illustre et non le personnage fameux) qui l’était, et moi tout ce à quoi je pense c’est que Ron Berku est le meilleur bretteur que le (…)

Ce qui est amusant, c’est de se dire que les journaux de confinement sont en train de peu à peu devenir des journaux de transcription de rêves. C’est inattendu. C’est inattendu : depuis la mise en ligne de Fuir 4 dimanche, beaucoup de messages ici et là pour me dire, d’ailleurs je ne sais pas pour me dire quoi, que ça marche ? Que la maquette est belle ? Que le site est plaisant ? De fait, je retrouve l’enthousiasme de pouvoir mettre en ligne un article hors journal, ce qui n’était presque (…)

L. m’écrit je vais t’appeler dans neuf minutes (elle le fait). Je suis mal placé pour médire : la nuit je compte. Je compte les bruits, les sons, je compte le nombre de fois que Bach se met en boucle et quand, je compte le nombre d’exercices censés me faire me sentir mieux, puis le nombre d’Ulysse à traduire, puis le nombre de degrés en plus, en moins. J’essaye de compter combien d’épisodes de Daï no Daiboken seront nécessaires pour couvrir les 37 volumes de Fly 1 (et jusqu’où ils iront pour (…)

Mouche est venue mourir. Elle finira grillée dans mes courgettes, sur une petite poêle à 7 au niveau des indices (indices de l’induction). Mauvais présage ? Pour elle, sans doute. Pour moi aussi si par inadvertance je l’avais mangée elle, mais là non. Je l’ai vue. Je me suis dit : mauvais présage ? Et puis tu sais la suite. Je vis avec des lapins pour la tendresse. Même : j’écoute Bachar Mar-Khalifé et Meryem Aboulouafa pour la tendresse. Mais les mouches ? Mais Bisbille ? Ce ne sont pas des (…)

Cher Aeroflot,
J’ai fait ce que vous m’aviez recommandé. J’ai appelé votre Call center qui m’a confié ce secret, ce mot de passe si vous préférez, voire même, soyons fous, ce cheatcode. Je l’écris tel qu’il m’a été transmis. Show me the money. Pardon, c’est une erreur, ce code-là sert simplement à avoir des fonds illimités dans Warcraft... Non, ce que la personne m’a dit, c’est J’AIMERAIS PARLER À VOTRE SERVICE JURIDIQUE SVP. Voilà. C’est tout. Et c’est là ce que je souhaite. Le code par (…)

Retour à P. dans la tempête. Dans le train, la jeune femme assise à côté de moi ressemble à l’actrice de The Queen Gambit, série que cet autre passager est quant à lui en train de regarder sur son écran pliable (sauf qu’elle est blonde). Elle a manifestement mis un soin certain à choisir ses vêtements, c’est un mannequin dans une vitrine de luxe : très belle mais d’une beauté pas d’aujourd’hui, intemporelle. Elle, ne regarde pas The Queen Gambit mais 8 femmes sur son téléphone de poche. Un (…)

Quoi qu’on dise, on se trompe. Quoi qu’on cherche, on ne trouve. Le bonheur dans l’histoire, c’est qu’on ne trouve pas rien, on trouve autre chose. Quelque chose d’incherché. Dans un monde idéal, c’est-à-dire non covidé, c’est le rôle des librairies, je crois bien. Là, c’est plus tangent. Quand je cherche comment attirer des escargots dans son jardin pour une récolte (ce n’est pas pour moi, c’est pour un personnage de fiction), Google me répond comment attirer des musaraignes à base (…)

Le vent n’a soufflé que dans sa nuit : à la levée de l’aube, il s’est dissous en elle. La pluie aussi : la pluie battant les toits. Au matin, plus. Dans le rêve, non seulement le covid refilait la covid, mais en plus il inséminait les femmes et elles tombaient enceintes. La préfecture de police avait mis en place des trains dinatoires garantis sans contamination, moyennant j’imagine contrôles drastiques à l’entrée, appelés pref. J’en étais réduit à porter deux masques l’un sur l’autre. Et (…)

Plusieurs fois durant la nuit je me suis dit qu’il suffisait de me faire arracher le nerf d’Arnold par des tiers (professionnels de la santé ou non, à ce stade) pour découvrir (ou plutôt constater ce qu’on savait déjà :) qu’il se présente sous la forme d’un fil barbelé. Si je retire celui de gauche, serais-je capable de tourner la tête seulement à gauche ou à droite ? Ou bien alors c’est la paralysie ? Peut-on vivre sans nerfs ? Est-on alors atone ? Les nuits seules ne règlent rien mais (…)

# 1
Officiellement, le troisième confinement n’est pas encore commencé. On peut donc aller dans le passé, au-delà de la limite des dix kilomètres. Sauf que ce n’est pas dans le passé mais à Pacé. Au cours d’une énième rixe lapine, Poulpir a mordu Tartelette, qui, là, boîte. C’est la patte arrière gauche. Nous sommes donc à Pacé à la clinique vétérinaire qu’il y a entre le Truffault d’ici et l’Ikéa. Pas loin, comme dans toutes les zones commerciales qui bordent la banlieue des villes, les (…)

La phrase il faut à la fois dormir et pas dormir est en réalité très différente de il faut à la fois dormir et ne pas dormir. Reste à comprendre ce qu’est ce pas-dormir et comment le pratiquer. Au fond, nous sommes des producteurs de phrases. Des cultivateurs de ça. On prépare les semis sur une page blanche, dans un écran ou dans notre tête et on laisse reposer, pousser presque. Quand on revient pour la récolte, on ne prend que ce qui a forme propre. Et on arrache le reste, tout l’invasif. (…)

Aucun son d’oiseaux ce matin, comme si le monde s’était fait vitrifier au mercure pendant la nuit (ce n’est pas le cas). Le petit lapin tête de lion abandonné est lui bien là, sur son parking, à dormir sous l’ombre des voitures, comme la dernière fois. Cette nouvelle tentative pour l’attraper, à base de fanes de carottes pour l’appât, de retour du marché, est tout aussi infructueuse que la première. Derrière cet immeuble un peu glauque, c’est glauque. Herbe coupée à ras sur de la terre. (…)

Le plus marquant dans Chainsaw Man, ce ne sont pas les tueries ni la violence : c’est la façon dont on se sert des tueries et de la violence pour mettre en valeur, entre, des moments d’une grande délicatesse. À ce titre, le volume 9 est particulièrement abouti. Ce qui me gêne, c’est le nombre de personnages et leur faible capacité à rester en vie assez longtemps pour qu’on sache qui ils sont, ou pour qu’on puisse ne serait-ce que les différencier les uns des autres. Fin de la récolte de (…)

Sur Twitter quelqu’un dit : Il n’y a pas de honte à être triste. Un autre : Les teckels c’est le must. C’est l’école de la vie. La performance de Stromae au JT de TF1 l’autre jour aurait conduit de nombreuses personnes à contacter des hotlines anti-suicides, ou œuvrant pour la prévention de la dépression. Certains disent : Voilà quel est le rôle d’un artiste ! Une autre façon de décrypter cette information serait de dire : depuis que Stromae est passé au JT de TF1, les statistiques de la (…)

Il faut savoir se réinventer car on n’est pas nous-mêmes. Dans Nocturama non plus, les héros de l’histoire, si ce sont des héros, ne sont pas eux-mêmes (et elles). Enfermés dans ce grand magasin, ils n’arrivent qu’à se recomposer en d’autres modèles de créatures humaines préexistantes. On ne sait pas partir de rien ou d’ailleurs. Les gouttes anti-odeur de merde (post-poo drops) font l’objet d’un rappel produit, car elles peuvent entraîner les effets suivants : arrêt respiratoire, (…)

Ça veut dire quoi dans les rêves un serpent qui te mord ? Et recevoir un courrier qui t’annonce ton expulsion de chez toi ? Et ne pas trouver tes chaussures puis, les ayant trouvées finalement, ne pas parvenir à les lasser ? Plus que deux ans à récolter pour le journal. 2018 : 68 passages retenus. Sagesse sacchiste : 1+1, ça a toujours fait 1, tandis que 1 x 11, ça fait 11. Il fait un temps à lire toute la journée de mauvais romans. Il y a plusieurs sortes de romans. Les mauvais qu’on n’a (…)

C’est encore la fin de la semaine. La nuit la culpabilité me laisse tranquille le temps de devoir redresser un avion de ligne qui s’écrase vers la mer, le faire rebondir sur de l’eau, regagner de l’altitude, tâcher de franchir sans encombre une chaîne des montagnes au loin. Terremer : The longer a man stays in a form not his own, the greater this peril. Il ne faut pas confondre Nolwenn Leroy et Nordahl Lelandais. Il faudrait que j’arrête de parler de ce que j’écris dans le journal : ça lui (…)

Bourse aux livres à P. Voilà donc où finissent les cadeaux de Noël de tout un chacun. Ici, quelqu’un vend tous ses Echenoz. Là ses Fred Vargas. Bruno Masure jeune sur une couverture d’il y a trente ou quarante ans, aux couleurs affadies par le soleil. La Toei s’est fait hacker il y a peu alors tous les épisodes de La quête de Daï sont suspendus. Celui d’aujourd’hui était censé être super. Quand on nous a dit au début de cette guerre que rien ne serait plus comme avant, ce n’est pas (…)

Trop de pois chiches trempent (falafels). Une brume de lune se lève au matin, devançant le soleil (elle était pleine à 99 % hier). Pour un quinquennat d’action en faveur de la mer, le 24 avril nous voterons Emmanuel Macron. On dirait des incantations absurdes (sans doute car c’est le cas). J’ignore si le jeune homme qui passe de maison en maison faire du démarchage pour les réfugiés (mais enfin déjà qu’est-ce que ça veut dire ?) vote Macron, ni, si oui, à quel degré, et je m’en fiche. Je (…)

Une femme cherche son mari à la sortie du bureau de vote. « Mais il est où ? » dit-elle à voix haute, comme si leurs chemins s’étaient irrémédiablement séparés, par exemple après l’expression divergente de leurs votes. Il pleut à verse, c’est encore sans doute un signe. Un autre signe est qu’en ralliant le marché dans la foulée, et ne parvenant pas à trouver le billet de vingt euros que j’étais pourtant sûr d’avoir sur moi, j’ai failli payer avec le bulletin froissé de Marine Le Pen que (…)

Pénurie de moutarde après l’huile. Je n’achète pas de moutarde ni n’en consomme. Maintenant qu’il n’y en a plus, un désir montera-t-il ? Je n’aime rien d’autre, en écriture comme dans la vie, que de voler du temps. Voler des scènes. Faire ce qu’il n’était pas prévu que l’on fasse. Explorer un domaine de liberté tissé seul, à l’insu (parfois même à l’encontre) des autres. Ce n’est pas tout à fait vrai, c’est même en partie faux, pourtant je peine à le formuler autrement. Tout à l’heure je (…)

Départ dans une lumière poussiéreuse et claire mais sale. Toutes les pelouses sont jaunes. Le monde est cramé et nous roulons dans lui. Du moins H. roule, je veux dire conduit. Moi, la plupart du temps, je ferme les yeux jusqu’à P., où nous attend un jardin de paille plus jaune encore que tout le reste de ce jaune. De moins en moins d’eau potable pour tout le monde mais à en croire ma timeline, la préoccupation du moment semble être : Fabian Ruiz s’est mis d’accord pour un contrat de 5 ans (…)

La mia vita violenta < La Vita Nova 1. En regardant la captation d’un live de Blonde Redhead, je réalise que les musiciens sont des quadragénaires grisonnants, et que la vidéo en question a déjà plus de dix ans. Est-ce que tout ce qui dans le monde pesait sur nous ou nos était hostile ne disparaissait pas et ne se surmontait pas dès qu’on avait vaincu le temps, dès que par la pensée on pouvait faire abstraction du temps ? 2 Puis, un peu plus loin, cette étrange tournure de phrase au (…)

Les CMS sont désormais headless. Les pneus vélo tubeless. Les kiffeurs topless doivent être en PLS (pardon). La plupart du temps, les trucs que j’aime relire après les avoir écrits sont des choses sans lendemain, que je n’ambitionnais pas d’écrire. À l’inverse, les trucs pour lesquels j’avais de l’espoir me tombent des mains, quand ils ne me désespèrent pas. La solution est simple, il faut être sans espoir (hopeless).

Le foot est devenu un sport individuel. Il se joue à un nombre variant de joueurs en même temps, d’accord, mais chacun est seul. Plus il y a de participants, plus le terrain est long. Ça se joue avec un bandeau de couleur, et chaque joueur dispose d’une couleur qui va avec la couleur de ses buts. Chaque joueur doit donc défendre sa propre cage, large de moins d’un mètre, mais peut marquer dans n’importe quelle autre. Quand on marque contre son camp, par exemple après avoir oublié sa couleur (…)

Il n’y a plus un seul constructeur automobile au monde à ne pas prévoir de rétroviseur droit sur ses gammes mais il faut savoir qu’en cas de perte de vision d’un œil ou de surdité, la présence d’un rétroviseur droit est obligatoire. (...) Je m’endors sur un livre dans lequel le personnage s’endort sur un livre. (...) © Éditions du Seuil, sous la marque Éditions du sous-sol. (...) Je me souviens d’une pharmacie 115 rue Saint Honoré dans laquelle on m’a vendu un genre de crème ou de pommade (…)

Suis-je condamné à passer le restant de mes jours (le restant de mes nuits) à rêver de 1) lapins qui se battent et 2) vendre des livres sur un salon ? En l’occurrence peu vendre. J’éteins désormais la multiprise de mon bureau le soir avant de me coucher : décernez-moi la médaille Fields des économies d’énergie. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais enfin j’en prends note : ne pas faire de la littérature mais du littérat. Quel est le point commun entre Marilyn Monroe et Victor Wembanyama ? (…)

Pubs Facebook dans la presse nationale pour sauver son métavers désaffecté : le métavers sauve des vies, est-il dit en substance, vu que les chirurgiens peuvent s’entraîner à opérer dans ces mondes morts avant d’appliquer leurs techniques au chevet des vivants. Je ne sauve aucune vie si ce n’est la mienne : depuis des jours je recompose un roman dont je n’ai toujours pas le titre. Dans ma liste de titres potentiels j’ai écrit Niquez-vous. Ça sonne bien. Plus tard, ce sera Nuke ta mère. « (…)

Je n’arrête pas de me dire : ce n’est pas pour ça que cette idée est mauvaise, sans parvenir à comprendre pourquoi. L’idée est la suivante : à la suite d’un accident de la route, quelqu’un est appelé par le système automatique e-call du véhicule qui est conçu pour appeler automatiquement les secours en cas de problème et/ou pour contacter le conducteur pour s’assurer que tout va bien (j’ai déjà utilisé ce procédé). Là, donc, la personne est appelée, et le véhicule est bousillé. Nous sommes (…)

Victoire par abandon contre Bergamot. Peut-on dire d’une personne qui n’est pas une personne qu’elle est une mépersonne ? AG publie.net : fait. Trois Féroce invendus à Rennes, où il y a une promo temporaire sur le rehaussement des cils (79€ au lieu de 89, ou 69 au lieu de 79, je ne sais plus) : fait. L’urne funéraire de Paul le poulpe, mort en 2010 après avoir fait la une de l’actualité en devinant les résultats du Mondial sud-africain, est exposée au musée du foot allemand, à Dortmund. Le (…)

Je n’ai jamais oublié qu’on m’a un jour chaudement recommandé de lire Regain. Je ne sais plus qui. Je crois que c’était il y a longtemps. Je crois même que c’était il y a très longtemps et, si c’était avant même que je ne lise aucun livre de Giono, c’était il y a plus de vingt ans. C’était une femme (du moins, je revois une femme, sans trop savoir quelle femme) et elle n’avait pas dit la trilogie de Pan ni mentionné Colline ou Un de Baumugnes, juste Regain. Alors, depuis tout ce temps, j’ai (…)

Après avoir constaté que j’avais dormi grosso modo la moitié du total en heures de la nuit précédente, qui était elle-même le double de la nuit précédant la nuit précédente, tout en essayant de comprendre ce qui clignotait au-dehors (sans succès), j’ai pensé : la vie est un champ de mines. Mais ce n’est pas ce que j’ai écrit par la suite en répondant à un mail de T. Là, j’ai écrit la phrase : ma vie est une course de lenteur, ce qui est un peu différent mais, au fond, pas si différent que (…)

Depuis que j’ai traduit Amy Hempel, je pense régulièrement aux embauchoirs. Cherchant des chaussures sur Vinted, je ne tombe que sur des godillots. On trouve bon nombre d’intégrale de Nabari à bas prix (40, 50€), mais qui viennent d’Italie. En France, ça dépasse nécessairement les 100 voire 200€, et généralement il manque un ou deux volumes. La rareté vaut ce qu’elle vaut. Je vois aussi que l’intégrale de Fly collection J’ai lu de la fin des années 90 (celle que j’ai) est cotée à 2000€. (…)

Chaque fois que l’opticienne fait quelque chose, ou pense quelque chose, elle dit tak à voix haute. Ça doit être un moyen pour elle de gérer les silences avec son client et ce matin, je suis ce client. Ce n’est que la troisième fois que je viens ici, toujours pour faire des solaires à ma vue, la nouvelle paire ayant pour but de remplacer la précédente, perdue. Celles-ci de lunettes sont jaunes et miroir, conçues pour les activités sportives. Je n’ai pas besoin de faire du sport pour les (…)

J’ai pensé : le plus rentable, c’est encore d’acheter 500g de pain d’épices Monoprix à moins de 3€. Chez Spectre, ce que la plupart des gens se retrouvent à penser, c’est : comment se fait-il que ce projet (quel que soit par ailleurs la nature du projet) soit devenu mon projet ? Macron more isolated than ever, dixit la presse US. Macron ne fait rien que casser ses jouets, me dit L. Sauf que là, ses jouets, c’est la France. Le WSJ : Lecornu’s benighted tenure—the shortest in the history of (…)