Le slogan de l’actuelle campagne d’affichage de l’Armée de Terre est « devenez vous-même », ce qui n’est pas sans rappeler celui de Nike, il y a quelques temps, « I am what I am », et sur l’affiche, la gueule d’un mec (car ce doit être un mec), l’intérieur du visage photoshopé à mort pour que sa peau soit remplacée par des motifs de camouflage du genre vert, brun, kaki, et l’oeil à peine reconnaissable dans le fond du décor. Ailleurs aussi trouver ce genre d’affiches, ailleurs aussi les (…)

Ok, je me laisse conduire. Et dans ma tête aussi peut-être quelques navigateurs de bord branchés, toujours, en mode pilote automatique, prêts à me laisser goûter au monde sans même mon consentement et ce serait lui, toujours, qui ferait vibrer ma langue et puis mes cordes vocales pour que je crache une langue précise, aléatoire et même automatique. Voilà du coup ce que cette phrase implique : ce n’est pas vraiment moi qui tape ce texte là.
Nous sommes ici pour de la viande, de la bidoche, (…)

Fini, bouffé, perdu ailleurs, demain rentrer en direction d’Y., cela s’appelle une fin, je crois. Fini aussi, pas mieux, l’Infinite Jest de DFW, et finie également la dixième identité du Docteur, et dire, pourtant, que je n’aime pas les fins, ici pourtant, ailleurs plutôt, je les cumule, je suis du genre à vivre avec toutes mes contradictions.
The memory hung somewhere just out of conscious reach, and its tip-of-the-tongue inaccessibility felt too much like the preface to another attack. I (…)

On m’a rappelé depuis Mumbai. La question de cette fille, c’était : pendant un bon repas vous préférez du rouge, du blanc ou du rosé ? J’ai répondu que je buvais pas d’alcool. Même pour les grandes occasions ? J’ai répondu surtout pour les grandes occasions, oubliant un peu vite que pour la mort de PDG on s’était réunis tous entre nous, les futurs-ex collègues, pour vider tous ensemble les dernières bouteilles de Champagne stockées au frais pour Dieu sait quel super événement à venir. On (…)

Ce nouveau cabinet qui me veut pour une heure a vue sur les Champs. Dehors le ciel est gris, les Champs sont vides, ce qui ne m’empêchera pas, une heure plus tard, en repartant, d’empiéter sur l’image d’un film de touristes planqués plus loin. J’ai fait mon plus beau sourire, j’ai dit voilà : on m’attend pour que la fille derrière l’accueil comprenne ce que je foutais là : elle m’a envoyé m’asseoir avec les autres. Dans le miroir de l’ascenseur me suis rendu compte que ma belle veste noire (…)

Je sais maintenant que je suis irrésistible. Des mecs se battent entre eux pour pouvoir m’embaucher. Svetlana à qui je raconte mon aventure d’hier est sur le cul. Je l’ai mise sur le cul. Je lui ai dit écoutez ça. Mon premier entretien d’hier découle directement de ma rencontre avec le manager Endive Braisée lundi. Car d’après lui j’avais le profil. Voilà pourquoi il m’a obtenu ce rendez-vous, cette fois avec la boite directement. Cet entretien s’est plutôt bien passé. Ce que j’ai dit ? La (…)

Et vas-y, encore un coin paumé au fin fond de la galaxie ! Pfff, font chier ces péquenots. Alors, l’est où cette foutue planète... "Après le dernier paragraphe, tournez la page, puis lisez sur deux cents mots. Au prochain alinéa, vous êtes arrivé." Ben d’accord, mais c’est lequel, le dernier paragraphe ? J’y comprends rien moi, ça tourne dans tous les sens : y’a VRAIMENT une direction dans cette espèce de friche ? Et comment ça "tournez la page" ? T’es gentil mais j’aimerais bien t’y voir (…)

Ma déception après lecture de Providence n’a rien à voir avec ma déception d’avoir lu Arrière-fond, et pourtant le même mot. Je m’attendais inconsciemment à retrouver un livre de la trempe de Mantra, même langue, même page, même éditeur papier (ou numérique). Il vaudrait mieux que je relise Mantra. Locked in Syndrome, dans le même genre, est bien meilleur. Qui aime cette impression en terminant un livre de l’avoir lu pour rien ? Un condensé de pop-culture, un trop plein d’adjectifs où le (…)

La baleine dans Dr Who.
Combien de rames je vais encore laisser filer avant de renoncer et de m’enfuir ? Je suis Jonas sans la baleine.

Ouais j’ai envie de me tirer une balle par la fenêtre. Après ma sieste la plupart de mes compagnons de cellule, non, rame ou wagon, partage entre leurs yeux, les miens, les nôtres, la même sale paire de songes, à savoir mais qu’est-ce que j’ai fait, qu’est-ce que j’ai fait putain pour me retrouver ici ce jour et à cet endroit même ? Et : est-ce qu’on ne pourrait pas trouver autre chose à faire de nos vies, autre que d’être ensemble et mort, de retour vers le taf, une année de plus encore, la (…)

Retrouvé N. à l’heure dite, emplacement X figé dans le ciment dessous les semelles et la plante de nos pieds. Ce que je lui dis pas : je viens de croiser dans les couloirs souterrains un clodo en sommeil sur un tapis de pubs Diesel (des prospectus). Ce que je lui dis pas : avoir maté hier le film Contagion, m’être senti virtuellement contaminé, oui mais par qui, par quoi ? Ce que je lui dis pas : à Pompéi, depuis la veille, H. est en quête d’un des Docteurs de nos souvenirs d’il y a un an. (…)

Il y a : des hommes qui la croisent sur l’étendue gelée. Ils portent tous des bermudas à fleurs et plusieurs cravates noires autour du cou, qui les étranglent un peu. À intervalles réguliers, ils se mettent à genoux pour lécher la glace. Parfois, l’un d’eux reste ainsi la langue collée à la paroi gelée, le cul en l’air et un bras s’agitant pour réclamer de l’aide.
Juliette Mézenc, Poreuse, Publie.net
Réveil hôtel, une fois debout ça m’arrive à la taille. vies // : image de Pem, pute boy (…)

Dans le même temps, je suivais des yeux la lente reptation d’un escargot sur la boue qui recouvrait ma jambe droite. Le gastéropode avait dû subir les caprices puérils d’un adepte des marques, hideux saducéen, qui lui avait méthodiquement, abominablement et soigneusement écaillé la coquille. L’amas de ses viscères nus le suivait tout tremblotant. L’humidité baveuse se confondait avec la croûte de terre et de sang qui se craquelait tout doucement sur mon genou dénudé. Du fond de (…)

Main gauche d’abord : fracture du carpe et du métacarpe, de phalanges et de phalangines, ruptures d’extenseurs et de fléchisseurs, sectionnement du supinateur, plaie contuse à l’éminence thénar, écrasement du court abducteur, des lombricaux et des interosseux, phléborragie de la salvatelle, ecchymoses multiples… Et il y en avait autant pour la main droite !
Maurice Renard, Les mains d’Orlac, Publie.net
Respecte assez une langue par laquelle on peut dire I ache. Et si je me plonge (…)

Happiness, he thought, is knowing you got some pills.
Philip K. Dick, A Scanner Darkly (décomposé)
J’ai monté sur mon ancienne tête mes nouveaux yeux. Passe mon temps, pour vérifier leur acuité, à déchiffrer les messages en petits caractères imprimés sur tous les fonds d’écran du jour, comme par exemple : Press CTLR + ALT + DELETE to unlock this computer ou MC GREGOR ou COMITE D’ENTREPRISE voire même DON’T BLINK. Je suis plus responsable de ce qui est vu à présent : tout presque vibre. (…)

Photo ©Gaétane Laurent-Darbon
Réminiscence orange : des girolles chaudes au fond d’une poêle (Lozère). Idem pour le Pecha Kucha du 20 novembre (envoi du ppt définitif) : lancer dedans des ingrédients au pif sans trop savoir quel goût tout ça aura dans le futur.
Je crois savoir pourquoi le fragment reprographie mémorielle n’a pas fonctionné l’autre jour : je dois garder les pieds à plat dans la photo et d’une, garder ensuite toujours à l’esprit que le mot clé c’est trajectoires.
Il (…)

Ca commence à tirer au niveau des jambes des genoux des chevilles, on rentre ce soir mais bon j’aimerais mieux pas. Aurions voulu revoir Wicked hier, c’était fermé tant pis. Terminons la promenade de la reine là où on l’a quittée samedi, plus loin jusqu’à Tower Bridge. Sur Picadilly, coché deux librairies : Waterstone, la plus grande d’Europe dixit le net, et Hatchards, la plus vieille de Londres dixit pareil. Trouve un (un seul) Kathy Acker qui s’appelle Pussy King of the Pirates et ce truc (…)

Quelque part, River Song en tenue d’astronaute nous emmène dans les couloirs terreux d’une mine (ce n’est qu’un hologramme mais elle est bien vivante).
Tu te penches sur l’écran blanc du Mac pour écrire une fiction narrative et lorsque tu relèves la tête pour t’extirper de tes 22 000 mots actuels, voilà que de la buée perle à tes yeux et qu’il fait bien 75% d’humidité dans la pièce.
H. absent ce week-end tu te nourris de thé le midi (à seize heures) et d’une tartine de miel. Ça suffit. (…)

C’est à la langue d’Imre Kertész qu’il convient de faire le lien, à la crête de deux pages, entre Franz Kafka (« il marche, marche jusqu’à arriver — à lui même. Quel fantastique raccourci ! Pourtant les détours, oui, seuls les détours constituent la vie : parce que le temps de la vie est celui des détours. Arriver au but — à soi — signifie mourir. ») et Tchernobyl (« Tchernobyl : la mort est là. Ne perds pas ton temps en choses insignifiantes. »). C’est donc en 1986 dans son Journal de (…)

Yes I made some cocoa and got engaged...
Il y a ma tête et mon nom sur le site de The Chronicles où j’irai en novembre. C’est plus réel qu’hier, moins que demain.
Je suis plus à distance du monde et des choses. Je dis à quelqu’un c’est le syndrome de Stockholm où un truc dans le genre (je n’ai pas dit un truc dans le genre). Je cherche des transcriptions d’audience ou de procès carrément. Je me démets l’épaule avec vingt-sept kilos (je ne me démets rien, c’est une figure de speech). Je (…)

Reprise du Mueller en rouleau. Cela signifie tout relire depuis le tout début jusque là où je me suis arrêté l’année dernière (je crois bien que c’était l’année dernière), après cinq-cent et quelques vers. Il y aura quelques notes à revoir, la préface à réécrire, peut-être ajouter des fragments ici ou là pour allonger le truc (encore que). Dans la foulée des relectures une note 34 qui concerne les criquets que les tourks se mettent dans le ventre.
(34) "Les tourks croient que leur corps (…)

Deuxième saison des anciens Doctor Who, ceux des années soixante. Le format d’épisodes était autre à l’époque, vingt à vingt cinq-minutes, et plusieurs épisodes formaient ensemble des histoires. Celle marquant le retour des Daleks et leur arrivée sur la Terre est terrible. C’est différent de l’actuelle série moderne, ça a parfois des airs de Twillight Zone, c’est fascinant parfois, comme cette scène sans paroles d’X minutes postapocalyptiques rythmées par le bruit des tambours, où Barbara (…)

Peu de choses. Un brunch à L’inédit. Quelques notes pour Mueller, jusqu’au vers 1200, mais pas de quoi arriver au premier tiers du rouleau. C’est remis à plus tard. Puis, sur I Drink the Air Before Me, un chapitre neuf pour le Transoxiane quatre. Un chapitre neuf à la fois malmené (trop long, trop de parlotte, trop de pas grand chose) et limpide, écrit de bout en bout sans relever la tête. Sans doute faudra-t-il couper là-dedans néanmoins.
Retour sur cette idée de rendre les notes pour /// (…)

Le rivage carnassier. Des vagues gigantesques et ce n’est plus de l’eau, c’est du sable en figeance. Des corps surfent dessus. C’est dangereux : le sable sec menace de se changer en vagues bien réelles à n’importe quelle heure. C’est un rêve mais c’est plus douloureux qu’un rêve. Quelqu’un dans le métro, une étudiante américaine à la voix nasilleuse. I’m sore, elle dit. Can’t believe I was in Morocco yesterday and now I’m here... Why is it so miserable here ? Au bureau quelqu’un prononce le (…)

Doctor Who
She was power incarnate, standing in the crackling air. She was the storm, she was the lightning, she was the adult world with all its power and all its secrets and all its foolish casual cruelty. She winked at me.
Neil Gaiman, The Ocean at the End of the Lane, Headline
Cherche un appartement à Londres. Charing Cross. Je ne veux pas que ça se sache dans le journal (je dirai que c’est un rêve). Nous sommes plusieurs nous trouvons une maison à diviser en cinq : c’est un pub (…)

Cherché longtemps, pour Morphine (l’interlude #5), un torrent d’Avalon, film de Mamoru Oshii, sorti en 2001, tourné en sépia et en polonais, dans un monde virtuel, qui doit tant à Stalker, et que je me souviens avoir vu, au cinéma alors, c’était l’ancien Méliès alors, fasciné. Ne l’avais jamais vu Stalker. N’avais jamais entendu l’écrivain dire Je n’ai pas de conscience, je n’ai que des nerfs. Donc jamais vu les tanks ou les reflets à la surface de l’eau. Je n’ai pas vu non plus la première (…)

Reformulé les chapitres 7, 9, 11 et 13 du Transoxiane quatre. Il est question des rêves (ce n’est pas encore ça mais ça vient). Qu’en est-il de mes rêves ? Je ne les ai plus notés depuis longtemps mes rêves. Ces jours-ci, je ne rêve que de sous-sols sans lumière, de Coca-Cola et de démission prise. À compter d’aujourd’hui, nous entrons dans une ère où les vieux Doctor Who sont projetés en couleur. C’est contre-nature. J’aimerais que le deuxième docteur revienne.
Couru 4km87, 32min47, près (…)

Passer mon dimanche à rien faire d’autre que lire (envie de) : errer de texte en texte, papier, numérique, Kobo, Océan, téléphone, ordi, iPad, paume de ma main, tout. Et, après avoir lu, faire pareil avec Super Metroid, FF Tactics, The Last Story, PES, Mario Kart (mais c’est irréaliste).
Sur Twitter quelqu’un dit : passer le week-end à ken.
Énième réécriture du chapitre 13 (Transoxiane quatre). Puis premier jet d’un 15, dans la foulée, qui ne tient pas debout.
Ce mot thorough qu’on (…)

La chaleur pneumatique. Les yeux dans un vortex de pneus Continental, ça sent l’odeur des pneus. Le vortex fait son apparition dans la nouvelle saison de Doctor Who. Nous sommes en 1973 et Sarah Jane Smith s’invite à l’écran pour la toute première fois. Idéalement, il faudrait finaliser la réorganisation des collections et la redistribution des parutions par collection aujourd’hui ou demain. Casse-tête. Impossible de satisfaire tout le monde, il faudra décaler des parutions, il faudra dire (…)

À cause d’un souvenir lointain qui n’est peut-être pas réel je dois écrire à N. au sujet de Robbe-Grillet. Puis à André qui m’a parlé de Claude Ollier dans le train l’autre jour. Sommes partis chercher le soleil à Roscoff. Dans les faits, c’est un échec, mais ce n’est pas le but, c’est le mouvement 1. Sommes crachés sur la plage. Ce que j’écris dans la nuit sans savoir, ça n’a pas de forme encore, ce n’est qu’un mouvement, mais c’est tellement fragile. Il faut le garder mouvement. Ne (…)

Une espèce de banquet, des huîtres gratinées, Chirac est là quelque part. Ça s’écrit J’acques Chirac. C’est quelque chose de terrifiant ce que je fais là sincèrement ça me terrifie : acheter un vélo, depuis un an que je le pense, acheter un vélo rentrer avec de la Madeleine à la rue T. dans la jungle de la circulation parisienne, en passant par le bas : la rue Dupont, la rue Saint Honoré, la rue du Louvre, la rue de Rivoli, la rue Saint Antoine, la rue de Lyon, l’avenue Dausmenil puis enfin (…)

C’est un genre de drame romantique. Je ne sais pas comment on en est venu à regarder ça (ni où, mais c’est probablement un écran de cinéma). Elle l’a trompé dans une voiture longtemps après que lui, aussi dans une voiture, l’avait trompée elle, mais ce n’est pas tellement tromper qu’il faut dire, non, c’est plutôt une espèce d’escapade ou de fuite impromptue à la Je m’en vais. Elle est dans la voiture en ce moment-même (Natascha McElhone, de ce que l’on sait), on aperçoit une lumière blanche (…)

Arcueil avec Philippe sur une espèce de spot : un grand parking carré en noir, container en métal posé dessus. C’est notre base en Île de France. Je me demande si Arcueil c’est faisable en vélo, sans doute que oui (sans doute que non mais le rêve ça méprend les distances). On nous livre une unité d’impression Hachette qui prend la forme ici d’un énorme chien en céramique de bien dix mètres de haut. L’impression se fait au niveau de la gueule, on ne sait pas si le chien est inerte, robotique (…)

La SGDL, c’est un château. Enfin, l’Hôtel de Massa c’est un château. Ça s’intitule L’Europe du livre et de la création. Une table ronde rectangulaire autour de la question du prêt numérique en bibliothèque. Hier, c’était le jour où Marty McFly débarque trente ans dans le futur à bord de la De Lorean de Doc. Aujourd’hui, on est en 2010 encore, et les mêmes questions et les mêmes débats et les mêmes mots toujours. Tout à l’heure, le docteur et Romana 2 étaient bloqués dans un pli temporel que (…)

Passé voir d’anciens collègues. Déménagé. Pour monter montrer pâte blanche en bas, à l’accueil. Dire qui je suis, pourquoi. Qui je viens voir et où. Les précédents locaux étaient moins propres, moins formels (ceux que moi j’ai fréquentés). Carré Haussmann. Il est question de millions d’euro et de climatisation, d’animaux morts et de bien être au travail, de cloisons en verre, d’investissements, de hubs de transport express internationaux et de poulet à l’ananas. L’après-midi à l’oloé d’alors (…)

Sèvres, c’est de l’autre côté de Paris quand tu traverses en diagonale et donc, c’est donc en haut à gauche, il faut aller au-delà de la Seine et l’île Seguin (je crois que c’est l’île Seguin) est à ma gauche, quand tu te retournes tu vois la tour Eiffel peut-être c’est un mirage. Publie est présent ici à Sèvres, via la collection ArchéoSF de Philippe Éthuin, pour les Rencontres de l’imaginaire. Philippe, je le rencontre ici, bosse sur de la vieille SF mais n’est pas vieux pour autant (c’est (…)

Les trains R sont en grève, je l’apprendrai qu’après. C’est la ligne R à Moret — Veneux les Sablons en direction Montereau. N. habitait pas loin à l’époque. J’y suis allé une fois. Là c’est dur de tourner les pages eink de la liseuse avec des gants. L’aiR Nu est en résidence là, ils ont invité quatre auteurs à lire sur la frontière. Olivier Hodasava, Benoît Vincent, Virgnie Gautier et Lucien Suel. Beau moment. Lectures vivantes. À un moment : ces mondes sont intenables. L’occasion également (…)

J’aimerais pas être un androgum. Il y a des jours meilleurs que d’autres. À un moment donné, il est question du Qatar. La température extérieure c’est relatif. Marcher dans l’air ambiant sans aucun doigt pour le dire, mais rouler sur la ville et tout change. Il y a un rat crevé au milieu de la piste cyclable de la taille de mon poing. J’allais dire pyste ciclable. Près d’une poubelle quelqu’un mange un choux-fleur cru. Juliette est là, je la trouve près des bêtes en plastique. Il y a un (…)

Typhon placide là dans la rue. Une brave bête. Vite parti. Derrière, je me retrouve à enregistrer une voix, elle dit : Carnet de bord aux bord des mondes, elle lui offre à même le sol une mangeoire en métal pleine à ras bord qui contient une mixture de viande cuite, du riz, des herbes goutteuses. Il pouvait encore se lever de lui-même et marcher seul sur quelques hectomètres après quoi quelque chose se fendait dans son polystyrène (des petites fibres roses au bord de la fission). Ça veut (…)

C’est quoi le pire : une côte aiguë en fin de parcours ou un faux plat montant constant de plusieurs kilomètres ? Les deux te niquent. J’ai pas les jambes. Posé la machine en haut de la rue des Pyrénées, près du passage Soupir (il y a un passage Soupir), pour finir à pied jusqu’à la rue du Jourdain. Maintenant que j’y suis me souviens être venu ici pour une belle rencontre avec Juliette Mézenc il y a un peu plus d’un an 1 (c’était avant le vélo). Beau rayon poésie. Belle lumière, du soleil. (…)

La montagne en 2D sur la vitre à défiler comme un train. Comme si moi j’étais là dans un train regardant faire la vitre. Mais ce n’est pas la montagne, le paysage, c’est l’image reproduite communément dans les cartes et les applications de géolocalisation. Elle est de plus en plus marquée en altitude et de plus en plus froide. Dans le rêve, le huitième docteur c’est le cinquième docteur avec un costume rouge. Au matin l’ordi est allumé encore, Libre Office ouvert sur le Mueller en rouleau, (…)

Ici, tous les docteurs ayant succédé au troisième sont en réalité des vies mises là par piratage mentale, c’est une hallucination. Le troisième docteur en est à sa troisième incarnation, c’est-à-dire la sienne, et il est là, hagard, il se réveille, peine à comprendre où il est : dans une station spatiale et chauve, petites lunettes sur l’œil, en combinaison verte. Mueller est terminé. Réécrit la préface, corrigé quelques erreurs de signes et de formatage, converti en trois trucs : rtf, odt, (…)

Couru 5km92 (H. est quelque part lui aussi), 38min32 sur ce putain d’album de Metronomy qui s’appelle je sais plus. La pluie tombait toujours au même endroit du lac. Et j’en reviens toujours aux mêmes phases commençant l’écriture de quelque chose dans le dur : prendre et reprendre les 2000 premiers mots pour refaire, changer les temps, la temporalité, changer de focalisation, changer plusieurs fois, changer dans plusieurs sens. Lisant un passage du troisième Fantômas (Le mort qui tue), une (…)

On est le deux. Looks like time is leaking. Je soupçonne le Laroxyl de me niquer la perception du monde et de l’estime de soi. Non : je soupçonne le Laroxyl de me faire plonger plus quand je plonge et de me tirer haut quand je reprends mon souffle. Il y a des inondations partout, disent-ils. Par exemple : les bateaux ne passent plus sous le pont de Bercy. Je n’ai rien vu du pont de Bercy car le vélo est resté dans son abris de vélo depuis mais vendredi dernier. La nuit c’était un rêve où (…)

C’est un amphi sans doute et pour descendre la semelle des godasses sur les sièges en plastique (signe que c’est plutôt un stade si tu veux mon avis), une caisse énorme pleine de livres sous la paume d’une seule main, un peu comme un serveur dans un café (mais il n’y a pas de café, juste des sièges et le plastique des sièges). Relectures blanc sur noir. Peu de choses. Des mots à la volée : Un ancien général du KGB qui détenait des informations sur Trump retrouvé mort. / The Inevitability Of (…)

Je suis en vigilance orange. Cherché le Jef Klak un moment, pas trouvé. Dans 4321 : Ferguson fell asleep and dreamed he was dreaming he was dead. Julien un moment à République. Il pleut puis il pleut plus. Doctor Who a repris.

Quatrième jour de marché. Toujours plus chaud. Du monde mais décevant pour un samedi. François Bonneau et son atelier d’écriture olfactif. Qu’est-ce qui est olfactif, l’atelier ou l’écriture ? C’est un truc qu’on m’a demandé. Auteurs en signature derrière. Bruits de contrebasse sur une scène proche. Le Doctor Who du soir est sur Mars. Les Ice warriors. J’essaye transvaser de la 4g via Wi-Fi du Sony a l’iPhone pour la musique. Quelle musique ? De la musique. Demain faudra aller voter, je ne (…)

Le docteur est devenu une femme (comme Samus Aran est une femme). Il s’est régénéré. Un moment chez D. et M. à jouer à la Super Nes Mini. L. un peu plus tôt dans l’après-midi. C’est un thé au jasmin quelque part (j’ai oublié le nom de ce truc place Dorian, disons simplement que c’est orange). Le masque magnétique a des effets (lesquels ?). Super Metroid, c’était le premier pas dans le futur. Je nous revois l’avoir acheté (donc quelque chose comme 1995), aller chercher à l’accueil de l’Auchan (…)

À 10h50, à la mairie du XIIe arrondissement, H. et moi nous nous sommes mariés. Le texte ci-dessous, je l’ai lu à cette occasion.
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J’aimerais pouvoir dire que je sais ce que je ressens. Mais ce n’est pas une question de savoir, pas vrai ? Au début, je suis troublé. Comment pourrait-on ne pas être troublé ? J’imagine que c’est l’objet de ce texte. Je veux dire ce discours.
Moi, à l’origine je ne voulais pas faire de discours. Je disais des trucs comme, surtout je ne veux rien dire. (…)

Ils ont enfin mis le chauffage mais c’est aussi le jour le plus chaud d’octobre au-dehors alors, est-ce que ça a un sens ces dates ? Impossible d’avoir un rendez-vous chez l’ostéopathe avant Poitiers la semaine prochaine. Porter des sacs remplis de livres me réveille des douleurs, notamment cervicales. Ça vient toujours du même côté. C’est qu’on était droitier. La petite boutique d’épicerie fine de la rue de Reuilly a reçu du maté du Brésil mais c’est cher. 42€ le kilo. Grmpf. Surtout, le (…)

Lenteur. Dans les gestes, mais aussi dans les arcs électriques du cer-
veau. Ça sert à rien de vouloir aller contre. C’est la même chose qu’un animal sauvage, ça sert à rien de vouloir lui faire faire ce qu’il ne veut pas faire. À moins, bien sûr, d’être armé d’un fusil tranquillisant (ce qui n’est pas mon cas). Non, il faut respecter la lenteur. Lentement elle va s’ouvrir sur autre chose qu’elle-même et on aura tout gagné si ça se produit. C’est comme cet effet secondaire du Nocertone qui (…)

À un moment donné, j’en viendrai à me dire vaudrait peut-être mieux, dans le journal, procéder par mots clés. Là par exemple : Gris. Sombre. Refus. Manuscrits. Newsletter. Chronopost. Pommes de terre. J’en suis revenu. Mais en terminant de mettre en ligne l’avant-dernier billet du journal du Japon, ce serait une idée, ça, écrire un truc caviardé (je fais une espèce d’obsession étrange sur le caviardage) : on aurait donc entre les mains un livre avec des trous, qu’on pourrait augmenter d’une (…)

J’aime pas devoir sortir le matin plutôt que l’après-midi (mais là, il fallait poster ça déqueup et on n’a plus de légumes pour les lapins). J’aime pas quand les lapins réclament de manger plus tôt que d’habitude et te le font savoir. J’aime pas m’imaginer que mes voisins puissent m’entendre leur dire à voix haute des trucs comme naon, c’est pas l’heure de manger ! Naon c’est pas vous qui décidez quand on mange ! J’aime pas quand dans une boîte de lentilles aux carottes il y a plus de (…)

Relevé intérieur du grésil : 11h33 (203 lux), relecture sur liseuse. 14h12 (130 lux), écriture manuscrite. 16h02 (65 lux à tout péter), retour à l’ordi. 16h46 (moins de 20 lux, est-ce seulement possible ?), emails, la ville en latéral. À compter de cette heure, grésil continuel sauf quand je mange car la nuit est tombée, et particulièrement 21h27 quand l’écran est rouvert. Le BM3 est repassé plein pot dans la nuit : c’était une promo temporaire (cyber monday). Je connaissais les cybermen, (…)

Cher Bernard Arnault,
On ne se connaît pas mais je souhaiterais vendre mon âme à toi. As-tu déjà vu le film Two Days in New York, de Julie Delpy ? Dans ce film, l’héroïne propose, au cours d’une performance artistique, de vendre son âme au plus offrant. Quelqu’un l’achète et, prenant peur de la perdre, celle qui ne croyait jusqu’alors absolument pas à l’âme se met en tête de la récupérer. Aucun risque me concernant : je ne crois ni à l’âme, ni à l’argent. Ou, pour être plus précis, (…)

En lisant La centrale, d’Elisabeth Filhol, que N. m’a offert l’autre jour, j’apprends qu’il existe un risque croissant d’exposition des extrémités — mains, pieds, chevilles, avant-bras — aux rayonnements ionisants. Je ne sais pas trop à quoi cette information va me servir, mais je sens qu’elle se montrera utile, dans l’écriture, un jour ou l’autre. Ce genre de pressentiment devrait porter un nom. J’ai complètement abandonné t. Mais je rattrape lentement mon retard sur Ulysse. De -50 à -37 en (…)

À Monoprix, le raisin blanc est sans pépins et il vient du Pérou. Il ne me reste que 7 Go de libre sur le Mac. Combien dans mon esprit ? Combien coûtent les panais ? Pas affichés. À l’échelle d’une vie, combien de temps passons-nous à attendre qu’un écran de chargement charge ? Si l’écran en question était un animal, quel autre sentiment pourrait naître à la lecture de cette phrase ? Qui est ou a été Henri Chopin ? Quand me vient l’envie d’écouter à fond Roland Kayn, c’est ce que je fais. Je (…)

Voilà ce que je me retrouve à dire à voix haute : les gens ne veulent pas de solutions, ils veulent des problèmes. Le tout en pensant à autre chose. Il faut imaginer ça dans un décor minimaliste (avec arbres), dans un tissu de bruits aléatoires, et sur le ton d’un sketch de Chevalier et Laspalès (qui est l’un qui est l’autre, je ne sais). Nos vies ressemblent-elles à ça ? J’ai envie de dire : il faut arrêter de (se) poser des questions. Il faut arrêter de dire des trucs comme j’ai envie de (…)

Je ne suis pas confiné dans un 35 (ou 37) mètres carrés. Je ne suis même pas confiné dans mon corps (combien de volume habite-t-il ?) mais dans mon crâne. Ici, je cherche quelqu’un. C’est dur de chercher quelqu’un, qui que ce soit, dans son seul esprit. Ce n’est pas quelqu’un que je connais, c’est quelqu’un que je ne connais pas encore. Ce n’est pas quiconque que j’ai déjà lu, mais quelqu’un que je veux lire. Pour l’heure, je ne trouve pas. Mais je sais que ça vient, et je ne désespère pas. (…)

Tout est gelé encore et fume. Quelque chose fume au fond du jardin, derrière le bac à compost (pas le bac à compost lui-même, comme je l’ai cru d’abord, quelque chose émergeant de la masse en décomposition, une créature X ou Y ou un Dalek sans son armure, comme dans ce mauvais épisode de Doctor Who du nouvel an vu hier). Ce n’est pas non plus la maison voisine, c’est dans le vide intersticiel qu’il y a là entre deux maisons, un genre de sente herbeuse servant à qui sait quoi, probablement (…)

J’entends des choses fausses. Je les tiens pour vraies. Des fois je bloque sur des mots simples. Est-on assujetti ? Comment répondre non ? Le loup, c’est 65 000 mots. Finir avant la fin de l’année ou, du moins, avant que ça fasse un an ? Il y a, dans Gundam comme dans Doctor Who, une poésie des combinaisons vides.

En préambule du troisième épisode de la franchise des Animaux fantastiques (elle même dérivée de la franchise Harry Potter qui compte sept romans et huit films), nous avons assisté à la bande annonce du troisième épisode de la franchise Jurassic World (ce qui en fait le sixième film de la franchise Jurassic Park), à celle du deuxième épisode de la franchise Doctor Strange (laquelle fait partie de la franchise Marvel Cinematic Universe qui en compte à ce jour vingt-huit, celui-ci compris), (…)

J’aime comment la presse dit des choses comme nous déplorons faire les choses comme tout le monde, mais si nous sommes forcés de faire comme tout le monde c’est que tout le monde fait comme tout le monde. Je ne sais pas si ça valait le coup d’attendre 42 ans Megalopolis, mais ça valait le coût d’attendre 22 ans Beth Gibbons. Sur YouTube, on peut assister à des parties de go ayant eu lieu en 1840. Dans Au-delà du style 1, on peut lire que même un piano n’est pas un piano pour quelqu’un qui (…)