Dans la tête Don’t go down, tous premiers mots : « I met a girl, snowball in hell » . Je les récite, je l’ai vécu, mais précisément à l’envers.
Comme lire un nouveau Fred Vargas (car c’est vrai) et sans arrêt se dire, à chaque apparition d’un nouveau personnage : « je suis sûr que c’est lui » . Ce n’est jamais celui dont on est sûr. Et comme on a passé son temps à soupçonner tout le monde, une fois le nom du mec finalement dévoilé, se dire : « je le savais » . Car, oui, je le savais. Et (…)

Suis-je capable d’écrire ? Si je m’exerce suffisamment, y arriverai-je ? Jusqu’où dois-je aller dans mes sacrifices pour écrire avant de savoir si j’ai le moindre talent ? Et surtout UNE PERSONNE DE SEXE FÉMININ ÉGOÏSTE ÉGOCENTRIQUE JALOUSE ET SANS IMAGINATION EST-ELLE FICHUE D’ÉCRIRE QUOI QUE CE SOIT DE BON ? Faut-il que je sublime (Oh, là là ! ces mots qu’on prodigue !) mon égoïsme en me mettant au service des autres - en faisant du travail social ou quelque chose dans ce genre ?
Épuisé (…)

Et t’es pas fatigué, toi, de vivre ta vie connue par coeur, comme les paroles d’un air entendu quinze mille fois, savoir à l’avance sortir chaque mot dans chaque tempe et, pire que chaque mot, chaque pulsation de la basse, chaque claque froide au piano, et, pire que piano, en live, chaque souffle et chaque paume contre chaque, chaque mot d’usage lâché froidement comme un you’re wonderful ou we’ve had a fantastic time et chaque nom de chaque musicien présenté entre deux sets et chaque fois (…)

Incapable de dire s’il a plu ces deux dernières semaines. Personne pour me le demander. L’odeur du four chauffant, il doit y avoir du rhum quelque part. Écrire, c’est une peine. À une demi-heure près et la douleur revient. Pas mal de poids, c’est dans les cervicales. Faire deviner des mots 1.

J’étais à Montparnasse. J’irai manger à Sushi Gozen. Avec Virginie un moment au café de l’Atlantique. Ça me remplit d’énergie cette discussion. Il y a la soirée du 26 à L’autre livre à préparer. Sushi gozen propose d’autres trucs le midi que le soir. Des nouilles Udon à la sauce soja. Tout est bien tenu froid par des glaçons. Comment ça se mange ? Le temps était bizarre : n’arrêtera pas de passer de très ensoleillé à l’hyper nuageux. Tu es là, tu marches. Tu lis des trucs qui te stimulent. (…)

589 mots pour Eff écrits je sais plus quand recopiés dans l’écran. Ça va devenir ça le journal, une suite comptable de mots écrits ailleurs. On pourrait faire plus simple, genre un tableau excel. Et 549 mots nouveaux pour aujourd’hui encore. Je crois j’ai trop relu le Morphine(s) 04. Ça n’a plus trop de sens de revenir encore dessus. C’est que j’appréhende d’ouvrir le chantier du 05, que je ne sais pas encore trop comment mener. Récupérer une partie déjà écrite sur le site ? Ou bien, comme (…)

Brunch lovecraftien pour la suite de nos aventures à Blackwater Creek. Moi j’ai une folie temporaire. La paranoïa. On s’enferma dans une grotte qui ne va pas tarder à s’écrouler. Il faut rester hors de l’eau, sous peine de se dissoudre (et j’ai toujours tant de mal à conjuguer dissoudre). 714 mots pour Eff après être rentré à pied par la BNF avec V. et I., et L. dans une poussette McLaren. Deux écrans courent sur deux onglets différents. L’un avec le son (c’est l’entretien Macron - Plenel - (…)

E. ne s’attendait manifestement pas à ce que je dise avec ça, tu dois pouvoir tire-bouchonner un œil. Il y a eu un regard ou, non, un instant de surprise dans ce regard. C’était après qu’un clodo venu se joindre à nous pour nous taxer des bières et des Curly nous tape la discute, ici, dans l’herbe, à l’espace cinéma en plein air de la Villette, mais avant que la projection de La rivière sans retour soit annulée à cause de la pluie, du vent, de l’orage et de cette espèce d’impression un peu (…)

C’est encore le 15 et je me souviens d’un truc. Un jour où je bossais chez STAT, je suis là dans l’open space, j’avais rendez-vous en fin d’après-midi avec un éditeur pour un projet de traduction qui, finalement, ne verra pas le jour et je suis bien habillé. Je n’avais pas réellement besoin de bien m’habiller pour ça, mais je portais alors le genre de fringues qu’on met aux entretiens d’embauche, et ça me plaisait assez cette idée qu’au bureau, à l’époque, on aurait pu croire que c’était le (…)

Tu sais, je doute d’à peu près tout sur terre. Le jour qu’on est. Les trucs que je lis, l’Eff que je jette dans l’écran en moins de quinze minutes chrono pour l’oublier là, des trucs administratifs que je vais même pas commencer à esquisser ici et maintenant. Les verres de mes lunettes aussi, en ce moment je doute de ça, les verres de mes lunettes. Y a-t-il quelque chose de résolument fixe en ce monde ? Je veux dire solide ? Qui ne nécessite pas qu’on le remette en cause ? Apparemment un (…)

Les rêves ? Formés des choses d’avant, j’y perds au moins mon moi de peau, de contours, est-ce bien « moi » qui les vis ? ou les choses qui me cherchent, qui me cherchent un moi ? Les cauchemars, dont je me sors, suant, enfiévré, dents claquantes, parfois pleurs aux yeux, râle en gorge, je les ressens comme un refus que le rêve, pérégrinateur, judiciaire, amoureux, me rétablisse une identité et, me couchant, je les espère.
Pierre Guyotat, Idiotie, Grasset
La dernière fois que j’ai écrit (…)

Y risquer ce membre par l’érection duquel, depuis la prime adolescence, et le désir attenant dans tout mon être qu’il maintient jusqu’à son extinction, je tire les prémisses des figures, lieux, actions, verbe surtout, de ma poésie future ?
Pierre Guyotat, Idiotie, Grasset
Stéphane Richet n’arrête pas de m’envoyer des mails pour savoir si je veux vendre mon entreprise à quelqu’un comme Stéphane Richet. Je sais pas qui c’est, Stéphane Richet. Mais l’apparition d’un prénom plus nom dans mes (…)

Très mal dormi j’aurais tout aussi bien pu ne pas et à la place par exemple écrire quelque chose quoi ? Là c’était l’histoire d’une méca-chouette qui enquêtait sur les désordres quantiques de ce monde (ça n’ira pas au bout). À un moment donné, l’un de nous deux : c’est soit le curcuma soit la kétamine. Merde. Je lis des manuscrits toute la journée car pour une fois j’ai le temps et l’espace. L’un d’entre eux quel suspens était bien. Quand soudain, une commande. À ce moment de l’année, à (…)

Rarement je me retrouve à lire un livre qu’on m’a offert le jour même ou le lendemain de son offrande. Jamais en réalité. On est toujours pris dans des vortex de lecture qui se chevauchent, ou qui s’interpénètrent, il y a des piles, réelles, fictives, des choses qui savent attendre des années avant d’être seulement touchées ou lues, parfois même on se perd en chemin et on oublie (pourquoi on a acheté tel livre, comment on a pu se dire un jour je le lirai). Mais là oui. Hier, S. m’a offert un (…)

Chère Madame, Cher Monsieur,
Si je prends contact avec vous ce jour, c’est que ça ne va pas. J’ai eu la faiblesse d’acheter votre produit, alors même que je n’achetais plus de pizzas industrielles sous plastique depuis des mois. Et je le paye aujourd’hui. Vous me le faites payer. C’est bien. Sans le savoir, vous me rendez service. Ça va m’encourager à ne pas replonger. À me tenir à distance de ces mets. Mais tout de même. Là, j’en suis à me dire devant chaque aliment : est-ce que ça, je (…)

J+5. La douleur continue de décroître. Elle est presque impalpable. Une douleur sans douleur. Une sensation d’être plus à gauche qu’à droite. Hier c’était le contraire. C’est la réplique (ou le rebond). Ça résonne quand on bouge. Une sinuosité loin de la tempe. Une forme de répercussion des pulsations d’un cœur. Le mien ? Une construction mentale. Une lecture un peu sensible du flux qui te maintient en vie. Le fil rouge de la machine, quoi. Là, le nerf d’Arnold il tire. Menaçait de claquer. (…)

L’espace, c’est l’océan dans ses grandes profondeurs : tu as beau être équipé de phares puissants, tu ne fais rien que remuer une forte couche de trouble. Là, on était avec des amis dans une capsule à errer en quête d’une espèce disparue. À un moment donné quelqu’un dira : on pourrait tenter de partir de leurs larmes. C’était un point fixe dans le temps, leurs larmes. Elles dérivaient dans le cosmos. On pouvait donc s’en saisir. Se hisser jusqu’aux bêtes en personne grâce à ça. Est-ce que ça (…)

Croisant S. dans la rue, il me donnera deux conseils de médecine douce contre les migraines : l’un est aussi un aphrodisiaque, l’autre est également connu pour causer des migraines et non plus seulement les prévenir, et on touche là au fond du problème : tous les remèdes, quelle que soit leur origine, sont à la fois des pro et des anti-migraineux. Par exemple la banane. Par exemple l’avocat. Par exemple le café. Et quand on fait quelques recherches sur ces trucs on tombe sur des témoignages (…)

On déménage demain et on vient de l’apprendre. C’est un peu short, mais c’est un ordre direct de la hiérarchie alors on est bien forcé de s’y plier. J’ai pour mission de faire des cartons uniformes en poids et en volume : les mêmes dimensions, et il faut s’arranger pour faire des mix-contenus pour qu’ils pèsent à peu près tous la même chose, autrement ils vont nous facturer le différentiel. Parce que c’est plus fatigant d’alterner des cartons lourds et des légers que de porter des masses (…)

La couleur, c’est fini. Enfin, provisoirement. Enfin, je sais pas. Je veux dire, la Nova 3 Color de chez Onyx est un super appareil : de l’encre électronique couleurs sur un petit format, mais suffisamment grand pour pouvoir regarder des vidéos sans violence. Trop cher sans doute, mais sans doute les prix vont-ils s’harmoniser dans les mois à venir, de même que les tailles d’écran s’agrandir petit à petit. Le problème, c’est ce défaut de l’écran. Une ligne est apparue, fine certes, mais sur (…)

Macron est à Lourdes alors la ville n’est que flics, l’arme automatique ou semi-automatique en bandoulière. Que fait-il là ? Il vient capitaliser sur son ancrage local, me disent en substance J. et S. retrouvés à la librairie le Square avant que nous montions ensemble sur Argelès-Gazost, à dix minutes de là, puis monter plus encore jusqu’au cimetière, sous un soleil brut et, comment dit-on dans les livres, minéral. Les hélicoptères et leur bruit dans le ciel, c’est encore Macron ? Mais (…)

À quoi bon transporter une tête récupérée dans un endroit sombre si c’était pour la laisser dans un autre endroit sombre ? Il y a deux ou trois ans, durant les quelques jours que nous avons passés ensemble un été, S. m’a dit quelque chose qui m’a semblé d’importance pour un truc à écrire, et dont j’ai depuis tout oublié. J’ai cherché dans mes notes pour ce projet, rien. J’ai cherché dans le carnet de l’époque, rien. Puis j’ai cherché dans le journal et dans le journal bis (rien, rien). Je (…)

Une autre nuit horrible à J+2 de la dernière nuit horrible. Allongé, ce n’est pas possible. Assis, ce n’est pas possible. Debout, ce n’est pas dormable. Attendre, donc. Sur les coups de quelque chose comme 5 h du matin, un coq fait son travail de coq. La troisième fois que je me suis réveillée, c’était d’un rêve de Proust, ou plutôt d’un cauchemar de Proust, dans lequel il s’avérait être quelque écrivain contemporain répréhensible des années soixante-dix se faisant passer pour un écrivain du (…)

En l’espace d’à peine six jours et à six dans une maison à 1 300 € la semaine nous aurons trouvé le moyen de : casser un truc dans la piscine, faire une tache sur un canapé à l’étage, faire une flaque d’huile dans l’allée menant au garage, enfumer tout le quartier à base de fumée blanche pendant que la voiture de S., tout juste vidangée donc, peine à se défaire de toute son huile. Pendant que E., S. et T. rentrent à Paris dans un taxi affrété par la compagnie d’assurance de S., notre retour (…)

Nantes n’est qu’à une bonne heure de route d’ici, et nous y passons la journée. Pourquoi ? Pour récupérer M. qui s’est fait tatouer l’épaule pendant six heures. Hasard du calendrier, c’est également aujourd’hui qu’arrivent à Nantes T., E., S. et S., pour quelques jours de vacances, alors nous en profitons pour passer la soirée avec eux. Entre-temps nous avons beaucoup marché, et mangé. Au détour d’une ruelle ou je ne sais pas moi, d’une placette, des bouquinistes : L’interdit de Wajcman (…)

Levé à cinq heures mais réveillé à deux, puis quatre. C’est la première fois que je prends la voiture seul, et si je mets le GPS au cas où, je ne l’écoute pas ni ne le regarde. Il n’y a pas beaucoup de circulation. Le jour n’y est pas mais moi si. Dans le train mes cookies préparés hier sont trop cuits et, une fois à Montparnasse, mécaniquement je pars prendre la six pour aller vers Nation (or non). Je suis au bureau à 9 h, à temps pour me demander, au fond, qu’est-ce que je fous là ? (…)

A. me dit vouloir voir la mine de P. mais en vérité c’est difficile de circonscrire ou de situer l’espace occupé par cette mine, qui bien sûr n’est plus en activité depuis long : s’agit-il du bâtiment de briques rouges qui subsiste en marge, seul véritable objet d’architecture ici, de l’ancien puits dévoré par la végétation auquel on ne peut plus accéder du fait des risques d’éboulement qui le menacent ou de la ferme solaire qui a poussé du jour au lendemain sur ces anciennes friches et qui (…)

La plupart du temps, quand on m’envoie un manuscrit bien, j’ai tendance à penser : vous méritez mieux que moi. À commencer par Féroce, à commencer par La vie sociale. Poulpir dort sous mon bureau. Personne n’aime recevoir des emails qui commencent par dear manager. La mise à jour 4.4.3 de SPIP est disponible. J’ai rêvé avoir eu Marquinhos au téléphone. Je lui disais je sais l’avenir. Je n’ai pas le droit de te donner le score du match de ce soir, mais enfin tu peux être confiant. On (…)

S. a oublié ses lunettes de soleil. S. est l’autre enfant de S., et donc la sœur de M. Elle doit être en cépé. À un moment donné, pendant l’après-midi d’hier, elle est venue nous trouver pour nous dire : j’ai trouvé un con-con. T’as trouvé un concombre ? Non, j’ai trouvé un con-con. C’est quoi un con-con ? (Bien que, tous autant que nous étions, adultes autour de la table, nous avions moult idées de ce que pouvait être et surtout de qui pouvait être dans notre monde tourmenté un con-con, (…)