Il y a quelques années, j’ai raté Mad Men comme on peut rater un film, un livre, peut-être parce que ce n’est pas le bon moment, ou qu’on ne possède pas encore dans la tête les bons câbles ou les bons rayonnements. Objectivement c’était intéressant mais ça ne déclenchait pas grand chose chez moi, à commencer par l’addiction. Cette interview de Matthew Weiner, créateur de Mad Men, publiée par la Paris Review, est assez intéressante. Comme tous ces writers anglophones il utilise beaucoup le (…)

He gets back to the Casino just as big globular raindrops, thick as honey, begin to splat into giant asterisks on the pavement, inviting him to look down at the bottom of the text of the day, where footnotes will explain all. He isn’t about to look. Nobody ever said a day has to be juggled into any kind of sense at day’s end. He just runs.
Thomas Pynchon, Gravity’s rainbow
Soixante-dix fois par jour j’écris des cordialement. J’apprends le mot vagaries.
Suite de l’interview de Matthew (…)

J’écris à L. avec le pouce je serai à Sainté cette semaine. Se voir ? Quelques corrections dans le Transoxiane deux. Un recul technologique est nécessaire. Pour ces ajustements, cherche via Google et Wikipedia le nom et le logo exact de Packard Bell, si ça existe encore 1. Regarde la vidéo d’une pieuvre enfermée dans un bocal. Escape is an impulse, m’a dit Anh Mat hier via les réseaux immatériels.

Non, je ne suis pas amer. Si je suis las, c’est aussi à cause de la fatigue qui s’est déjà accumulée ce jour, du train que j’ai pris ce matin à 5h45 — il convient de se lever avant 4h. Il est presque midi, et nous allons manger. Nous allons manger des produits biologiques dans des coupelles de plastique, sur les parquets marquetés et sous les lustres scintillants. Manger des produits locaux et responsables, nos appareils truffés de mouchards et de métaux rares en main, et vêtus de nos habits (…)

Je n’avais jamais vu autant de disques de ma vie, des milliards de microsillons en acétylène polymérisé qui puaient le pneu usé. Mon type sautait de box en box, propulsé par une sorte d’intuition métapsychique. Il n’était pas en transe, c’était autre chose, une réaction difficile à définir, un mélange d’esprit missionnaire et d’état d’hyperlucidité. Il paraissait prendre tout cela avec un sérieux extrême comme si sa propre vie en dépendait. Il semblait totalement concentré sur sa tâche, (…)

Je ne sais plus comment être dans mon corps. Est-ce que je prends une autre pilule bleue pour le sommeil ? Ou est-ce que je me réveille ? Je la prends plus souvent la nuit. Je suis un vampire spécial. La lumière du jour me donne mal à la tête. Je suis sur le divan et j’attends. Mon nouvel horaire : réveil à deux heures du matin ou à trois-quatre. Dodo à sept heures. Des fois, je me ferme les yeux des heures durant. Je pense à plein de choses. Drama Queens, mon prochain livre. La vie. Ce que (…)

J’écris des ouï-dire (je pense que ça s’écrit ouïdirs), je me rapproche du truc, suis là où il faut être. Sortie du nouvel album de Thom Yorke en bundle Bittorrent et ce machin Ello qui est joli dedans l’écran, joli sur le papier mais dont on te dit tout de suite : n’y va pas.

L’octobre est revenu. C’est de la pluie mais ce n’est pas de la pluie.
Depuis quelques jours, dans les couloirs souterrains du métro, sur les murs et à la verticale de nous-mêmes, il y a cette pub pour une marque quelconque, elle dit : ceci est une borne Wifi, puis ensuite une deuxième phrase apparaît, elle dit : la voiture, pas l’affichage, je me dis : l’affichage ? Pourquoi pas l’affiche ? D’accord, ce n’est pas une affiche. C’est un écran LCD abatardi qui consomme en une nuit ce que (…)

Beating within him like his own pulse, Kerans felt the powerful mesmeric pull of the baying reptiles, and stepped out into the lake, whose waters now seemed an extension of his own blood stream.
J.G. Ballard, The drowned world
Moi je suis plein d’épuise. J’en ai dans le corps, j’en ai dans le crâne. Dans les jambes, dans les bras. J’en ai même dans le coeur, de l’épuise, ça me fait vachement mal. J’ai les yeux rouges autour et je marche à la lente et je parle avec un filet gris. J’ai (…)

Quand on n’était pas habitué à Maigret, c’était déroutant, en pareil cas, de voir ses gros yeux vous fixer au front comme sans vous voir, puis de l’entendre grommeler quelque chose d’inintelligible en s’éloignant, avec l’air de vous tenir pour quantité négligeable.
Simenon, Le chien jaune
Je m’étais interdit Maigret, Maigret et Volodine, avant la fin de l’écriture du Transoxiane quatre, tant pis. Le chien jaune. Je ne sais pas d’où ça vient. Souvenir du chien jaune quelque part ; est-ce (…)

Trucs qu’il fallait dire hier. Ça se dispute est viré de l’antenne. Ellen Page joue dans la saison six de Mad Men 1. Il existe des bars à hiboux.
Sur les bords du 6685 bondé par la saison, un type qui veut taper des tunes Gare de Lyon. Il est sombre. Putain, il dit, t’as l’air gentil de loin, pourquoi s’que t’es méchant comme ça. Ça n’est pas une question. La vieille dame à ma gauche sent le rance. Mais peut-être qu’à ses yeux c’est moi qui sent quelque chose. Les petits sur les genoux le (…)

Liste des films et séries dans nos bouches face à face à une table de la rue Mandar : A girl walks home alone at night, Glee, Into the skin, Prison Break, Madmen, Only lovers left alive, Springbreakers, Teen Wolf, The Smell of Us, The Wire et Whiplash. Plusieurs fois la phrase y a plein de choses à faire. Des feuilles de vignes végétariennes farcies et (ou mais) épicées. Wattpad (je recharge sans arrêt le machin pour voir les chiffres de lecture, même si en fait c’est niqué : 300 lectures à (…)

Je suis content d’arriver au bout. Je suis content que le temps que je me suis alloué touche à sa fin, que les derniers grains de sable soient en train de tomber de la clepsydre. Si écrire est un geste, ce geste répété dans une organisation rigide telle que je l’ai moi-même conçue, c’est un sport, et — je l’ai déjà dit — je n’aime pas le sport. Pendant que j’écris, un beau couple passe sous ma fenêtre. Il a une planche de skate sous son bras, elle porte des sacs de courses — plusieurs — il (…)

Parfois, les jours où la fatigue le submergeait, Didier n’était plus tout à fait sûr de vivre.
Paul Gadenne, Les Hauts Quartiers, Points Seuil, P. 174
Malade. Pris froid à force de me tenir dans les halls de gare droit, courants d’air. Rentré hier six. Par terre par la douleur, puis ensuite la médoc. Dormi 17 heures. Tête qui tourne. Au début de la saison 7 de Mad Men, Pete Campbell dit : Sometimes I think maybe I died, and I’m in some kind of – I don’t know if it’s heaven or hell or (…)

Dépression profonde. Ça me fait du bien. Le plaisir de détruire, cette satisfaction particulière est un bonheur, à sa manière. Le malheur est en définitive un bonheur, naturellement. Pour autant qu’il soit délectable, or il l’est. Le malheur contient aussi de la libido.
Imre Kertész, Journal de galère, Actes Sud, traduction Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba, P.243
Tenu : un jour par extrait d’I loved you more à faire. Là le dernier. Tout envoyé à H. pour lire. Pas tant que ça (…)

Laminé par quelque chose je sais pas trop ce que c’est j’ai pas idée de ce que c’est cette chose (ça lamine néanmoins). C’est peut-être chimique c’est peut-être autre chose que de la chimie pure (ça lamine). Une heure d’avance je me rendors. Quelqu’un entre dans l’appartement, ouvre la porte de la chambre, me fait lever la tête mais œil, il / elle referme la porte, repart. H. sans doute. Mais le soir venu H. me dit c’est pas moi. Alors qui ? Pars au taf zombifié, je lis rien. De la journée (…)

Il suffirait d’enfermer la douleur dans des et de l’appeler ailleurs, par exemple dans le passé. Mais je retrouve rien de ces schémas de pensée révolutionnaires au réveil. Un sale brouillard devant les yeux que la chimie peine à faire fondre. Fatigue fatigue. Une série de tâches, parfois rébarbatives, mais enfin prises à bras le corps, et arrêter de les remettre : à demain, à plus tard, à à à. Deuxième épisode d’une histoire du vertige par Camille de Toledo, à distance et dans le temps. Le (…)

Se souvenir que la nuit est une frontière opaque. Mais incapable pendant une heure de retrouver le nom du héros de Mad Men, dont je revois pourtant le visage, la carrure, la silhouette, la démarche, la voix, le bureau, la maison, l’appartement, la voiture, la première femme, la seconde, la femme venue de son passée, et l’issue que les créateurs de la série lui ont choisie. Jamais le nom. 1061 mots pour ce Eff qui se cherche. Il est sans doute temps de passer à l’autre voix, là. D’alterner. (…)

C’était triste : faire la veillée d’un chien en chansons. Est-ce que je préférerais être un beagle qui a perdu son maitre sur le point de le retrouver ou le contraire ? À cause du réchauffement climatique, la Norvège était devenu un bon plan vacances avec des ours polaires. Et même vendues 1¥ l’une au détail, il y a toujours quelqu’un pour te taxer une clope. Fort heureusement dans notre monde tourmenté nous pouvons toujours compter sur la qualité des commentaires de L’équipe : Son (…)

Notre époque, elle plie sous le poids de ses pensées. Les pensées de tout un chacun exprimées en toutes circonstances et sans aucune forme de retenue ou de filtre sur les réseaux. Quelque part, cette phrase, la précédente, la précédente précédant celle-là et ses X suivantes en font partie aussi. Je suis donc indéfendable. On aura le loisir de nous juger bien salement, dans un demi-siècle ou un, ou deux, ou huit, à supposer qu’il y ait encore qui que ce soit sur cette terre pour nous juger, (…)