Cela s’appelle l’ivresse des profondeurs du sommeil ¹. Six ou sept heures de nuit font masse. Huit ou neuf te desservent. Pour voir de la laideur de ce monde, il faut qu’il y ait déjà de la laideur dans l’œil qui voit. Hier, il n’appartenait qu’à moi de me dire : cette dame m’exprime spontannément quelque chose qui lui tient à cœur, nonobstant l’étrangéité en moi, et quelque part c’est beau ; plutôt que : cette dame a oublié de prendre ses médicaments, qu’elle m’oublie avec sa cannelle. Il n’est pas impossible que je la revoie devant mes yeux passer chaque fois que je saupoudrerai de la cannelle sur mes pommes, désormais. Le repaire se trouve sous une laverie automatique. Pour entrer il faut ouvrir le hublot d’un lave-linge et taper un code secret à l’intérieur du tambour. Un passage s’ouvre derrière le distributeur de lessive qui permet l’accès à un escalier souterrain. Suivez-moi, dit Upamecano ². Plus il est tôt plus je me dis : tu es en train de créer du temps. Plus il est tôt, plus l’eau des douches est chaude car la nuit, nous sommes plus loin ancrés dans les profondeurs de la planète, et donc dans les remous du magma. On me signale que le 56, ce n’est pas la Mayenne (53) mais le Morbihan, et donc que le journal est faux. Je suis mortifié. Mais pas autant que cet interlocuteur manifestement en PLS à l’idée d’être absent à son poste aujourd’hui et dont l’out of office est le plus bizarrement précis que j’ai jamais reçu : Je ne pourrai pas examiner votre demande avant mercredi en 2^ème partie d’après-midi, plus vraisemblablement vendredi.