Hier, j’avais du mal à formuler à T. le véritable sujet de LS. Ça a avoir avec les matières plastiques, encore que j’aimerais ne pas utiliser ce mot du tout dans le récit. Le plastique est une forme de vie sans vie. Un vestige d’une vie passée, délitée, transformée en quelque chose d’inerte par l’intervention de l’homme. Somme toute, c’est exactement la définition qu’on pourrait faire du roman. Voilà autour de quoi je tournais l’autre jour sans réellement pouvoir mettre le doigt dessus. Il faut injecter de la vie pour écrire un récit, autrement il n’a pas d’identité propre, et il faut néanmoins le transformer en un objet figé, formaté, standardisé, autrement il n’est pas lisible. Le mouvement, dans l’écriture, mais pas que dans l’écriture, n’est que l’illusion du mouvement. Là j’en suis à me dire : faire une todo liste pour avoir à l’esprit ce que je dois faire, et dans quel ordre. Bien sûr, comme chaque todo liste au monde, le premier point à cocher serait faire une todo liste. Ça et aussi : tel personnage ne peut pas porter des Converse, mais des FiveFingers, ces chaussures de running avec position séparée pour les orteils. Ça ne sera pas un point dans ma todo liste. Pour l’instant, ce n’est que mental. D’autres choses viennent au fur et à mesure de ma lecture des Premiers. Ne pas, par exemple, passer des plombes à expliquer les caractéristiques des uns et des autres. Tout est très standard. Tout le monde a déjà lu ça mille fois. Lisant cette nouvelle de Kimberly King Parsons (« Guts »), je me dis qu’en réalité, ces histoires de super-héros seraient plus à leur place sous la forme de nouvelles : de petits épisodes décorélés avec, peut-être si on s’y prend bien, dans le fond de chaque texte, les esquisses d’un grand tout. Et voilà comment on fait d’une idée potentiellement vendable quelque part un autre projet dévolu à s’écouler à trente exemplaires. Est-ce important ? Non bien sûr. Ce qui est important, c’est que dans cette nouvelle, je suis sorti du texte au moment où la narratrice se fait examiner la colonne vertébrale par son boyfriend étudiant en médecine et que ledit bf ne s’insère pas dans son fluide céphalo-rachidien en se frayant un chemin dans son organisme, comme j’ai voulu le voir à un moment donné. Sauf que (et c’est là que ça devient intéressant), si en fait. Peut-être pas dans les faits, mais c’est précisément, par métaphore, ce qui se jouait dans ce passage.