Repos. Aucun bruit sous l’autre folle du six. Peut-être qu’elle est crevée je sais pas.

Les lectures du moment sont numériques, web, publiées dans des revues en ligne ou pas, accessibles sur abonnement ou pas. Le seul truc qui compte, c’est que le truc te chope, voilà.

Alors c’est la série les villes nombres de Mahigan Lepage, c’est le feuilleton La chambre de Rogojine, par Hélène Sturm, qui s’ouvre dans la revue Hors Sol, c’est ce texte très étonnant de Fabien Claouette sur Nerval.fr, Une épidémie, c’est découvrir aussi cette toute jeune revue web, Mange tes classiques, portée par des anciens d’Ivoix croisés l’année dernière à Brest, et, notamment, ce texte ., signé d’un mec son pseudo c’est Fane voilà ce que donne le truc :

Salut. J’m’en branle. Je cherche un chemin. Pourquoi les gens mangent des cornichons ? Ce qui est chiant quand on commence par le dessert, c’est qu’à la fin il ne te reste qu’un sale goût amer. J’fais comment si y’a plus d’train ? J’fais comment si y’a pas d’calamar à Colmar ? J’suis un peu perdu enfaîte. Les gens d’aujourd’hui ne souhaitent pas la liberté. Déglutis. J’me dis que ça ira mieux quand les poules auront des dents, mais toutes ces pimbêches en ont déjà. Je trouve ça dommage qu’il faille toujours choisir.J’attends. J’aimerais pas être un épinard. Personne ne les aime les épinards, et ceux qui les apprécient, les mangent. J’perds pied. Enfaîte, la liberté, c’est lorsque notre calvaire nous plaît ? Imagine qu’un jour en te réveillant tu te rends compte être devenu un caillou, impossible de changer. J’regarde autour de moi y’a plus rien. Certains préfèrent les échecs aux dames, moi je préfère les demoiselles. J’me demande à quoi ça sert y’a plus rien non plus. Je pense que certains sont bel et bien supérieurs à d’autres, mais seulement par l’ego. J’avance. J’observe. Trois pas en avant deux pas en arrière ça s’appelle avancer aussi. L’artiste a toutes les possibilités que lui offre son art, mais l’art aujourd’hui n’offre pas plus de possibilités qu’un sandwich jambon-beurre. Et si devoir faire un choix était un manque de liberté ? J’fais du théâtre contemporain parfois. J’allonge mes jambes dans le sable parfois. J’regarde les nuages parfois. Mais je me sens pas très contemporain enfaîte, comme à part. C’est marrant comme c’est facile de dire je t’aime quand ce n’est pas sincère. J’emmerde la politique et surtout, j’emmerde l’anarchie. Dieu est mort il ne nous reste plus qu’a manger ces anges. Y’a des gens qui traversent uniquement sur les passages cloutés, ça te fait pas froid dans le dos de savoir ça ? On rêve tous, même si on s’en souvient pas.Comme si je regardais les choses à travers une vitre. Est ce qu’un ingénu est un ingénieur nu ? J’me sens distant. Sans queue ni tête un homme n’est plus rien. Les démons souffrent sûrement du fait de faire souffrir, c’est sûrement pour ça qu’ils font souffrir. Le principe de penser par soi même est beau, ce que l’on a fait de la philosophie l’est moins. J’ai plus envie de regarder ceux qui ne se regardent plus. J’ai plus envie de comprendre ceux qui ne comprennent plus. Une fois on m’a dis tes démons sont mes anges.Passer du coq à l’âne c’est pas un peu zoophile ? Y’en a marre de tous ces gens à qui leur vie c’est un vrai cauchemar et ces enfoirés font de la rue un putain de nid à cauchemars. De toute façon l’endroit ne compte pas.Le bonheur n’existe pas. Imaginez le. Y’en a marre. Y’en a marre putain. Y’a que trois sortes de personnes : ceux qui souffrent, ceux qui s’ennuient et ceux qui font de leur vie un chef d’œuvre. Pourquoi tout ça ? J’ai pris le bus.

Derrière, embarquée, la bande-son, ça s’appelle toujours The World Is A House On Fire.

Merde : deux 17h34 ont sauté dans l’SD card de la mémoire machine : ceux du 11 et 12 juin : va falloir les reprendre lundimardi je vois que ça, le tout en plus des 17h34 de ces jours propres : ça veut dire des doublons.

Timide reprise de mondeling après l’avoir laissé tiédir. Quasiment sûr devoir réduire à 24 fragments. Les nominés pour disparaître sont réveillon, le silence, la neige, mode d’emploi.

Mueller (406 mots) :

Samot & ses corps se sont fait refouler à l’orée
de la forêt de pins car les réponses marmonnées,
murmurées ou vomies par la bouche de Mueller nez
à nez à la bouche de cet hommeoufemme nommé Cyan
n’ont pas été satisfaisantes. La pointe en verre
de l’arbalète en verre brille encore dans le cou
de Mueller. Les corps marchent plantes nues. Iav
Samot les suit à l’autre bout du crin. Des bras,
ceux de Mueller, pendent autour de lui, Mueller.
Ses plantes nues, elles aussi, piétinent l’humus
humide & moite & des insectes mous qui palpitent
en-dessous. Bientôt, la pointe en verre de cette
arbalète en verre aura disparu & bientôt, l’aube
sèche fondra sur leurs épaules calcaires & nues.

Mueller voit tournoyer devant ses yeux les mots,
les sons, les phrases crachés par sa bouche, là,
en bas de la falaise, sur la plage, lorsque Cyan
le garde-frontière lui a pointé entre les yeux &
les sourcils une arbalète en verre. Est-ce de sa
faute s’il a répondu sincèrement ? Nul besoin de
revenir en arrière dans le temps. Nul besoin car
cette plage jonchée de sable tiède n’est pas une
plage, c’est un daid’hendel, comme le disent les
vieux près de la rivière Koak. Un daid’hendel, à
l’origine, cela désignait les fleuves inversés :
ceux qui proviennent de la mer & qui se jettent,
en altitude, dans une source souterraine. Marins
& pêcheurs empruntant l’un de ces fleuves, selon
le sens du courant, se retrouveraient forcément,
un jour ou l’autre, à sec. Voilà ce que c’est un
daid’hendel, un endroit d’où on ne peut plus que
faire demi-tour. Mais Cyan n’est ni un fol ni un
barbare, pense Mueller les cailles de ses doigts
sur les cailles du crin dur : il aurait pu & les
abattre & les vendre mais il ne l’a pas fait. Il
aurait pu exiger un bakchich musculaire. Mueller
en est conscient & lui en est gré. La frontière,
après tout, est gardée par un officier juste. Le
Cap, quelque part, sait apprécier la justesse de
son adversaire. La terre qui s’étend derrière sa
frontière est une terre inconnue, sans aucun nom
pour la nommer, raison pour laquelle Mueller, le
crin de sa corde & les corps entravés le long de
la corde se préparent à contourner cette terre &
cette plage par le nord, escaladent les talus de
la forêt de pins, avancent en silence à 4 pattes
sur des tapis d’aiguilles sèches. Du sang perle.


samedi 15 juin 2013 - mercredi 15 mai 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)