À l’ordinaire, j’arrive tard, vingt ou trente minutes, guère davantage, avant le début officiel de la partie, quand le vestiaire est déjà plein, obligé de serrer les mains de ceux assis sur le banc, en train de se déshabiller, quasiment prêts eux, vérifiant discrètement la composition de l’équipe affichée sur la porte, la présence ou l’absence de ceux avec lesquels on préfère jouer — une question d’humeur, d’accointance —, ceux avec lesquels on a quelque chance de gagner, ceux avec lesquels on est presque certains de perdre, mais qu’on salue malgré tout avec la même bonne humeur, la même égale bonne humeur qui circule toujours dans les vestiaires puisque le sport se doit d’être une parenthèse, un lieu clos, étanche, un aquarium débarrassé de ce qui lui est à priori étranger, sphères privée et publique laissées à la porte, dans l’absolue nécessité d’être concentrés sur l’essentiel, de rendre important ce qui, à la minute, ne l’était pas : la partie. Le jeu devenu non plus le réceptacle de l’insouciance, du divertissement mais son contraire, vers où doivent converger tous les efforts, toute l’attention possibles pour s’y livrer nus et vierges, sans passé, sans attache. Le vestiaire serait le sas indispensable, le lieu de transition par où s’arracher à la vie antérieure (comme si ça n’avait pas déjà commencé) et se dépouiller de son visage social, un endroit dont la fonction ne tient pas seulement au fait de revêtir une tenue adéquate mais à celui de se rendre disponible, à épurer l’esprit et à préparer le corps au rituel qui se déroulera plus tard, à l’extérieur. 

Jean-Pierre Suaudeau, La partie, Publie.net 

Nous sommes trois. Investissons un premier étage pour une perquisition. Repartirons deux heures plus tard quelques classeurs de compta sous les deux bras (nous sommes le fisc sans doute).

Kima, d’une traite à l’oloé. Cette phrase : « Et dire que toutes ces années, on a eu peur des robots… » Prolongé cette histoire de singe-photographe par la suite. Des mots comme Gorilla Art et les animaux non-humains.

Échange avec le Morse au sujet de la couverture du Transoxiane un. Ça approche.


vendredi 31 octobre 2014 - vendredi 3 mai 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)