Sur un post-it la liste des courses mentionne
des poumons. Je prends une seconde pour cogiter. C’est H. qui a écrit ce mot et j’essaye de comprendre. C’est un truc de covideux ? Dés ? Quand j’écris covidés, je pense aux corvidés. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Mais là non. Ou alors : fallait-il comprendre ça sur un plan métaphorique ? On a besoin de respiration ? D’un bon bol d’air ? Difficile avec un masque, d’autant que ce masque, l’un des deux offerts par la mairie de Paris, en tissu donc, grand public quoi, sent. Il est neuf, je viens de le mettre, mais il sent. Bon, on fait vite abstraction, mais quand même. Je n’ai pas de trouvé de poumons à Auchan (ou Fauchan comme l’écrit Sébastien Doubinsky dans La comédie urbaine, roman sur lequel je travaille cette semaine), mais par contre un pavé des copains dans la partie boulangerie, sans doute un plagiat éhonté du pain des amis de Christophe Vasseur ; de toute façon, je ne mange plus de pain. Pas de poumons non plus : il fallait lire poivrons (j’en ai pris). C’était du reste parfaitement lisible (de nous deux, celui qui écrit mal, c’est moi), c’est donc que le désir de mécomprendre ou de biaiser la réalité vient de moi à la base. Là, on se retrouve à remonter l’avenue Daumesnil pour aller quelque part. Chez quelqu’un. Première fois depuis mi-mars que je vais chez quelqu’un, en ce qui me concerne, et en réalité que je vois quiconque n’étant ni moi ni H., en l’occurrence T., E. Tout ce que j’ai envie de leur dire, c’est que j’ai pas envie de les tuer. Je le fais. Je veux dire je le leur dis. C’est une de ces soirées cool au cours de laquelle quelqu’un dit c’est dystopique as fuck. Et de toute évidence, c’est le cas.